Harold et Maude / Hal Ashby (1971) Une histoire d’amour entre un homme dépressif de vingt ans et une femme de quatre-vingts qui croque la vie à pleines dents (ou, du moins, ce qu'il en reste) ? Sur le papier, une telle proposition peut donner à bien des spectateurs l'envie de fuir (mis à part Val sans doute, ainsi que quelques déviants adeptes du tag
"Granny I Like to Fuck" sur Pornhub). Mais le plus célèbre long-métrage de Hal Ashby, réalisateur associé au Nouvel Hollywood et désormais tombé dans l’oubli (si ce n'est lorsqu'un certain David Fincher, au détour d'une interview, revendique son influence), mérite son statut de film culte outre-atlantique... Il faut dire que le cinéaste traite son sujet de la meilleure façon : avec pudeur et humour. De la pudeur, comme lorsqu’il s’agit d’évoquer le passé concentrationnaire du personnage de Maude (un plan silencieux d'une durée de deux secondes sur son tatouage, rien de plus), et de l’humour, beaucoup d'humour, notamment lors des nombreux faux suicides de Harold (mention spéciale à l’immolation), un jeune homme obsédé par la mort qui roule en corbillard et
crashe des enterrements (une pratique
Will Ferrell approved). Sans oublier ces scènes où les deux héros volent des voitures (celle d'un prêtre comprise) et font tourner différents représentants de l'ordre (policiers et militaires) en bourrique (Maude qui pique une moto sur l'autoroute, c'est quelque chose). Tour à tour drôle et émouvante, cette odyssée rythmée par d'excellentes chansons de Cat Stevens mérite le détour... A noter que Wikipédia, dans sa version américaine, décrit
Harold et Maude comme un "
coming-of-age dark comedy–drama film". Ce qui paraît improbable, mais bien trouvé (l'expression pourrait être recyclée pour présenter un certain
Fight Club).
Note : 8/10