[Alegas] Mes Critiques en 2021

[Alegas]

The Witches (Les Sorcières) de Nicolas Roeg
(1990)

Pas mal du tout cette adaptation de Dahl, c’est typiquement le genre de film que j’aurais adoré voir gamin, et même en le découvrant plus tard ça fait carrément son effet. Je n’ai pas lu l’ouvrage d’origine, mais je retrouve complètement l’univers de Dahl, ce mélange d’innocence avec quelque chose de bien plus cruel, et si on rajoute en plus la patte visuelle des divertissements 80’s ça donne un divertissement carrément recommandable. Sur le papier, ça aurait pu donner un film juste pour les enfants, mais ça arrive justement à trouver un bel équilibre avec une noirceur assez prononcée par moment, c’est pas le genre de film à montrer aux tout-petits sous peine de les marquer à vie, que ce soit via la scène où les sorcières se dévoilent (superbe maquillage d’Anjelica Huston où on sent la patte de Jim Henson) ou les transformations en souris.

Du coup, ça a beau avoir une histoire assez basique, et racontée sans réels éclats de mise en scène, ça reste quand même hyper agréable à suivre, et ça doit je pense beaucoup au charme que le film dégage constamment, entre sa naïveté, son casting où chaque gueule correspond au personnage (Rowan Atkinson !) et où les effets pratiques font plaisir à voir (les souris qui parlent sont adorables ). C’est typiquement le genre de métrage où mêmes certains défauts de fabrication participent au charme de l’ensemble : qu’importe si certains effets vieillissent ou si certaines sorcières dans le fond du cadre s’avèrent être des hommes, ça donne un cachet indéniable, celui d’un petit film sans prétention qui cherche à raconter le mieux possible son histoire. Un divertissement de qualité, le genre que j'aimerais montrer à mon futur marmot, à ranger parmi les quelques adaptations réussies de Dahl. Maintenant, va falloir que je découvre la nouvelle adaptation de Zemeckis, même si je sens le truc bien plus aseptisé et commun.

7/10

[angel.heart]

Je l'avais découvert en primaire, après avoir lu le livre, ça avait fait son effet.

Revu depuis que je suis fan du réal et ça passe toujours très bien.

T'as vu d'autres Roeg? Je me souviens plus...

[Val]

Perso, je suis toujours aussi interloqué que quelqu'un ait eu l'idée de confier un film pour enfants à Nicolas Roeg.

Le film a un "je ne sais quoi" d'extrêmement malsain, qui vient peut-être de la beauté étrange de Anjelica Huston (je suis convaincu que c'est en la voyant dans ce film que Sonnenfeld a pensé à elle pour Morticia Adams), ou du côté "over the top" du film et de son interprétation.

Rien que l'arrivée du petit Bruno au congrès des sorcières vaut son pesant de cacahuètes :



Les sorcières jouées par des hommes travestis, Anjelica Huston qui semble à deux doigts de jouir, c'est discret mais ça rend cette scène définitivement malaisante et réussie.

[Alegas]

T'as vu d'autres Roeg? Je me souviens plus...

Non, c'est le premier !
Je n'aurais jamais entendu parler du lui, j'avoue que je ne serais pas spécialement tenté d'en découvrir d'autres car niveau mise en scène, Witches est extrêmement rudimentaire, mais le fait est que ça fait plusieurs années que j'entends parler de ce réal, et je serais curieux de voir ce qu'il a fait d'autre (j'ai cru comprendre que Witches est à part dans sa filmo).

[Val]

Je pense que tu peux tenter Bad Timing, ça peut te plaire.

[Mark Chopper]

j'avoue que je ne serais pas spécialement tenté d'en découvrir d'autres car niveau mise en scène, Witches est extrêmement rudimentaire

Pas vu celui-là, mais je trouve qu'il sait poser une ambiance.

[Mr Jack]

T'as jamais vu Don't look back, Alegas ?

[Alegas]

Et non.
Mais ça viendra un jour, c'est clairement un réal dont j'ai l'intention de voir ses films les plus réputés.

[Alegas]

Fitzcarraldo de Werner Herzog
(1982)

Le meilleur film d’Herzog que j’ai pu voir jusqu’ici, et j’avoue que je regrette un peu d’avoir loupé l’occasion de le découvrir dans une salle de cinéma il y a quelques mois, car un grand écran se serait très bien prêté à ce film. Dans le genre projet dingue, ça se pose là : l’histoire d’un illuminé qui veut construire un opéra au beau milieu de la jungle amazonienne, et qui, pour trouver les fonds nécessaires, va tenter d’exploiter une réserve de caoutchouc que personne n’arrive à atteindre, notamment en faisant traverser son bateau d’un fleuve à l’autre, alors que la jungle et une montagne se dresse entre les deux. Un film sur la démesure donc, et auquel Herzog décide d’adapter son tournage en fonction de ce que va vivre son personnage principal : prises de vues en pleine jungle donc, mais aussi et surtout ce fameux bateau remonté à flanc de montagne pour de vrai .

Le résultat est assez incroyable à regarder et a probablement peu d’équivalent dans l’histoire du cinéma, un film sur un homme fou, réalisé par un homme sûrement tout aussi fou. Visuellement donc, on en prend plein la tronche, entre la véracité de ce qu’on nous montre à l’écran (à l’exception de quelques plans avec maquettes sur la séquences des rapides), l’atmosphère qui se dégage de la pellicule, et ces plans aussi absurdes qu’épiques (les arbres immenses se fracassant au sol ou dans le fleuve, la découverte des autochtones sur leurs pirogues, le bateau qui grimpe lentement la montagne), Herzog livre un sacré spectacle de cinéma. Côté script, même si j’avoue ne pas accrocher complètement à la fin (au lieu de quelque chose versant dans l’optimisme, j’aurais préféré voir le héros se brûler les ailes et ne pas s’en remettre, puni par la jungle et son peuple d’avoir voulu violer ses ressources), j’ai été agréablement surpris par le fait que ça reste un récit très simple qui se contente de dire le strict minimum. A l’exception du personnage de Claudia Cardinale, c’est vraiment un film qui mise tout sur Kinski, et ce dernier porte clairement le film sur ses épaules, au point qu’on en vient à être dans l’impossibilité d’imaginer quelqu'un d’autre pour l’interpréter (Jason Robards était initialement prévu, avant d’être remplacé au bout de quelques jours pour cause de maladie, nul doute que le film n'aurait pas eu la même intensité avec lui).

Le film met un peu de temps à démarrer, mais une fois que le voyage est lancé c’est passionnant à suivre, les 2H30 passent très bien. Sinon, je suis pas super convaincu par la version originale allemande, qui me donne cette même impression désagréable qu’un paquet de films italiens où chacun des dialogues sont refaits en post-prod, ajouté au fait que ça fait bizarre de voir tout le monde parler allemand dans le trou du cul de l’Amazonie. Le jour où je reverrais le film je serais curieux de voir si ça passe mieux avec une version anglaise, voire française, pour voir si ça passe mieux. Un film que j’aurais du mal à qualifier de grand film ou de chef-d'œuvre, mais c’est clairement un métrage unique en son genre, et dont la démesure joue beaucoup dans son côté fascinant (la même histoire tournée avec des trucages perdrait complètement son intérêt).

7/10

[pabelbaba]

6 à Kikujiro, 7 à celui-là, je commence à percevoir ce qui nous sépare sur SW8.

[Mark Chopper]

Tu as vu Ennemis Intimes, A7egas ?

[Val]

Sinon, je suis pas super convaincu par la version originale allemande, qui me donne cette même impression désagréable qu’un paquet de films italiens où chacun des dialogues sont refaits en post-prod, ajouté au fait que ça fait bizarre de voir tout le monde parler allemand dans le trou du cul de l’Amazonie. Le jour où je reverrais le film je serais curieux de voir si ça passe mieux avec une version anglaise, voire française, pour voir si ça passe mieux.

Effectivement, j'avais aussi été gêné par la version allemande dont on sent bien qu'il s'agit d'un doublage. Je pense aussi que je le reverrais en VF désormais (tout comme Aguirre, qui dispose d'une excellente VF, là où la version allemande est bien un doublage pour lequel Kinski n'a apparemment pas voulu se doubler).

Sinon, tu dois voir désormais Burden of Dreams.

[Alegas]

@Mark et Pabel

Sinon, on peut peut-être arrêter de se focaliser sur les notes, et plutôt sur mes critiques sur lesquelles je passe un temps non négligeable, non ?

Ça devient lassant cette manie de tout ramener aux chiffres.

(je note pour Ennemies intimes et Burden of dreams)

[pabelbaba]

Ben justement là les notes ont leur importance, on voit bien que coup sur coup tu n'es pas particulièrement touché par deux films dont la technique n'a rien de folle, mais où l'humain est vraiment mis en valeur et de façon assez originale.

D'autant qu'après une décennie ici, on sait bien que c'est ta façon d'aborder le ciné et que nos avis divergent souvent là-dessus.

Et fais pas genre on ne lit pas tes critiques...

[Alegas]

Ben justement là les notes ont leur importance, on voit bien que coup sur coup tu n'es pas particulièrement touché par deux films dont la technique n'a rien de folle, mais où l'humain est vraiment mis en valeur et de façon assez originale.

Ouais enfin c'est ridicule de s'en tenir à deux films.
Je met 9 à Il était une fois le Bronx où la technique n'a rien d'extraordinaire non plus, mais où l'histoire me touche particulièrement, et je pourrais citer un paquet d'exemples comme ça. Chacun à ses films qu'il adore malgré le fait qu'ils ne soient pas parfaits.
Again, j'ai beaucoup aimé Fitzcarraldo, mais c'est un film qui ne m'a pas fait l'effet d'une illumination au point de mettre de côté les quelques défauts qu'il possède.