[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Bandits, bandits - 7/10

Messagepar Alegas » Ven 23 Avr 2021, 16:41

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Time Bandits (Bandits, bandits) de Terry Gilliam
(1981)


Très sympa ce Gilliam, d’ailleurs je ne sais pas pourquoi j’ai tant attendu pour le découvrir vu que quasiment tout annonçait que j’allais aimer. Pour son troisième long-métrage, Gilliam se détache petit à petit de la troupe de Monty Python pour partir vers des projets plus personnels. Quand bien même on a toujours la présence de John Cleese et Michael Palin au générique, on est clairement plus proche des films suivants de Gilliam que de Sacré Graal, avec toutefois un aspect bien particulier puisque de toute la filmo du réalisateur, Time Bandits s’avère être celui qui s’avère le plus enfantin dans l’esprit. Pour le coup, on est vraiment dans le pur conte pour enfants, sans toutefois renier le public adulte, avec cette histoire d’un gamin de la classe moyenne anglaise qui en a marre de son quotidien, et qui va se retrouver plongé d’un coup dans une aventure avec des nains à traverser différentes périodes de l’Histoire.

Un récit qui doit d’ailleurs beaucoup au style de Gilliam : on est clairement dans le côté foutraque bien géré du réalisateur, avec beaucoup d’aventure, de comédie, et des effets pratiques en pagaille, du pur cinéma 80’s donc, comme on en fait plus. Le film a beau ne pas avoir un script particulièrement solide (on est plus dans de l’histoire prétexte à de l’aventure, il y a bien un sous-texte avec l’idée que tout viendrait de l’imagination du gamin pour échapper à son quotidien, mais c’est pas non plus au centre de l’attention), ça reste quand même hyper divertissant. Contrairement à certains Gilliam du même genre qui dure un peu trop longtemps, on ne s’emmerde jamais dans celui-là, et ça doit beaucoup je pense au fait que chaque époque traversée permet d’avoir quelque chose de radicalement différent avec ce qui a précédé. Côté déception, il y a bien le climax final qui fait un peu pièce rapportée en mélangeant tout ce qu’on a vu avant, mais rien de bien méchant non plus, ça participe même au côté chaotique de l’ensemble.

Côté casting rien à redire, les nains sont cools, le gamin s’en sort bien, John Cleese en Robin des Bois est hilarant, tout le délire avec Michael Palin et Shelley Duvall marche très bien, Sean Connery chez Gilliam c’est la grosse classe, et il y a même Jim Broadbent dans un de ses premiers rôles. Formellement, c’est du solide : Gilliam n’a jamais été à mes yeux un grand réalisateur techniquement parlant, mais il a son style qui lui est propre et un certain talent pour mettre en valeur ses décors et les effets pratiques, et ça suffit clairement pour apprécier le film comme il se doit. Un film d’aventure très sympathique donc, et peut-être bien l’un des plus abordables de Gilliam pour ceux qui ne connaissent pas encore bien sa filmographie.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Ven 23 Avr 2021, 21:52

Mr Jack a écrit:Allez, je vais le tenter, après avoir redonné une chance à La La Land.


J'ai bien fait pour La La Land. Le film a été une vraie redécouverte, j'ai adoré. Comme quoi les attentes...Ca peut pourrir une séance. J'étais conditionné à l'époque, presque condamné (vu mon amour pour Whiplash) à voir un truc aussi virtuose, aussi prenant, passionnant. C'était tout ou rien. Et vu que le début du film est assez déroutant, je suis tout de suite sorti du film, et la déception a pourri le reste.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Ven 23 Avr 2021, 22:28

:super:
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Vénus noire - 4/10

Messagepar Alegas » Sam 24 Avr 2021, 11:30

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Vénus noire de Abdellatif Kechiche
(2010)


Un film qui a réussi à me faire croire sur sa première heure que j’allais voir quelque chose de réussi, mais malheureusement Vénus noire c’est un peu la quintessence de tout ce qui ne va pas chez Kechiche, notamment dans ses excès. Ça va donc raconter l’histoire de la Vénus Hottentote, femme africaine aux rondeurs extrêmes qui a été exposée comme une attraction de foire au 19ème siècle, puis utilisée comme objet sexuel, puis utilisée par la science après sa mort pour démontrer que la race noire tenait plus du singe que de l’homme. Un récit propice à quelque chose de pas spécialement subtil donc, et ça tombe bien car Kechiche et la subtilité c’est clairement pas ça, et autant ça passe dans une histoire d’amour comme La vie d’Adèle, autant dans le cadre d’une histoire misérabiliste le réalisateur tombe dans tous les pièges dans lesquels il pouvait tomber.

Comme dit plus haut, la première heure est pourtant pleine de promesses : la reconstitution est de qualité (même si on a pas trop l’impression de se trouver à Londres), l’actrice tout en retenue, et ça laisse penser qu’on va avoir un beau portrait de femme. Malheureusement, une fois passée la scène du procès, on tombe complètement dans quelque chose qui se complaît dans le misérabilisme absolu. Nul doute que certains diront que tout vient de la volonté de Kechiche de mettre mal à l’aise son spectateur comme l’héroïne a pu l’être, mais à un moment j’ai envie de dire qu’on peut arriver au même résultat sans forcément balancer tout à la gueule du public. Déjà qu’on passe un certain cap lors des soirées chez les nobles, où on embrasse un gode, on chevauche l’héroïne comme un vulgaire canasson, et où on observe ses parties intimes alors qu’elle n’est pas libre de ses mouvements, mais alors toute la partie dans la maison close est d’une vulgarité assez incroyable. Autant je pouvais défendre la nécessité de montrer le sexe dans La vie d’Adèle, car ça servait la relation passionnelle au centre du film et ça cherchait à sublimer les corps, autant dans Vénus noire Kechiche aurait dû comprendre que sur un tel sujet le mieux était encore de suggérer plutôt que de forcément tout montrer.

Car en plus, ça aboutit sur deux autres défauts du film : sa durée excessive (2H40 pour comprendre que la femme a été humiliée tout sa vie, super...), et son manichéisme permanent histoire d’alourdir encore plus le propos (faut voir le personnage d'Olivier Gourmet, zéro nuance d'écriture). Visuellement, le film est pas dégueu, il y a même souvent une jolie photographie, par contre la tendance de Kechiche à privilégier le gros plan sur quasiment tout ce qu’il filme devient lourdingue à la longue, il devrait comprendre que pour faire un film sur un corps, il ne faut pas forcément le filmer le plus près possible. Vénus noire, c’est une histoire qui méritait d’être racontée, mais qui est faite de la mauvaise façon et pour les mauvaises raisons : on sent que Kechiche a choisi son sujet pour indigner et choquer gratuitement, plutôt que de rendre un hommage digne.


4/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Sam 24 Avr 2021, 13:07

Flemme de lire : il filme encore une teuch en gros plan pendant 3h ?

J'plaisante, j'ai lu. :mrgreen: Ca donne vraiment pas envie.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Sam 24 Avr 2021, 13:46

Chose surprenante : il ne filme pas les parties intimes de l'héroïne alors que pendant une bonne partie du film on ne parle que de ça (vu qu'elle a des lèvres qui dépassent de plusieurs centimètres).

Mais sinon, j'ai vraiment pris ce film et ses parti-pris comme de la complaisance de l'humiliation subie. Je suis d'avis qu'on peut quasiment tout montrer au cinéma, mais il faut aussi se poser la question : est-ce que c'est nécessaire ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Sam 24 Avr 2021, 14:03

Oui, la question se pose. Mais elle se pose à chaque film de Kechiche, j'ai l'impression. On ne va pas lancer un énième débat sur le gars mais c'est sa proposition de cinéma dans sa globalité qui pose quelques problèmes. Tu dis que dans La Vie d'Adèle, il glorifie les corps durant la scène de sexe. Je trouve pas, il filme un acte d'amour qu'il voit brut, presque animal, mais le filme avec un regard voyeuriste. Il est là le soucis de son cinéma, je trouve. C'est plus que dérangeant, c'est inopportun.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Sam 24 Avr 2021, 14:12

Bah justement je vois pas le côté voyeuriste que tu reproches à Adèle. Si, dans ses scènes, la caméra cherchait à englober toute l'action en permanence ou si, au contraire, elle s'attardait tout le temps sur les seins, les culs, etc... là je serais d'accord.
Mais de mémoire, la mise en scène cherche plutôt à faire de l'immersion pour le coup. On est proche d'elles, et même si on voit forcément des seins ou des parties intimes, on reste pas trois plombes dessus. Ça cherche la passion des gestes, les regards, on est quand même loin de la mise en scène d'un porno classique qui, pour le coup, a vraiment une fonction voyeuriste.

Mais je pense que ce qui gêne le plus la plupart des personnes dans La vie d'Adèle, c'est pas tant la façon de filmer ces scènes, mais plutôt le fait de faire durer le moment. Car bon, des scènes de cul où on voit autant nudité explicité, il y en a déjà eu, et ça n'a jamais posé problème à quiconque j'ai l'impression.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Sam 24 Avr 2021, 19:39

J'suis ptete mal placé pour parler de ça en fait, vu que moi les scènes de cul explicites dans les films m'ont toujours gêné. Je pense que c'est personnel. Après moi je la trouve dérangeante la scène de la vie d'Adèle. J'imagine pas les autres dans le reste de sa filmo. Du coup j'ai vraiment pas envie de voir ses Mektoub ni celui que tu as maté. J'suis pas maso.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Sam 24 Avr 2021, 19:41

Le truc qui me bloque plus encore c'est la durée de plus en plus délirante de ses films.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar caducia » Sam 24 Avr 2021, 21:08

Je ne suis pas spécialiste mais j'ai lu sur Twitter sur des comptes LGBT que les scènes de nudité de la vie d'adèle n'étaient pas appréciées car mises en scène par le prisme d'un homme qui n'avait pas dû se renseigner sur le réalisme et les positions utilisées dans ce genre de couples.
Du coup, ce sont des scènes fantasmées par le réalisateur.
De mémoire il y avait vraiment des scènes aux positions tordues qui faisaient plutôt rire mais je ne me l infligerait pas une 2e fois. :eheh:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Sam 24 Avr 2021, 21:13

C'est pas spécialement des comptes Twitter LGBT que je considérerais comme des références pour le coup. :eheh:
J'ai quelques lesbiennes dans mon cercle d'ami avec qui j'ai pu parler du film, elles n'ont jamais eu à redire sur cet aspect. J'aurais tendance à plutôt les croire elles plutôt que des meufs constamment énervées derrière leur PC/smartphone, à critiquer/revendiquer n'importe quoi.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Sam 24 Avr 2021, 21:16

mises en scène par le prisme d'un homme qui n'avait pas dû se renseigner sur le réalisme et les positions utilisées dans ce genre de couples.


C'est un peu bête comme argument. Peu importe l'orientation sexuelle, il n'y a pas qu'une manière de baiser.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar caducia » Sam 24 Avr 2021, 21:23

C'est sur, ce qui ressort des discussions c'est juste que c'est très fetichiste. Du coup les ignares vont sûrement s'imaginer que c'est comme ça dans tous les couples.
Dans le film et les relations sexuelles tu vois clairement un pendant masculin et un féminin dans le couple, ça existe mais c'est très cliché.

Voir défiler une bonne partie du kamasutra lesbien en 1 scène on sait très bien que chez les hétéros ca n'existe que chez les professionnels (et certains en savent qq chose). C'est juste pour faire du voyeurisme car faire durer aussi longtemps une scène sans diversité visuelle, ou excitation pour un spectateur , ça serait encore moins passé sur grand écran.

Ça aurait été réalisé de la même façon par une femme et si c'était peu réaliste la critique aurait été la même car on parle de"techniques".
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Arrête-moi si tu peux - 8,5/10

Messagepar Alegas » Mar 27 Avr 2021, 12:39

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Catch me if you can (Arrête-moi si tu peux) de Steven Spielberg
(2002)


Entre les mains d’un réalisateur lambda, le sujet aurait pu être un simple biopic sur l’un des plus jeunes arnaqueurs que le monde ait connu, et mine de rien, ça aurait pu suffire à faire un bon divertissement vu que tout est là pour proposer une histoire riche en rebondissements. Mais entre les mains de Spielberg, Catch me if you can prend une tournure clairement plus personnelle, et pour cause : le réalisateur se retrouve sans doute beaucoup dans la figure de Frank Abagnale Jr, jeune homme profondément marqué par le divorce de ses parents, au point de diriger tout le script autour de cet évènement. Nul doute que la vie d’Abagnale est fortement romancée dans ce film, mais qu’importe : le fait d’avoir ce personnage qui accumule les fraudes et les illusions de réussite dans le simple but de retrouver sa vie familiale d’antan fonctionne parfaitement, et donne lieu à la fois à un drame très sérieux et mélancolique, mais en même temps à un pur divertissement où l’on rigole beaucoup et où l’on ne s’ennuie jamais.

Pour le coup, on sent que Spielberg a adoré tourner ce film, son énergie se ressent à chaque instant, il n’y a aucun temps mort autant du côté du rythme que dans la mise en scène. Spielberg avait plus ou moins le même âge au moment où Abagnale multipliait les fraudes, et du coup on a souvent l’impression de voir un décalque du réalisateur dans le personnage principal (après tout, la légende veut que Spielberg aussi avait rusé pour rentrer dans les studios d’Universal, en prétendant travailler là-bas avec un simple costume et un attaché-case). Un film qui va à cent à l’heure donc, où les moments de repos sont les passages où le héros fait le point sur sa situation et sa vie familiale qui prend de plus en plus l’eau (ce final à Noël avec la vision de la mère qui a refait sa vie, c'est déchirant), le tout avec évidemment une traque tout en légèreté avec le personnage de Tom Hanks, où là aussi Spielberg gère à merveille la balance entre humour (la première rencontre entre les deux personnages) et quelque chose de plus sérieux (les discussions téléphoniques entre Abagnale et son pourchasseur sont particulièrement tristes). Si on ajoute en plus la sublime composition de Williams, la toujours très élégante photographie de Kaminski, le générique de début passé à la postérité et le casting quatre étoiles (DiCaprio/Hanks/Walken/Martin Sheen/Amy Adams dans le même film, c’est la grosse classe), on tient clairement une énième réussite spielbergienne, et l’un de ses films les plus passionnants à analyser vu ce que ça dit sur le bonhomme.


8,5/10
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