[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Scalp » Mer 24 Fév 2021, 13:09

Là j'avoue c'est un gros argument.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Mer 24 Fév 2021, 13:42

Mark Chopper a écrit:Mafia Salad, je pense que tu es le seul à l'avoir vu :eheh:


Le complétisme dans ce qu'il a de plus malsain, que veux-tu :(
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Ad Astra - 9,5/10

Messagepar Alegas » Mer 24 Fév 2021, 16:49

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Ad Astra de James Gray
(2019)


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"I am looking forward to the day my solitude ends."


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Les années 2010’s auront permis de voir la naissance d’une sortie de trilogie thématique involontaire de la part de trois réalisateurs différents : avec Gravity, First Man et Ad Astra, Cuarón, Chazelle et Gray auront chacun livré leur vision d’une même histoire, celle du voyage d’un héros qui va devoir effectuer un voyage dans l’espace afin de faire le deuil qu’il ne peut pas faire sur Terre, voyage qui se conclura par son retour à la vie, presque sous la forme d’une renaissance. Trois films qui ont trouvé grâce à mes yeux, chacun à leur façon, mais c’est clairement Ad Astra qui résonne le plus en moi d’un point de vue purement personnel, non seulement sur la personnalité du protagoniste, mais aussi sur le sujet de la quête, l’ambiance mise en place par Gray, les influences, etc…

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Dans la carrière de Gray, Ad Astra sonne comme une sorte d’aboutissement : non seulement le film se veut être un prolongement de Lost city of Z sur plusieurs niveaux, la filiation paternelle, thématique présente dans quasiment chacun de ses films, n’a jamais été autant au centre de l’intrigue, et puis surtout le film est l’occasion pour Gray de réaliser l’un de ses rêves, à savoir réaliser une adaptation officieuse de Heart of Darkness, le tout sous l’influence de ses films préférés (Apocalypse Now et 2001 notamment). Un projet pour le moins ambitieux donc, et dont le résultat final tranche avec ce que les blockbusters d’aujourd’hui proposent : il n’est ici nullement question de spectacle et de rythme soutenu, chez Gray on est dans l’introspection constante, où le rythme lent permet de prendre le temps de poser l’univers et de décrire l’évolution de l’état d’esprit du personnage. D’autant que le personnage en question est pour le moins particulier, et c’est là où le film commence à toucher en moi une corde sensible, car à mon sens Ad Astra est peut-être le meilleur film que j’ai pu voir traitant de l’autisme.

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C’était l’évidence même à la découverte du métrage, le personnage de Roy McBride est quelqu’un atteint de troubles du spectre autistique. Toute la construction narrative est basée là-dessus, l'évolution du personnage aussi, idem pour la forme visuelle et l’interprétation, et c’est quelque chose qui se confirme en s’informant sur les premières versions du script, où Gray rendait explicite ce point, pour finalement décider de rendre la chose plus subtile (à raison). Cela rend le film d’autant plus captivant à mon sens car ça transforme la quête du personnage en quelque chose de bien plus puissant, et à la fin ce n’est pas tant la question d’avoir retrouvé le père qui importe, mais plutôt celui d’avoir laissé de côté ce qui l’empêchait d’avancer (le départ du père à un jeune âge, après tout, pourrait être la cause des troubles de Roy), et de pouvoir s’ouvrir vers l’extérieur (le film commence avec un monologue où McBride précise qu’il déteste être touché, et la première chose qu’il fait à son retour sur Terre est de prendre une main tendue pour être relevé, c’est symboliquement très fort).

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Tout le film va épouser le point de vue renfermé du protagoniste, et autant c’est quelque chose qui est évident avec l’utilisation du silence ou de la voix-off, autant ça passe aussi dans des choses très subtiles, en témoigne le plan où la femme laisse ses clés avant de quitter Roy, Gray filme la scène de façon à complètement isoler son personnage via la mise au point. Le tout donne un film, comme dit plus haut, complètement opposé à ce qu’on pourrait attendre d’un film spatial avec Brad Pitt en lead, les situations sont là pour servir le personnage, et pas l’inverse, chaque scène prend son temps, l’ambiance visuelle a des parti-pris extrêmes (superbe partie sur Mars), et même la musique part dans quelque chose de bien plus expérimental que classique. Le film permet aussi à Gray de souligner une vision de l’humanité peu flatteuse : chaque étape du voyage de Roy est un rappel que les humains répètent sans cesse les mêmes erreurs, sont des world-eaters (la Lune avec ses centres commerciaux et ses pirates, les expériences animales sur la station, Mars avec son apparence de prison et ses directives où l’empathie n’a plus sa place), et finalement le but ultime du père aux confins du système solaire s’avère être ni plus ni moins qu’un mirage, un moyen comme un autre de fuir la folie des hommes en cherchant une autre forme d’intelligence dans l’univers (et là aussi, le constat est désespérément pessimiste : nous sommes seuls dans cet immense vide).

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Gray passe un cap en termes de mise en scène, l’ampleur du projet aidant, et ça lui permet clairement de montrer son côté formaliste, chose qui n’était pourtant pas si présente que ça dans ses films antérieurs. Le film entier est visuellement une ode à la solitude (l’espace a rarement été aussi bien filmé à mon sens), à la place infime de l’humain dans un environnement qui le dépasse complètement, sublimé par des ambiances propres à chaque environnement (gros boulot sur l’utilisation des couleurs). Le tout est entrecoupé de beaux morceaux de bravoure, que ce soit la chute de l’antenne dans les premières minutes, la traversée du lac artificiel, l'atterrissage sur Mars et surtout l’attaque des pirates sur la Lune, où le découpage précis et le sound-design fait des merveilles.

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Mais le film n’est jamais aussi bon que dans ses moments intimistes, et pour le coup ça doit énormément à la prestation de Brad Pitt, que je trouve extrêmement sous-estimée. C’est simple, c’est à mes yeux l’une des meilleures performances de sa carrière, il y est tout en retenue de sentiments, d’intériorisation, pour exploser sur deux scènes où il est juste magistral (le message envoyé au père, puis le moment où ce dernier lui demande de le laisser partir). Il porte en plus le film entier sur ses épaules, et à mes yeux il méritait toutes les récompenses du monde pour ce rôle. Tommy Lee Jones, malgré son peu de présence à l’écran, n’est pas en reste et rappelle quel sacré acteur il peut être. En seulement quelques minutes il donne énormément d’épaisseur à ce personnage qui a sacrifié la totalité de son existence (famille, équipage, décennies) pour l’espoir qu’on lui dise qu’il n’est pas seul.

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Quand à Liv Tyler, je suis surpris de lire généralement qu’elle aurait mérité plus de scènes, alors que c’est justement sa présence quasi fantomatique qui rend son personnage aussi symbolique. J’ignore si c’était l’intention première de Gray, car entre les reshoots, le remontage et les nombreux plans présents dans les trailers et qui ne sont pas dans le final cut, ça donne l’impression qu’elle devait être bien plus présente, mais de mon côté j’adore la façon dont elle est traitée au final, on évite le côté drama lourdingue dans lequel le film aurait pu tomber (et globalement, vu le contexte de production du film avec le rachat de la Fox, je suis très surpris que le film reste autant une expérience singulière et pas une tentative de blockbuster). Bref, Ad Astra est à mes yeux très proche du chef-d’œuvre, un film où j’ai l’impression de redécouvrir sa densité à chaque vision, le tout enrobé d’une mise en scène qui confirme tout le bien que je pouvais penser de Gray, c’est ni plus ni moins qu’un de mes films préférés de la décennie passée.


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"He captured strange and distant worlds in greater detail than ever before. They were beautiful, magnificent... full of awe and wonder. But beneath their sublime surfaces... there was nothing. No love or hate. No light or dark. He could only see what was not there... and missed what was right in front of him."


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9,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Mer 24 Fév 2021, 17:35

Belle critique "à l'ancienne" pour un film qui le mérite amplement :super:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar lvri » Mer 24 Fév 2021, 17:46

J'en garde un bon souvenir, mais pas aussi fort que toi. Mais ça donne envie d'y rejeter un œil :super:

Alegas a écrit:C’était l’évidence même à la découverte du métrage, le personnage de Roy McBride est quelqu’un atteint de troubles du spectre autistique


Par contre, je suis pas totalement convaincu sur ce point (dans tous les cas, à moins que ce soit précisé clairement, je ne vois pas ce qui t'a convaincu de ça)
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 24 Fév 2021, 18:02

Comme dit dans ma critique, c'est comme ça qu'était présenté le personnage de Roy dans les premières versions du script, Gray a ensuite décidé de ne pas l'expliciter.

Et il semblerait que je sois loin d'être le seul à avoir ce point de vue sur le film, je renvoie notamment à cette critique qui semble être écrite par quelqu'un qui souffre encore de troubles autistiques.

Ad Astra is the most autistic movie I’ve ever seen. There is no explicit descriptions of Roy’s condition, but it’s obvious to anyone who pays attention: there’s his self-control (even the ability to control the pace of his heartbeat), his dedication to process, his emotional repression, and his walls breaking down whenever something doesn’t go to plan. Throughout the film, we constantly hear the thoughts in his own head. They are scattered and looping, seemingly simplistic at first but gradually more complex and melancholic. They never truly stop. He is always thinking about something; his brain will never slow down. The narration is a perfect reflection of what it’s like to be in my head in a way that no movie has really captured before. Even with films about explicitly autistic protagonists, there is always a distance between subject and craft. There is always something we will never understand about them, because we can only see how they act and not how they feel or how they think. In Ad Astra, we see all of Roy. Every part of him is exposed to the lens. We have to sit with his thoughts and his posturing and realise that he’s struggling.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Scalp » Mer 24 Fév 2021, 18:34

Aucun envie de le voir celui là.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mer 24 Fév 2021, 18:52

Asperger léger, je veux bien. Pas plus.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 24 Fév 2021, 19:18

Ah bah après il y a autant de troubles autistiques qu'il n'y a d'autistes, donc clairement je dis pas que le mec est Rain Man. Mais entre son intériorisation maladive, sa capacité de concentration et de maîtrise de soi hors-norme, sa hantise d'être touché et le fait que tout a l'air de découler d'un moment perturbateur précis, ça colle.
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Messagepar lvri » Mer 24 Fév 2021, 19:28

Alegas a écrit:Comme dit dans ma critique, c'est comme ça qu'était présenté le personnage de Roy dans les premières versions du script


Possible. C'est plus le début de ta phrase "c'était l'évidence même à la découverte" qui m'interrogeait.
Après oui, il y a un tas de trouble autistique différent. Donc en soit, c'est possible. Mais je doute plus sur l'évidence.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 24 Fév 2021, 19:32

Pour l'évidence, je parlais pour moi évidemment. Au premier visionnage ça m'était venu direct à l'esprit.
Mais si Gray a viré ce côté explicite, c'était justement pour que ce ne soit pas aussi évident (et aussi peut-être parce que ce n'était pas très vendeur pour un blockbuster d'avoir un héros pareil).
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Messagepar angel.heart » Mer 24 Fév 2021, 21:14

Plutôt bien aimé celui-là, alors que je redoutais la séance.

Sinon, pour en revenir au De Palma, c'est de la merde. De loin son plus mauvais film. Pas encore vu Mafia salade et Domino, mais c'est bien plus détestable que ses premiers films, chiants mais pas dénués d'intérêt.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Alegas » Mer 24 Fév 2021, 21:55

Du coup je pense que j'irais quand même jusqu'au bout de la filmo de De Palma, ne serait-ce que par curiosité. Je vais privilégier Black Dahlia, Raising Cain et Le bûcher des vanités dans un premier temps, et après j'essaierais de trouver ses premiers films.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Mer 24 Fév 2021, 21:57

Nan mais Le Dahlia noir il faut lire le roman et oublier l'existence du film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar maltese » Mer 24 Fév 2021, 21:59

Le bûcher des vanités en priorité :super: (les autres...enfin, L'esprit de Caïn, on peut y trouver un plaisir coupable devant l'étrange n'importe quoi que c'est par moments :voleur: ).
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