par Scalp » Dim 25 Avr 2021, 09:23
8/10
Mandingo de Richard Fleischer - 1975
Ah ben putain c'est autre chose que 12 mois of Slave, je l'avais vu ado la première fois et j'en gardais vraiment pas un souvenir impérissable et quand on en parlait pour la sortie de Django ça me paraissait pas forcément judicieux, alors que une fois de plus Tarantino a encore bien pillé, le perso de Di Caprio est clairement inspiré de James Mason, un Mason absolument impérial ici et qui laisse un sentiment bizarre, car j'avais vraiment de l'empathie pour lui alors que c'est quand même un bon gros enculé, mais un enculé civilisé, faut voir cette scène de repas où c'est un festival de dialogues condescendants et dégueulasses le tout avec un paternalisme surréaliste si bien qu'on a l'impression qu'il parle vraiment d'animaux.
L'histoire a rien de foncièrement originale et il se passe tellement de chose en fait, on va suivre un le fils de James Mason (très bon Perry King ) qui est un peu moins raciste que les autres (enfin de prime abord) et qui va se marier avec cousine Susan George (incendiaire comme toujours) sauf que ce bon vieux King il préfère le chocolat, en même temps son autre choix c'est la consanguinité. Ca c'est pour la trame principal, le reste du film c'est la vie dans ce domaine avec Mason qui a tout pouvoir sur ses esclaves et il aime bien se servir de ce pouvoir. (ce passage où il met ses pieds sur le gamin noir ça vaut toute les scènes de torture du film de McQueen) Là où le film est bon et Fleischer est intelligent c'est qu'il ne charge jamais la mule et pire (enfin pour certain) il ne juge pas ses personnages ce qui fait qu'on peut se prendre d'affection pour eux alors que c'est des esclavagistes (il est vraiment l'anti Autant en emporte le vent) en fait le coté désinvolte des personnages d'un coté et l'acceptation de leur sort de l'autre coté donne un truc assez bizarre. Et en plus le film réussit a être fort en faire trop, il a pas besoin, et c'est pas juste un film sur l'esclavage des noirs mais aussi sur celui des femmes avec le perso de Susan George qui ne peut pas choisir sa propre vie. Fleischer filme tout, tout sans voyeurisme alors qu'on a des scènes de sexe explicites (Ken Norton avec George ça a bien du choquer et l'ambiguité de cette scène montre toute l'intelligence de Flesicher), la violence est présente mais c'est fait en sorte que ce soit jamais too much même quand il filme les combats d'esclaves (les Mandingos du titre, des noirs élevés et dressé comme des pitbulls). Et puis arrive les 20 dernières minutes du film qui donne une puissance folle à l'ensemble, on s'attend pas à ce que ça aille aussi loin et Fleischer ne prend pas de gants, c'est un film à l'heure du politiquement correct qui serait compliqué à faire aujourd'hui.
Un film puissant et sans compromis qui réussit à ne jamais être manichéen alors qu'on est clairement en présence de gros fdp mais quand le fdp c'est James Mason ça prend une saveur particulière. Le seul tort du film est d'avoir tué la carrière de Fleischer qui fera vraiment de la merde par la suite.