[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Lun 19 Avr 2021, 18:22

Je me souviens effectivement des bonnes notes à l'époque. J'avais voulu le voir au ciné mais même à Paris il n'était pas resté bien longtemps.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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First Man - 9/10

Messagepar Alegas » Mar 20 Avr 2021, 12:01

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First Man (First Man - Le premier homme sur la Lune) de Damien Chazelle
(2018)


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Troisième vision déjà, et c’est toujours aussi bien. Comme Whiplash c’est un film qui gagne des points à chaque vision, et du coup ça m’attriste un peu de voir que c’est un film qu’on a mal vendu à sa sortie. On aurait pu penser que le cinéma de Chazelle perdrait de sa constance, à la fois thématique et qualitative, avec ce quatrième film qui dénote énormément avec les précédents, autant par la forme que par son sujet, mais il n’en est rien. First Man est bien à 100% un film de Chazelle, cela se voit et se ressent, il possède énormément de liens avec les deux précédents métrages du jeune réalisateur, et la cerise sur le gâteau est que raconter l’histoire de Neil Armstrong permet au réalisateur de développer à nouveau ce qui semble être son sujet de prédilection, à savoir l’obsession d’un homme vers un objectif précis, au détriment des gens qui l’entourent.

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Là où Chazelle surprend également, c’est par la personnalité qu’il arrive à donner au sujet : on aurait pu s’attendre à un biopic consensuel, et au final on a droit à un portrait d’homme singulier, où l’image d’Armstrong est souvent mise à mal, et où la NASA est régulièrement montrée comme une compagnie qui envoie, malgré elle, ses hommes à la mort. Idem pour la narration, on est loin du biopic à Oscars habituel vu qu’ici les mots d’ordre sont immersion et lenteur, ce qui donne un métrage qui épouse au plus près le regard d’Armstrong, et qui privilégie souvent l’intimiste face au spectaculaire, notamment en mettant en avant la vie de couple qui souffre des activités du héros. Mais à mon sens, First Man est surtout un grand film sur le deuil, thème qui n’est pourtant pas très présent tout le long du film à proprement parler, mais dont l’une des dernières séquences (celle du cratère, de loin ma scène favorite du métrage) remet en cause tout ce qu’on a vu : si Armstrong a mis en risque sa vie, son couple, et les espoirs de toute l’humanité, c’était finalement seulement pour pouvoir se retrouver enfin seul, afin de pouvoir rendre un ultime hommage à sa fille décédée en début du film.

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Nul doute que toute cette storyline a été écrite spécialement, ou au moins exagérée, pour le film, mais qu’importe : c’est justement tout le pouvoir du cinéma que de rendre vrai à l’écran des choses qui ne le sont pas forcément, et pour le coup Chazelle arrive, sur la totalité du récit, à bien gérer cette balance entre l’envie de faire un film très documentaire dans l’esprit (on sent fortement l’influence de The Right Stuff) et celle de livrer sa propre vision de cette histoire, autant sur le fond que sur la forme. Comme ses deux films précédents, Chazelle livre un film particulièrement désenchanté et mélancolique : Armstrong n’est jamais montré comme un héros, plutôt comme un être asocial et sans réels sentiments jusqu’à la fameuse scène du cratère qui montre qu’il a tout contenu (on peut dire ce qu’on veut de Gosling, mais il gère parfaitement ce registre), et toutes les étapes menant à Apollo 11 sont généralement montrées sous un mauvais jour, entre échecs successifs, morts par poignée (la séquence de l’incendie :shock: ) et pessimisme omniprésent (la lecture de la déclaration en cas d’échec de l’alunissage pose bien le niveau). Chazelle a en plus la bonne idée de confronter ça avec la vie de couple qui souffre de toute cette ambiance, et donne un rôle non négligeable à l’épouse (magistrale Claire Foy) qui est loin de se reposer dans le cliché de la femme heureuse des activités de son mari, permettant non seulement de souligner ce qu’ont sûrement réellement endurées les femmes d’astronautes, mais aussi de pointer par moment l’extravagance des situations via des petites scènes simples (la mère qui dit à son enfant que son père va aller sur la Lune, l’enfant qui lui répond en lui demandant si il peut aller jouer dehors).

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Formellement, Chazelle montre encore une fois une immense maîtrise de narration, d’autant qu’il part sur quelque chose de particulièrement immersif sur ce film. Rarement on a eu autant l’impression d’être dans un engin spatial, et ça on le doit autant au point de vue adopté par Chazelle qu’au sound-design complètement dingue qui met en valeur le fait qu’il y a seulement de la tôle et quelques boulons entre les hommes et le vide spatial (à ce titre, tout le passage de la mission Gemini 8 est vraiment un très grand moment, c’est limite du film d’horreur :shock: ). Sur ce point, First Man tient vraiment du film sensoriel plus qu'autre chose. Tout le côté pellicule/granuleux est très appréciable en raccord avec les intentions du réalisateur, et autant au cinéma je n’avais pas vu de différence avec le passage lunaire filmé en IMAX, autant en vidéo j’ai vraiment saisi l’ampleur de ce choix, autant en termes de définition (on abandonne complètement le grain sur cette scène pour avoir quelque chose de plus lissé, et qui paraît donc plus irréel que le reste) que de format (l’écran qui s’élargit une fois qu’on dépasse la trappe, c’est quelque chose qu’on n’avait malheureusement pas dans les salles de cinéma classiques).

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Et puis je ne pourrais décemment pas parler du film sans évoquer la composition de Justin Hurwitz qui est tout simplement l’une des BO que je préfère de ces dernières années. Entre les thèmes sublimes, le passage du lancement épique à souhait, l’utilisation de thérémine sur les passages intimistes, c’est vraiment une musique qui me parle complètement pour le coup, et que je préfère même aux précédentes du compositeur (alors que La La Land était déjà d’un sacré niveau). Un quatrième film qui confirme une nouvelle fois tout le bien que je pouvais penser de Chazelle alors que tout laissait à croire que ça allait être un métrage bien moins personnel que les autres. Le bonhomme peut désormais aborder les genres qu’il veut de la façon dont il le souhaite, je n’ai guère de doute sur le fait que ça aboutira sur des propositions particulièrement intéressantes et réussies.


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"I don't know what space exploration will uncover, but I don't think it'll be exploration just for the sake of exploration.
I think it'll be more the fact that it allows us to see things. That maybe we should have seen a long time ago. But just haven't been able to until now."


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9/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mr Jack » Mar 20 Avr 2021, 13:20

Allez, je vais le tenter, après avoir redonné une chance à La La Land.
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Ne t'endors pas - 4,5/10

Messagepar Alegas » Mer 21 Avr 2021, 14:14

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Before I wake (Ne t'endors pas) de Mike Flanagan
(2016)


Première déception de la part de Flanagan, sans doute parce que c’est aussi la première fois que j’ai l’impression de voir un film où il n’est pas à l’aise avec l’orientation choisie. Alors déjà, le gros problème du métrage est qu’il est vendu comme un film d’horreur, et que toute la première moitié du récit laisse penser aussi qu’il va en être un. Sans vraiment prévenir, Before I wake se transforme en une sorte de fable enfantine aux inspirations qu’on devine fortement hispaniques (notamment la vague de productions Del Toro qu’on a eu à partir de la fin des années 2000), et le problème est que non seulement la transition est complètement pétée, mais qu’en plus Flanagan a jamais vraiment l’air d’y croire.

De ce que j’ai vu de sa filmographie jusqu’ici, c’est clairement son opus le plus faiblard, et même si ça doit beaucoup au mélange horreur/fable pas réussi (le monstre par exemple a une jolie backstory, mais qui conditionne son design à un truc franchement laid), il faut avouer aussi que le film a d’autres gros défauts, à commencer par son casting complètement à l’ouest. J’aime bien Thomas Jane, mais là il est vraiment ridicule (pas aidé par son look, sérieux qui a eu l’idée de lui faire une coupe de cheveux pareille ? :eheh: ), Kate Bosworth montre vite ses limites de jeu évidentes, et même Jacob Tremblay, que j’avais pourtant adoré dans Room sorti un an avant, fait ici un gamin complètement artificiel. Formellement, c’est là où le film est un peu plus solide, alors oui ça fait pas spécialement peur (mais pour le coup c’est vraiment l’orientation du script qui est en cause à mon sens) et les effets visuels sont hyper limites techniquement, mais c’est correctement filmé et il y a même quelques bonnes idées. C’est con car le concept (un gamin qu’il faut empêcher de dormir car ses rêves et cauchemars prennent vie) aurait pu donner un truc vraiment cool et tordu, mais tout le côté mièvre et l’omniprésence du trauma du couple (intéressant mais surexploité) n’aide jamais à exploiter pleinement la chose.


4,5/10
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Film: Ne t'endors pas
Note: 2/10
Auteur: caducia

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Chat noir, Chat blanc - 5/10

Messagepar Alegas » Mer 21 Avr 2021, 17:45

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Crna mačka, beli mačor (Chat noir, chat blanc) de Emir Kusturica
(1998)


Premier film de Kusturica que je découvre et je suis loin d’être convaincu. Pour le coup, je peux pas dire que c’est un mauvais film, et là j’ai bien conscience que c’est tout simplement pas un film pour moi : j’ai juste pas adhéré au délire, et vu que le film entier se base justement sur sa proposition de comédie haute en couleurs j’ai pas vraiment trouvé beaucoup de choses auxquelles me raccrocher. Déjà, on peut pas dire que le film ne soit pas original : autant l’histoire est assez basique, autant tout son traitement fait que le film n’a pas vraiment d’équivalent (en tout cas pas à ma connaissance). C’est un peu du gros n’importe quoi du début jusqu’à la fin, mais du n’importe conscient et assumé, au point que Kusturica va apporter à quasiment chaque scène une dimension visuelle chaotique. Ça viendra parfois des personnages, parfois des situations, parfois d’éléments WTF (des animaux qui n’ont rien à faire là, une chanteuse qui enlève les clous avec son cul :eheh: , un cadavre accroché à un passage à niveau, un cochon qui mange une voiture, et j’en passe), mais souvent c’est un peu tout à la fois, et ça donne un côté extravagant à l’ensemble du film, mais aussi un côté fatiguant car finalement ça se ne repose quasiment jamais.

Là où je suis vraiment moins convaincu, c’est du côté de l’humour et de l’histoire : à quelques exceptions près c’est un film qui fait plus sourire que rire, et j’ai jamais trouvé remarquable les personnages ou l’écriture globale qui donne l’impression de voir plein de petites histoires qu’on a mélangé un peu n’importe comment (ça ajoute au côté chaotique du film mais pour le coup c’est un peu plus gênant). J’ai même complètement décroché sur la dernière demi-heure : entre les deux vieux qui ressuscitent d’un coup sans aucune explication, la petite sœur qui tombe amoureuse du géant, et le coup du méchant escroc qui a mis tout le monde dans la merde et qui se retrouve plongé dans des latrines (bonjour la subtilité), ça m’a conforté dans l’idée que Kusturica faisait du WTF pour le simple plaisir de le faire. Dernier point : je ne suis pas un fervent défenseur de la cause animale au point de critiquer à chaque fois qu’une bestiole est bousculée dans un film, mais là c’est chaud quand même entre le rat dont on fait tourner brutalement la roue alors qu’il est dedans, les chats qu’on attrape par la peau du cou avec violence et l’oie qu’on utilise pour s’essuyer de la merde qu’on a sur le corps, j’ai trouvé le film hyper limite sur cet aspect et ça n’a pas aidé à attirer ma sympathie :evil: . Bref, pas convaincu par ce premier pas dans le cinéma de Kusturica, j’espère que Underground, qu’on m'a conseillé il y a peu, sera plus dans mes cordes.


5/10
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Sorcellerie à travers les âges (La) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 22 Avr 2021, 14:39

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Häxan (La sorcellerie à travers les âges) de Benjamin Christensen
(1922)


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Curieux et fascinant film que voilà, tant pour sa proposition particulièrement originale (je ne connais aucun film qui lui ressemble) que pour son côté hyper osé pour son époque : le film a été plusieurs fois interdit ou censuré, et on comprend aisément pourquoi. Häxan est un film assez particulier à décrire : c’est dans sa forme globale un documentaire, mais ça n’hésite pas à flirter avec le film de fiction et le cours d’histoire selon les moments. Divisé en sept parties, le film alterne entre passage où Christensen informe le spectateur sur l’histoire de la sorcellerie via notamment des gravures et dessins d’époque scrupuleusement analysées et passages où on est carrément dans de la reconstitution à grands renforts de moyens.

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Mais c’est là où le film devient particulièrement intéressant, car ces reconstitutions sont vraiment intelligentes dans leur fabrication, ça peut commencer comme une simple scénette du Moyen-Âge où on montre comment étaient dénoncées les supposées sorcières à l’époque, mais d’un moment à l’autre, sans prévenir, ça peut partir dans l’imaginaire le plus total, avec vision du Diable, rites nocturnes de sorcières, etc… Non seulement ça apporte au métrage un univers visuel complètement dingue (le Diable est particulièrement réussi, chacune de ses apparitions sont vraiment marquantes), mais ça permet aussi et surtout à Christensen de pointer du doigt ce qu’il tente de dénoncer à travers son film. De documentaire sur la sorcellerie, le film se transforme peu à peu en réquisitoire contre l’Église, ses superstitions, et l’Inquisition : en montrant à l’image ce que l’Église considère comme réel, Christensen permet de montrer à quel point la manipulation était de mise sur des sujets pas ou peu connus à l’époque, notamment les maladies mentales dont les victimes étaient généralement traités comme des personnes possédées par le Diable.

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De plus, Christensen ne rate pas la moindre occasion de rendre son film plus marquant : les recréations de l’enfer ou des rites sataniques ne sont pas exempt de violence, de nudité et de passages plus osés (notamment une scène où les sorcières embrassent le cul du Diable, ou une image de ce dernier mimant une masturbation face caméra), et certains passages montrent bien que le réalisateur connaissait aussi le pouvoir du hors-champs, en témoigne cette scène de description des outils de torture, où le simple plan fixe permet au spectateur de s’imaginer les horreurs provoquées par l’instrument. Nul doute que le film a été une influence directe pour un paquet de grands noms du cinéma d’horreur : un mec comme Robert Eggers a probablement été influencé directement pour The Witch, et il se pourrait que Friedkin connaissait le film quand il a fait The Exorcist, vu qu’il a montré exactement la même statue de Pazuzu qui est visible chez Christensen. A cela s’ajoute un travail formel remarquable, entre reconstitution onéreuse à la direction artistique sublime et une photographie qui enchaîne les beaux plans (c’est facilement l’un des plus beaux films des années 20 que j’ai pu voir), pas étonnant que le film coûta très cher pour son époque tant on sent que chaque scène a été minutieusement travaillée. Un film particulier donc, mais que je conseille ardemment aux plus curieux : l’expérience vaut clairement le détour.


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7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Jeu 22 Avr 2021, 16:46

Ça semble vraiment intéressant à voir... Mais un poil flippant non ? (J'ai toujours trouvé que les vieux films muets exacerbaient la peur... :oops: )
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Jeu 22 Avr 2021, 18:14

Le film ne cherche pas à faire peur donc tu auras pas de frayeur devant je pense, mais y'a clairement une ambiance bien malsaine par moment, genre je montrerais pas ça à un gosse quoi.
Et ouais le muet a effectivement tendance à créer un côté effrayant sur des choses qui le seraient bien moins en couleur et sonore. J'avais eu la même pensée devant le Nosferatu de Murnau.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Jeu 22 Avr 2021, 18:20

Nosferatu est exactement le film auquel je pensais. Jamais osé le voir... Je crois que je suis une vrai flipette :eheh:
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Voyage à Tokyo - 3/10

Messagepar Alegas » Ven 23 Avr 2021, 10:27

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Tōkyō monogatari (Voyage à Tokyo) de Yasujirō Ozu
(1953)


Mon premier contact avec le cinéma d’Ozu avait été fait durant un cours de cinéma sur mes années lycée : je n’avais vu qu’une dizaine de minutes, et déjà je sentais que ce n’était pas pour moi, notamment à cause du rythme particulièrement lent et de la mise en scène statique. C’est pour cela que j’ai soigneusement évité ce réalisateur durant des années, tout en sachant que ma curiosité me ferait voir au moins un de ses films, histoire de mourir moins con, du coup autant choisir ce qui est généralement considéré comme son meilleur film. Pas de surprise sur le résultat : c’est du cinéma dans lequel je ne me reconnais pas du tout, et autant l’histoire sur le papier a de quoi retenir mon attention, autant c’est vraiment tout le traitement qui fait que je ne me suis jamais intéressé à ce que Ozu racontait. C’est donc tout un film qui va raconter la fin d’une époque : celle du vieux Japon avec ses valeurs familiales et traditionnelles, face à un nouveau Japon d’après-guerre en plein essor qui le remplace petit à petit. Tout ça est vu à travers un couple de retraités qui va se déplacer pour voir leur famille, sauf que forcément les enfants vont les délaisser peu à peu, trop occupés par leur travail (à l’exception d’une fille qui fait tout son possible pour trouver du temps à leur consacrer et les sortir un peu), et les petits-enfants ne montrent que peu d’intérêt face à leurs grands-parents.

Un récit qui se veut très calme puisqu’on assiste finalement à une lente déchéance du couple qui perd peu à peu ses repères, mais le problème à mon sens c’est qu’on comprend vite où Ozu veut en venir, et du coup on regarde ça en sachant très bien comment ça va se conclure, et seules quelques scènes poétiques vont sortir de la torpeur. L’autre souci, c’est que le film confirme pas mal les caricatures qu’on peut faire du cinéma de Ozu : c’est vraiment à 90% des scènes de dialogues entre quatre murs, avec la caméra au ras du tatami, et des mouvements de caméra qui doivent se compter sur les doigts des deux mains. Mais là où le film m’a surpris, de façon négative, c’est vraiment du côté du jeu d’acteur : je m’attendais à quelque chose d’assez naturel, et au final j’ai plus eu l’impression de voir du mauvais théâtre avec des acteurs qui récitent leurs répliques de la façon la plus monocorde possible, ce qui n’a pas vraiment aidé à l’implication de mon côté. Bref, c’est un film sur lequel j’ai fait un gros rejet, à quelques scènes près (il a fallu attendre la mort d’un personnage pour que j’ai un minimum d’implication émotionnelle), et là pour le coup je pense que ça m’a vacciné pour longtemps contre l’envie de revoir un autre film de ce réalisateur dont la réputation m’échappe.


3/10
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Film: Voyage à Tokyo
Note: 9/10
Auteur: Olrik

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Ven 23 Avr 2021, 10:43

Sur une base scénaristique très proche, Still Walking de Kore-Eda est cent fois mieux.

Sinon, c'est pour quand Fish Story ? :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Ven 23 Avr 2021, 10:49

Je l'ai en stock ! Je garantis pas que ce sera ce mois-ci mais je vais essayer de me le faire prochainement.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Criminale » Ven 23 Avr 2021, 11:17

Val a écrit:J'en profite pour conseiller American Honey, qui me semble tombé dans l'oubli depuis sa sortie.


Yes bien apprécié celui là. :super:

Ce genre de film ça lui va bien à Shia Labeouf.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar osorojo » Ven 23 Avr 2021, 11:20

Truc taillé pour moi que je suis quasi sur d'apprécier, mais damn, 2h 43m, jamais eu la motive de le lancer du coup :x
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Criminale » Ven 23 Avr 2021, 13:26

Oui c'est aussi ce qui m'a découragé pendant longtemps mais ça ne se ressent pas pendant le film.
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