Je craignais la revision à la baisse et finalement non, je dirais même que cette seconde vision, avec les attentes mises à part, me donne l’impression d’aimer un peu plus ce film assez singulier. Néanmoins, je reprocherais globalement toujours la même chose qu’à la découverte : autant
Birdman est vraiment brillant sur les ¾ de sa durée, autant il me perd complètement une fois que le côté mindfuck prend le dessus sur le reste (grosso modo à partir du moment où le héros s’imagine de nouveau dans le costume de Birdman), et n’arrive qu’à me rattraper in extremis sur la toute fin, mais le mal est fait. C’est con car sans ça, si le film s’était contenté d’un postulat complètement réaliste sans faux fantastique ou pensées du personnage qui font irruption dans le cadre (sérieux, le délire de télékinésie, à quoi ça sert concrètement ?), j’aurais clairement pu mettre un bon 8 bien mérité.
Du coup, c’est vraiment toute la partie coulisses du théâtre que je retiens le plus du métrage, qui justifie complètement l’utilisation du plan-séquence et qui est en plus très drôle (Norton et sa trique
), et même si tout le côté mise en abyme avec Michael Keaton est vraiment réussi c’est dommage que ça aboutisse sur un truc aussi nébuleux (ou alors quelque chose m’échappe, mais quelle que soit l’interprétation que je trouve, elle n’arrive pas spécialement à me convaincre de son existence). Évidemment, le tour de force du film vient de son faux plan-séquence unique, qui est effectivement assez dingue, avec des raccords souvent invisibles (j’en capte moins d’une dizaine en cours de vision), une photographie à tomber, des ellipses bien gérées, un procédé qui arrive à se faire oublier (c’est pas 1917 quoi), mais qui trouve les mêmes limites que le film globalement : dès qu’on part sur la scène avec Keaton qui s’envole la justification du plan-séquence fait de même (et en plus les effets visuels ne vieillissent déjà pas très bien sur ce passage).
Côté casting, c’est la grosse classe, tout le monde joue super bien et la plupart livrent leur meilleure prestation depuis un moment. On a souvent dit et écrit que Keaton vole le show, mais ça serait vite oublié Naomi Watts, Emma Stone, et surtout Edward Norton qui a, à mon sens, le meilleur personnage du film (et puis vlà son jeu quoi, le passage de l’audition où il est au bord des larmes en quelques secondes ça pose le niveau, putain d’acteur). Clairement pas un grand film comme on a cherché à le vendre donc (Iñárritu le signera avec son projet suivant), mais ça mérite le coup d’œil, ne serait-ce que pour la prouesse technique et le casting au diapason.