Autant avec le précédent film Godzilla j’avais l’espoir de voir un truc correct, autant là sans surprise c’est naze. Du coup, la déception est moins conséquente, mais il y a quand même l'étonnement de se retrouver avec un film qui arrive à être plus nul que son prédécesseur, et ça c’était quand même une épreuve en soi. Clairement, on ne retrouve plus grand chose de l’ambiance posée dans le film d’Edwards (qui restera donc une exception dans ce Monsterverse), ici on ne cherche plus du tout à créer une aura mythologique autour de Godzilla : il devient juste un monstre qu’il faut absolument vaincre, une grosse bébête gênante dont il faut se débarrasser au lieu d’un dieu qu’il faut craindre.
Globalement, le film reprend grosso modo la même structure que le film japonais de 62, avec une équipe d’humains qui doit aller chercher King Kong pour le ramener afin qu’il combatte Godzilla, mais évidemment on vire tout le côté nanar qui rendait à peu près regardable l’original, et on part sur quelque chose de bien plus premier degré, mais sans que ça le soit totalement car on sent que ça souhaite un spectacle décomplexé. Cette orientation se traduit par un paquet de choix foireux, à commencer par les storylines humaines qui touchent vraiment le fond ici. Déjà que l’actrice de Stranger Things saoulait pas mal dans le précédent, c’est encore pire dans celui-là où elle devient une ado insupportable avec, à ses côtés, un conspirationniste sorti tout droit d’un blockbuster 90’s et un gros nerd qui enchaîne les gaffes
. Ok, les arcs narratifs humains dans les Godzilla n’ont jamais été des grands moments de cinéma mais là c’est vraiment de la grosse merde, paye ton trio qui ne sert à rien, si ce n’est renverser de l’alcool sur un ordinateur à la fin (oui, c’est comme ça qu’on se débarrasse du bad-guy, véridique
). La partie avec les humains suivants Kong n’est guère mieux : toute la partie dans la Terre inversée ça aurait pu donner un bon truc mais au final ça aurait pu se passer à Skull Island que ça aurait été globalement la même chose.
Côté fights, le film n’arrive même pas à livrer la marchandise, et même si la première rencontre entre les deux titans fait illusion, celle à Hong Kong est vraiment gênante à voir, d’autant que ça fait la même erreur que dans
Pacific Rim : Uprising en donnant aux monstres une vitesse de mouvements aussi rapide qu’un humain, du coup on ne ressent jamais leur taille, leur poids, etc… Ça donne un côté vraiment cheap. Et autant la menace dans le précédent était réussie (King Ghidorah était méchamment classe), autant là c’est quand même hyper triste de constater ce qu’ils ont fait avec MechaGodzilla, autant sur son temps de présence à l’écran (une dizaine de minutes) que dans son design (c’est chaud de le rater à ce point, alors qu’ils suffisaient de reprendre comme base celui de
Ready Player One). On passera sur le fait que le film reprenne d’ailleurs l’idée de
Batman v Superman en faisant des deux opposants des gentils contre une menace commune, c’était évident que ça allait prendre cette direction mais ça témoigne aussi à mon sens d’une grosse paresse scénaristique et d’un manque de prise de risques (on se garde les deux monstres sous le coude pour des futurs films). D'ailleurs, j'ai pas compris pourquoi le film n'évoque jamais les autres monstres qu'on voyait à la fin du précédent alors que concrètement ils auraient pu aider Godzilla dans son combat contre Kong.
Formellement, j’ai trouvé ça bien plus moche que le précédent, qui avait peut-être des combats illisibles mais qui arrivait à avoir des cadres plutôt classes par moment, alors que là il n’y a quasiment rien à retenir, peu de plans iconiques, pas d’idées dans les affrontements, l’encéphalogramme plat. Cerise sur le gâteau, on troque McCreary pour Junkie XL, et j’avais beau pas être un gros fan du premier, là j’ai vraiment regretté son remplacement. Bref, un blockbuster très con, trop premier degré tout en étant foireux quand il tente du second, souvent moche et ridicule, et qui n’arrive jamais à décrocher la mâchoire alors qu’on est censé assister à un combat épique entre deux icônes du cinéma fantastique. Je l'ai cité plus haut, mais c'est vraiment au
Godzilla d'Edwards ce que
Pacific Rim : Uprising est au film de Del Toro.