O.J. : Made in America de Ezra Edelman
(2016)
Un documentaire qui mérite amplement sa réputation élogieuse : la durée de quasiment huit heures peut en effrayer plus d’un, mais ça s’avère être rapidement la force du métrage, tant elle s’avère nécessaire pour traiter en profondeur le sujet. Car ici, il n’est pas juste question de parler du célèbre procès, mais bien d’évoquer de long en large la figure d’O.J. Simpson. Huit heures pour comprendre son statut de célébrité absolue, de saisir comment et pourquoi il s’est détaché de la communauté noire, d’analyser le procès par rapport aux tensions raciales des années précédentes à Los Angeles, et enfin de tirer les conclusions de son acquittement, autant du côté de la population noire que celle de la population blanche. C’est d’ailleurs l’une des grandes qualités du film : il n’est pas question ici de poser un jugement, les intervenants interrogés (avocats de la défense et de l’accusation, procureurs, membres du jury, famille, amis, policiers, etc…) sont loin d’être d’accord entre eux sur les sujets abordés, certains s’avèrent même racistes, hypocrites ou tout simplement dans le déni, mais c’est justement tout ça qui rend passionnant l’ensemble, vu qu’on a encore l’impression de voir une affaire qui continue de diviser l’Amérique plus de deux décennies après les faits.
Pour quelqu’un comme moi qui ne connaissait que de très loin le bonhomme et l’affaire, ce documentaire a fait l’effet d’une révélation, j’ignorais totalement à quel point O.J. était devenu une icône dans son pays, et hormis quelques éléments clés du procès (la brutalité du meurtre, le gant, la défense Chewbacca) je me suis rendu compte que je ne connaissais finalement pas grand chose de ce qui mérite d’être qualifié de procès du siècle. C’est en plus admirablement documenté, avec énormément d’images d’archive fascinantes (et parfois très violentes), ça traite absolument chaque aspect avec beaucoup de précision, ce qui est vital pour certains passages qui sont tellement bigger than life qu’on y croirait pas si ça se trouvait dans un film de fiction (la fuite de O.J. en voiture, le flic qui trouve le gant qui s’avère être un raciste notoire, la défense durant le procès, etc…). A la fois analyse d’un pays, d’une époque, du racisme aux USA, d’un procès, d’une icône médiatique, et tout simplement d’un homme à la vie hors-normes, O.J. : Made in America s’avère être à mes yeux l’un des meilleurs documentaires que j’ai vu de ma vie, hands down.
8,5/10