Batman v Superman : Dawn of Justice (Batman v Superman : L'aube de la Justice) de Zack Snyder
(2016)
Pas de redécouverte pour celui-là : ça reste le mélange de moments plaisants et de déceptions que je gardais en tête depuis le cinéma. La version longue sortie en vidéo a beau améliorer certains points du métrage, notamment en rendant plus cohérent le plan de Lex Luthor et en donnant plus de présence à l’écran à Loïs Lane, mais ça ne change pas radicalement le résultat final comme on peut le lire ici et ailleurs. Ça reste donc un film malade, un film qui donne l’impression que Warner n’avait pas la patience de poser son univers avant de déclencher les hostilités pour rattraper la concurrence Marvel, un film qui veut être plein de choses à la fois (une suite de Man of Steel, un film sur Batman, l’introduction de la Justice League) et qui, malgré sa durée de trois heures, n’arrive pas à bien gérer tout ça.
Un film trop ambitieux pour le coup, et qui jure avec un Man of Steel qui s’avérait bien plus humble dans ses intentions. Et de façon assez contradictoire avec ce que je viens de dire, Batman v Superman est aussi un film sur lequel Snyder donne l’impression de vouloir faire le moins possible un film de super-héros. Ainsi, durant les deux premières heures, l’action est rare, Snyder privilégiant un côté film d’enquête (raté pour le coup, car bon avec Luthor introduit dès le début du film on se doute bien qu’il est derrière tout ça) et une description socio-politique du monde qu’il filme (pas inintéressant, mais qui décontenance clairement). Là aussi, le mélange ne marche que moyennement, et confirme que le talon d’Achille du métrage réside clairement dans son écriture, chose qui ne changera pas dans son dernier acte, entre teasers ridicules de la Justice League (ces vidéos de surveillance, il n’y avait pas mieux pour voir les premières apparitions de Aquaman et Flash à l’écran ?), Wonder Woman qui donne l’impression constante d’être un élément rajouté à la dernière minutes, et le fameux coup de Martha (qui est pas idiot pourtant, Batman qui réalise que Superman tient plus de l’humain que de l’alien est une bonne idée, mais l’exécution laisse clairement à désirer).
A cela s’ajoute d’autres choix étranges, tenant parfois de la direction artistique (Doomsday qui ressemble à un troll du Seigneur des Anneaux) ou des choix de casting (Lex Luthor qui devient un jeune millionnaire siphonné, why not, mais fallait-il vraiment prendre celui qui avait incarné Zuckerberg quelques années plus tôt ?), qui finissent de transformer le film en une déception conséquente. Reste que, malgré tout cela, le plaisir de visionnage est bien là, et Snyder a beau trébucher à de nombreuses reprises, il est aussi capable de confirmer les bons choix qu’il avait pris sur Man of Steel. Sa vision divine de Superman est encore une fois épique à souhait, son Batman s’avère être une nouvelle vision à l’écran bienvenue du héros (son combat dans le hangar est aisément la meilleur scène d'action live faite jusqu'ici avec ce personnage), et puis le combat tant attendu est à la hauteur des attentes, trouvant le juste milieu entre gros passage bourrin et quelque chose de plus raisonnable et terre à terre.
Bref, ça a beau être une suite qui s’effondre en partie sous son propre poids, c’est aussi un film qui, à mon sens, n’a pas mérité le flot de haine qu’il s’est pris sur la gueule depuis sa sortie, surtout à l’heure où quasiment chaque film Marvel est célébré en répétant juste une formule magique. Là, au moins, ça montre la thune à l’écran, ça a de l'ambition qui déborde de l’écran par moments, ça refuse autant que possible le second degré pour embrasser une vision quasi mythologique du super-héros, bref pour moi ça ressemble plus à du cinéma que la concurrence directe qui revendiquerait plus de la série TV surbudgétée. Dommage que le public et les producteurs en ont décidé autrement, foutant en l’air par la suite un univers cinématographique qui ne partait pourtant pas si mal que ça.
6/10