[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Jeu 03 Juin 2021, 19:06

Pas mal. :eheh:
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Chasse - Cruising (La) - 6/10

Messagepar Alegas » Ven 04 Juin 2021, 10:05

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Cruising (La Chasse) de William Friedkin
(1980)


Quand Friedkin parle de Cruising dans son autobiographie, on sent qu’il est source d’un paquet de déceptions : entre le fait que le film ait été condamné avant même sa sortie, que les coupures ont été nombreuses pour obtenir un classement autre que X, et que Al Pacino s’est désolidarisé du projet au point de ne plus l’évoquer par la suite, tout ne s’est pas passé comme Friedkin l’aurait voulu. Le problème, c’est que ça se ressent pas mal sur le film en lui-même. L’intention est pourtant louable : Friedkin souhaitant transposer un polar classique (un flic s'infiltre dans un milieu pour pouvoir identifier puis capturer un tueur en série) dans le contexte des boîtes gays SM de New-York de la fin des années 70, ça a de quoi attiser la curiosité, mais malheureusement le résultat est loin d’égaler celui de French Connection (nul doute que Friedkin, après Sorcerer, avait besoin de refaire un succès public et critique, et donc de se rapprocher de ses anciennes réussites).

Le film a beaucoup de qualités, notamment en termes d’ambiance : le New-York poisseux de l’époque est très bien retranscrit, ça n’hésite pas à aller loin dans la violence, et les passages dans les boîtes SM ont dû en choquer plus d’un à l’époque (on a beau ne rien voir, on a quand même des plans qui explicitent bien certaines pratiques comme le fist-fucking). Malheureusement, tout ça est au service d’une histoire qui ne décolle jamais : on suit Pacino qui infiltre le milieu, mais on est jamais vraiment impliqué dans le contexte. L’écriture du personnage se limite au minimum syndical : on a jamais ses motivations profondes, il est ok pour traquer un tueur en prenant une nouvelle identité et avec un seul autre flic qui connaît la vérité, mais on ne sait jamais pourquoi il fait ça. Et l'infiltration en elle-même n’est pas des plus palpitantes : quasiment pas de tension, Pacino n’est que rarement en danger, et surtout on a zéro indication sur le temps que dure l’opération, ça pourrait aussi bien être plusieurs mois que quelques jours, c’est clairement raté de ce côté là.

La fin aussi est très mal gérée : Friedkin a l’air de vouloir dire que Pacino est le tueur, mais ça sort vraiment de nulle part et on voit bien que ça a été pensé au dernier moment (ce n’était pas dans le script d’origine, Friedkin a inventé ça dans la salle de montage, et c’est l’une des raisons qui explique le désamour de Pacino pour ce film). Je ne suis pas convaincu non plus par la storyline avec Karen Allen, ça veut apporter une stabilité au personnage principal mais là encore c’est pas bien écrit et ça pourrait être viré du métrage sans que ça ne gêne vraiment l’histoire. Au final, je retiens surtout tout ce qui participe à l’ambiance : les passages dans les boîtes évidemment, mais aussi ceux à Central Park qui sont bien glauques. D’ailleurs, c’est durant ces scènes que Friedkin offre le meilleur de sa mise en scène : le face à face avec le tueur est un joli morceau, mais malheureusement il est au milieu d’un film que je trouve très quelconque en termes de réalisation, on sent que Friedkin a perdu le feu sacré qu’il avait encore quelques années auparavant. Un film intéressant à bien des égards donc, notamment sur son ambiance assez hardcore, mais ça reste tout de même un Friedkin mineur.


6/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Jed_Trigado » Ven 04 Juin 2021, 11:46

Il est bien dommage que l'unique version qui circule officiellement depuis la sortie dvd est bidouillée, que ce soit le montage bien roublard a la Bill et quelques moments où la colorimétrie est trafiquée grossièrement (la scène où Pacino danse dans le club avec la lumière qui change d'un coup, c'est gros comme une maison).

Ça fait des années que j'essaye de mettre la main sur le theatrical cut qui n'existe qu'en vhs, je pense que le résultat doit valoir le détour.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Ven 04 Juin 2021, 13:08

Il y a un descriptif existant de ce qui change entre les deux versions ?

Moi ce que j'aurais aimé voir, c'est le tout premier montage du film que décrit Friedkin dans son bouquin et qui a fait pâlir le mec censé lui accorder le rating pour la sortie en salles. Il a l'air de dire que ce qui a été enlevé correspond uniquement à des scènes hardcores dans les boîtes, mais je me doute qu'il doit y avoir des éléments scénaristiques qui permettraient au film d'être moins déconstruit dans sa structure.

Mais si ça se trouve, tout ça a été détruit depuis le temps.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Jed_Trigado » Ven 04 Juin 2021, 13:27

Alegas a écrit:Il y a un descriptif existant de ce qui change entre les deux versions ?

A ma connaissance non, d'où mon envie de voir ce montage d'origine
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De bruit et de fureur - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Juin 2021, 14:13

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De bruit et de fureur de Jean-Claude Brisseau
(1988)


Un film intéressant que voilà, notamment dans sa façon de dépeindre les banlieues françaises de l’époque. Ici, on oppose une vision assez réaliste avec un aspect plus auteuriste, plus poétique, mélange qui marche vraiment bien pour le coup à travers un personnage principal qui n’hésite pas à s’évader dans des visions ouvertement fantastiques. Ces visions ne sont d’ailleurs jamais concrètement expliquées, et ce n’est pas plus mal : tout justifier amoindrirait probablement l’impact de ces dernières, et c’est aussi le fait de ne pas avoir toutes les clés en main (même si certaines choses peuvent être devinées, on se doute qu’il y a notamment un rapport avec l’envie de liberté ou les premiers émois sexuels) qui font que ces visions en deviennent plus marquantes. C’est étonnant de constater que malgré les différences de traitement, le film répond à d’autres films sur le même sujet tournés avant ou après : on y retrouve l’enfance paumée au milieu des tours du Terrain vague de Marcel Carné, mais aussi l’envie de s’évader de ce milieu qui condamne ses habitants comme dans La Haine.

Le mélange que concocte Brisseau ne fonctionne pas toujours : à plusieurs reprises son film sonne faux dans ce qu’il tente de représenter, je pense notamment au personnage de Bruno Cremer dont le côté bigger than life est beaucoup trop prononcé par rapport au reste (le coup du couloir utilisé comme stand de tir jusqu'à ce que le mur cède pour laisser apparaître le voisin :eheh: ), mais même dans ses défauts il y a de belles choses qui ressortent (le vieux père mourant dans l’appartement de Cremer). L’aspect violent du film a forcément vieilli, mais ça va quand même loin par moment : difficile de voir venir le final où on cumule viol à plusieurs en pleine cité puis règlement de compte à l’arme à feu. Je ne suis pas complètement convaincu par la direction d’acteurs qui souffle le chaud et le froid selon les passages, mais par contre j’aime bien le parti-pris de Brisseau en termes de mise en scène : on sent que sa caméra en grande partie statique n’est pas une paresse, mais bien une façon de signifier que les personnages sont prisonnier du cadre comme ils peuvent l’être de leur cité. Pas un grand film à mes yeux, mais c’est clairement intéressant dans son approche.


6,5/10
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Stereo - 1,5/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Juin 2021, 18:32

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Stereo (Tile 3B of a CAEE Educational Mosaic) (Stereo) de David Cronenberg
(1969)


Critique express avant que je n’oublie complètement le film (ce qui ne saurait tarder :mrgreen: ). C’est toujours difficile de juger un film expérimental, même quand c’est un réalisateur reconnu derrière, et que l’on peut donc relier des points thématiques ou formelles avec ses œuvres futures, c’est un exercice quelque peu délicat. C’est donc le premier long-métrage de Cronenberg (même si en termes de durée c’est le minimum syndical, on pourrait très bien considérer ça comme du moyen-métrage), et c’est… nul, n’ayons pas peur des mots. Je ne sais pas trop ce qui se passait dans la tête du réal à cette époque, mais là où on pourrait logiquement s’attendre à un film simple et carré pour trouver ensuite des financements pour d’autres films, Cronenberg préfère livrer un truc complètement arty, le genre qui ne dénoterait pas en projection dans un musée d’art contemporain.

Déjà, formellement c’est tellement fauché que Cronenberg tourne sans son (mais il arrive quand même à se payer un hélicoptère pour les deux premières minutes :eheh: ). Pendant une heure de film, on a donc seulement des images avec des voix-off par-dessus, zéro musique ou effet sonore, et j’ignore si c’est une volonté de Cronenberg mais ça ne fait que débiter des monologues scientifiques en rapport avec une expérience que sont censés connaître les personnages du film, mais même avec tous les efforts du monde, impossible de relier ce qu’on me racontait et ce que je voyais. Globalement, le mot chiant résumerait bien l’ensemble du métrage, j’ai eu beau trouver quelques plans visuellement sympathiques ça n’a clairement pas suffi à prendre le pas sur l’ennui que provoquait le reste. Et puis au final, il y a un peu l’impression d’avoir assisté à un truc qui ne raconte rien, et qui dure quatre fois trop longtemps. Thématiquement, il y a déjà des aspects de Cronenberg qu’on retrouve déjà, entre l’univers très froid, une histoire d’expérience sur le corps humain (il est déjà question de télépathie, Scanners avant l’heure), ou la sexualité mise en avant (ce qui permet d’admirer le temps de quelques secondes une jolie blonde qui est le seul membre du casting que je retiendrais :mrgreen: ), mais là encore ça ne suffit pas à faire un film. A réserver donc aux fans hardcore du réalisateur, le reste risque de se faire chier sévère.


1,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Dim 06 Juin 2021, 18:57

Putain celui-là et Crimes of The Future, c'est top 10 des films les plus chiants ever.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Dim 06 Juin 2021, 19:21

J'ai maté Crimes of the future il y a quelques heures, effectivement c'est encore un cran au-dessus niveau chiantitude.
J'aurais été prod à l'époque, je n'aurais jamais filé mon fric à un réal pareil. :eheh:
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Crimes of the future - 0,5/10

Messagepar Alegas » Lun 07 Juin 2021, 11:38

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Crimes of the future de David Cronenberg
(1970)


Second moyen/long-métrage de Cronenberg, et globalement je pourrais en écrire plus ou moins la même chose que Stereo, en précisant quand même que celui-là est encore plus chiant. Sur un pitch intriguant sur le papier, le réalisateur livre à nouveau un truc expérimental à peine regardable : on gagne de la couleur et un peu de son par rapport à Stereo, mais on reste quand même devant un truc qui ne raconte rien, ou alors qui le fait très mal. Encore une fois, on a de la voix-off explicative d’une expérience ou de théories, sur des images qui donnent l’impression de ne rien à voir avec ce que l’on nous dit. Très franchement, j’ai beaucoup de difficultés à trouver quelque chose à sauver de cette torture filmique, car autant Stereo je trouvais certaines choses intéressantes en termes de mise en scène, autant là j’ai bien eu de mal à retrouver du Cronenberg devant cette caméra à l’épaule mal branlée. Reste donc quelques bouts de script qui annoncent le Cronenberg des prochaines années, notamment tout ce qui concerne la mutation/manipulation génétique du corps humain, mais comme pour Stereo ça ne suffit pas. Du coup, l’annonce du possible remake par Cronenberg himself part au moins avec un bon point : vu l'original, il ne peut que faire mieux.


0,5/10
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Lolita malgré moi - 7/10

Messagepar Alegas » Lun 07 Juin 2021, 15:05

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Mean Girls (Lolita malgré moi) de Mark Waters
(2004)


J’étais vraiment pas chaud à la base pour ce film, entre l’affiche, le casting entièrement féminin, le pitch, et le fait que j’ai subi Clueless quelques mois plus tôt, on peut même dire que ça partait assez mal :mrgreen: . Mais surprise : Mean girls se révèle très sympathique. J’en parlerais pas comme un grand film, ça c’est certain, mais néanmoins, à l’inverse de Clueless, je peux comprendre qu’on adhère complètement au film, et je comprends aussi le petit culte qu’il connaît depuis sa sortie : c’est du pur film générationnel. L’histoire est très simple, et on pourrait dire vue et revue vu que ça reprend beaucoup de codes du teen movie : une ado se retrouve dans un nouveau lycée et va découvrir comment marche les différents clans d’élèves, tout ça pour déboucher ensuite sur un message prônant la diversité et la tolérance.

Néanmoins, le fait d’avoir cette histoire particulièrement bien mise dans le contexte du lycée du début des années 2000 marche complètement, et bien que ça reste très codifié c’est agréable de voir comment le film va déconstruire chacun des profils sur lesquels il va se pencher. Il y a en plus un petit côté film d’infiltration qui marche bien, ça reste sommaire mais ça apporte un côté ludique à l’ensemble qui fait que ça se suit sans ennui. La mise en scène a beau faire le minimum (avec quelques idées tout de même, genre la conversation téléphonique qui crée un split-screen à chaque fois que quelqu’un se rajoute), et les ficelles de l’écriture ont beau être grosses, ça reste quand même un divertissement générationnel plutôt cool qui doit beaucoup à son casting : c’était l’époque où Lindsey Lohan était toute mimi :love: , et on a Rachel McAdams et Amanda Seyfried dans des rôles bien funs (Seyfried qui fait la teubé, ça m’a bien fait marrer pour le coup :eheh: ). A noter que le film va assez loin par moment, sérieux le coup du bus dans le genre complètement inattendu ça se pose là :shock: :eheh: . Je m’attendais vraiment à pire dans le genre girly; et au final c’est une comédie que je serais même ok pour la revoir à l’occasion.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Lun 07 Juin 2021, 18:28

Générationnel je sais pas. En tout cas plutôt dans le sens "à regarder quand t'as 17 ans" plutôt que "si t'avais pas 17 ans en 2004 tu passe à côté". J'pense que dans dix ans il se regarde encore avec plaisir. Tina Fey à l'écriture, ça joue beaucoup. Les dialogues sont quand même savoureux et dans le genre teen-movie c'est ni mielleux ni gras, c'est pas si courant. :super:
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Father (The) - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Juin 2021, 11:28

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The Father de Florian Zeller
(2020)


C’était bien, mais je m’attendais quand même à mieux vu tout le bruit fait autour. De la totalité des films nominés aux Oscars 2021 qu’il me restait à voir, c’était celui qui me tentait le plus, et autant j’y ai trouvé mon compte sur la plupart des aspects, autant je suis resté assez hermétique par rapport à tout l’aspect émotionnel, ce qui est d’autant plus surprenant qu’un sujet pareil avait de quoi me parler. Pour un premier film, c’est très solide. Alors certes, on voit que le réalisateur vient du théâtre, mais ça ne l’empêche pas d’adapter correctement sa propre pièce pour un format cinéma. La construction narrative est très réussie, idem pour le montage qui va brouiller les pistes : tout le postulat du film est d’être dans la tête d’un vieil homme qui perd peu à peu ses repères, et du coup d’un plan à l’autre on peut se retrouver des mois plus tard sans prévenir, avec des personnages différents, des identités qu’on finit par remettre en question alors qu’elles nous ont été présentées quelques minutes auparavant. Tout ce côté immersif est le gros point fort du métrage, j’ai pas souvenir d’un équivalent qui chercherait à nous mettre dans la tête d’un homme atteint d’Alzheimer (il y a bien Still Alice, mais qui n’a pas autant un point de vue subjectif), et ça donne au film un côté puzzle mental dont on perdrait les pièces au fur et à mesure qu’on avance, et où on doit accepter le fait qu’on arrivera jamais à reconstituer complètement la vision d’ensemble.

Le souci, c’est que toute cette mécanique bien huilée m’a donné l’impression d’un film plus froid qu’il ne devrait l’être, et qui fait que je n’ai que rarement réussi à m’impliquer émotionnellement dans ce qu’on me racontait. Ça n’empêche pas le métrage d’être réussi, mais du coup j’ai du mal à y voir un grand film, même si je peux comprendre qu’on puisse être touché par ce ça raconte (en quelques jours, je connais déjà trois personnes de mon entourage qui étaient en larmes au générique de fin). Le fait que j’ai vite deviné où le film se dirigeait n’a sûrement pas aidé, pour moi il y avait peu de doutes sur comment le personnage d’Hopkins allait terminer. On a beaucoup parlé de la prestation de l’acteur sur ce film, et à raison. C’est pas sa meilleure prestation, mais ça fait clairement partie des réussites de sa carrière : on oublie Hopkins, et on voit juste un vieil homme en perte de repères. Olivia Colman confirme tout le bien que je pense d’elle, en peu de temps elle arrive à faire passer beaucoup d’émotion et de frustration contenue. Niveau mise en scène, c’est pas fou mais le sujet demande justement quelque chose de discret. Ça arrive quand même à être très soigné, et le côté brillant de la réalisation vient plus de la construction des scènes que la caméra à proprement parler. Un premier film encourageant donc, qui marque ce qui est possiblement le dernier grand rôle d’un sacré acteur.


7/10
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Promising young woman - 1/10

Messagepar Alegas » Mar 08 Juin 2021, 16:54

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Promising young woman de Emerald Fennell
(2020)


J’avais très envie de faire une critique du film directement après être revenu du cinéma, mais je me suis dit que ce serait sûrement plus sage de laisser reposer, d’autant que ça faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas autant énervé. Alors clairement, c’est pas un film dont j’attendais beaucoup : la promo en mode “on vend le nouveau grand film féministe” m’avait bien gonflé, mais je me disais que, comme souvent, la promo foirée pouvait cacher quelque chose de plus intéressant. Monumentale erreur : c’est un film aussi creux et vain que ne le laisse paraître le trailer, et ça tombe à de très nombreuses reprises dans le féminisme de bas étage. Globalement, j’ai eu l’impression de voir un film écrit par ou pour les social justice warriors de Twitter et autres réseaux sociaux, tant on y retrouve cette absence totale de subtilité, où on se contente d’asséner le discours aussi fort que possible, et évidemment sans proposer quelque chose derrière qui amènerait à la réflexion. C'est du film féministe qui aurait pu être écrit par Virgine Despentes.

Qu’un tel script puisse gagner un prix prestigieux me choque au plus haut point : c’est littéralement un film qui se contente de dire que tous les hommes sont des connards. Seuls deux personnages échappent à cette règle : l’un était un connard avant mais se repent à genoux devant l’héroïne en chialant et est donc excusé avec un geste de la main (moment bien subtil donc), l’autre est un flic qui, du coup, agit par rapport à sa fonction. Tout le reste des personnages masculins sont soit des violeurs, soit des complices de violeurs en choisissant de détourner le regard, soit des potentiels violeurs, une vision tout en nuance. Alors oui, le film en met aussi une sacrée couche sur les femmes complices, mais au moins il y a des contrepoints comme la collègue dans le café qui montrent qu’une alternative est possible, mais visiblement ce n'est que du côté féminin que ça existe. Et comme si ça ne suffisait pas, on nous montre bien aussi que les hommes sont des lâches et des idiots en puissance : une strip-teaseuse tente de tuer le futur marié à son enterrement de vie de garçon, le mec la tue par légitime défense, et le premier réflexe c’est de brûler le corps pour dissimuler le meurtre ??? :shock: :shock: :shock: WTF ??? :shock: :shock: :shock: Alors autant côté écriture je pourrais dire, malgré la connerie abyssale du propos, que ça se tient pendant la première moitié, autant la dernière partie ça accumule les facilités grossières pour aboutir sur un final bien con (le coup du SMS qui arrive pile poil au moment où les flics arrivent, il y a sérieusement des gens qui écrivent encore des trucs pareils de nos jours ? :shock: Idem pour le coup de la vidéo du viol que tout le monde avait sur son téléphone ou son ordinateur, mais PAS UN SEUL élève n’a pensé que ça serait bien de prévenir un adulte :lol: ).

Puis bon, globalement le point de vue du film est hyper limite : que le film prenne comme point de vue une femme obsédée par sa vengeance est une chose, mais qu’elle vire complètement psycho et qu’on continue à justifier ses actes au point de laisser entendre qu’elle a bien eu raison de faire ça, c’est chaud (et on récompense ça d’un Oscar pour la posture :eheh: ). Surtout qu’à côté de ça le film relève à plusieurs moments des points intéressants : face à la quête de vengeance jusqu'au boutiste de l’héroïne, des personnages secondaires viennent tenter des arguments qui se tiennent. Quid de la présomption d’innocence face à une accusation grave ? Est-ce qu’il faut punir de la même façon un adolescent et un adulte pour un même délit ? Mais dès que ces questions arrivent, c’est balayé d’un revers de la main avec l’héroïne qui vient faire un chantage affectif pour désamorcer la situation. Un film qui pointe du doigt en hurlant, mais qui n’apporte rien derrière en somme.

Et là, je ne parlais que de ce qui m’a énervé dans le propos et son traitement idiot, mais même dans les autres aspects le film n’a pas grand chose pour lui. Formellement, c’est assez insignifiant, ça tente de faire des beaux plans mais ça n’a rien à dire avec, les choix de musiques sont affreux (le Toxic de Britney Spears rejoué au violon, seriously ? :lol: ), il y a des passages qui font vraiment amateur (tout le passage avec Molina j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de plans où le point n’a pas été fait, dans le genre erreur de débutant ça se pose là) et puis globalement tout l’équilibre que souhaite avoir le film entre thriller/pseudo-horreur/comédie romantique ne marche pas du tout. Du coup, de ce ratage intégral, je ne sauve que le casting, mais vu qu’ils sont au service d’un script mal écrit et de personnages qui n’existent que pour être des fonctions, ça ne sert pas à grand chose. Genre Mulligan je ne peux pas dire qu'elle est mauvaise, mais son personnage est tellement insupportable que je ne peux pas apprécier sa prestation objectivement. Probablement le pire film de l’année, en tout cas il faudrait faire fort pour le détrôner.


1/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Danette » Mar 08 Juin 2021, 17:05

Pas mal d'éléments avec lesquels j'ai dû mal à être d'accord. Tu dis que tous les hommes sont accusés, sauf deux. Mais qu'en fait les femmes aussi sont complices, sauf une. Et tu en conclues que seuls les hommes sont visés.
Je pense que le film n'est effectivement pas subtil et ne cherche pas à l'être : mais ce qu'il dit, c'est que la société crée un système où tout le monde (hommes, femmes) ferme les yeux et se rend complice. Des exceptions peuvent exister (à noter que l'amie du café n'est pas réellement "testée" de ce côté-là ; elle n'a pas un rôle où elle doit prendre position ou prendre une décision vis-à-vis de tout ça), mais c'est le résultat que le système produit.
Je ne dis pas que c'est vrai, que ce n'est pas discutable, mais ça me semble être la thèse du film. Plus que "les hommes sont complices" ; ça c'est une vision pour le coup assez masculine qui se sent visé et outré parce qu'accusé alors que... Non, pas plus que les autres.

Par rapport à la réaction suite au meurtre (brûler le cadavre), idem ; ce n'est probablement pas la meilleure réaction (il y avait moyen d'agir autrement) mais c'est loin d'être une option insensée. Et surtout, partir du principe que deux types, un qui vient de tuer quelqu'un et a passé la nuit attaché au lit, à côté du cadavre, et l'autre qui s'est fait droguer et vient de se réveiller, vont prendre la meilleure décision ne me paraît pas non plus censé. Ils sont au milieu de nulle part, ils ont prouvé auparavant dans le film (via les menaces pour faire taire Nina) que les scrupules n'étaient pas au programme, donc ils font disparaître le cadavre "comme dans les films". Et c'est mal fait, parce que ce ne sont pas des tueurs pro. Rien de spécialement alarmant ou anormal à mon sens.

Pour le réalisme des faits (vidéos du viol qui aurait circulé), j'ai dû mal à mettre des limites à ça parce qu'il me semble que c'est inspiré de plusieurs faits réels dans des universités aux USA. Je n'ai pas le détail mais du coup, dans le doute, je peux difficilement dire "c'est impossible" si quelque chose du genre a effectivement eu lieu.
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