Graveyard of Honor - Takashi Miike (2002)
Un remake que j'avais promptement conchié a sa découverte, pour cause s'attaquer a un tel monument du yakuza eiga était pour moi perdu d'avance. Mais le temps aidant a faire le tri, mûrir aussi, j'y ai trouvé des qualités même si encore je ne peux m'empêcher de jouer au jeu des sept erreurs devant le résultat final.
Miike a l'époque n'apparaissait pas encore comme le flamboyant défenseur du cinéma jap a l'ancienne qu'il sera par la suite, effectivement Graveyard of Honor tient davantage de ses V-Cinema qu'autre chose avec un tournage qu'on sent fait avec des moyens très limités. Et c'est ce qui va être la force et la faiblesse du film, il ne prétend jamais a se caler sur son modèle en gommant toute l'ambition scénaristique (exit donc toute la portée critique de la société japonaise, alors qu'en transposant l'action dans un Japon contemporain, le résultat aurait été interessant). Du coup, on a droit a un récit unilatéral sur un type qui n'en a strictement rien a faire du monde qui l'entoure, pas de rise, seulement un long fall ou le perso principal ne fait rien d'autre que de foutre le bordel partout où il passe, c'est jouissif d'un côté mais de l'autre, on perd l’ambiguïté de l'original qui jouait la carte de l'extrême pour mettre a nu l'hypocrisie des yakuzas, car le perso n'apparait jamais une seul fois humain (la relation avec sa "femme" est complètement foirée de ce point de vue là et les yakuzas apparaissent comme parfaitement légitimes).
Autre souci, c'est quand il reprend les scènes marquantes de l'original, il y a une forme de ridicule bien gênante (la façon dont Rikuo découvre la drogue par exemple ou la scène où il se fait assiéger par les flics) pas aidée par un Goro Kishitani qui a du mal a égaler la performance magnétique de Tetsuya Watari. Pourtant derrière le reste suit sans problème, Miike convoque ses acteurs habitués histoire de rendre la chose solide. Quand il essaye de se démarquer, là on se dit, il y a quelque chose, il joue beaucoup sur ses décors exigus, la caméra portée et surtout les plans séquences, celui où il pète un câble en tirant partout dans son appart, c'est du pur Miike style.
Au final, j'ai pas vraiment envie de tirer sur l'ambulance, le mec a osé le faire, assumé ses partis pris et limite, je me dis que s'il l'avait fait dix ans plus tard, on aurait eu un excellent film.
5,5/10