Casualties of war (Outrages) de Brian De Palma
(1989)
Sur les derniers De Palma qu’il me reste à voir, c’était le dernier sur lequel j’avais à peu près la certitude que ce serait un bon film. Fort heureusement, ça ne loupe pas, c’est effectivement du bon De Palma de la bonne époque, avec la mise en scène que cela sous-entend. Fort du succès de Untouchables, De Palma en profite pour faire son film sur la guerre du Vietnam, et va aborder un fait réel, à savoir la capture d’une jeune autochtone par des soldats américains qui la violeront puis la tueront. Du coup, il n’est nullement ici question de combats, on en voit rapidement au début mais c’est surtout là pour présenter les personnages, et on rentre rapidement dans le vif du sujet avec des soldats qu’on prive de permissions et donc de femmes, et dont la frustration et la haine du conflit va aller tellement qu’ils en viendront à commettre l’irréparable.
On est vraiment dans une descente aux enfers, dont le seul point d’empathie sera celui du personnage du Michael J. Fox, seul soldat encore capable d’un peu de bon sens (même les officiers sont corrompus, ils savent ce qui se passe mais veulent éviter au maximum que l’image de l’armée soit éclaboussée), mais qui va être complètement déchiré en deux vu qu’il doit quand même la vie à ceux qu’il désapprouve moralement. De Palma traite ça de la façon habituelle chez lui, à savoir avec assez peu de subtilité, mais on notera quand même qu’il évite à plusieurs reprises d’aller dans quelque chose de trop gratuit, en témoigne la scène de viol qui restera toujours filmée de très loin, épousant ainsi le point de vue de Fox. Pour le reste, le côté gros sabots m’a pas particulièrement gêné, je savais à quoi m’attendre avec De Palma, mais il y a quand même deux choses qui auraient mérité un traitement plus léger : la mort de la jeune fille qui va quand même assez loin dans le grandiloquent, et le jeu de Sean Penn qui passe à quelques reprises la limite du cabotinage (ok le perso devient complètement fou, mais il y avait moyen d’avoir un truc plus subtil).
Visuellement, c’est du De Palma en pleine possession de ses moyens, et même si c’est pas son film le plus marquant sur cet aspect il y a quand même des plans et des scènes qui marquent la rétine (le plan-séquence qui passe à travers le sol pour aller dans un tunnel vietnamien, les doubles focales, les viols répétés en fondus enchaînés, le final, etc…). La grande surprise de mon côté aura été la performance de Michael J. Fox, qui trouve là sa meilleure prestation à ma connaissance. Sinon, on a la musique de Morricone qui sublime le tout, et il y a plusieurs têtes au casting qui se feront connaître par la suite (John C. Reilly évidemment, mais aussi Ving Rhames et John Leguizamo). De Palma qui filme le Vietnam, ça fait pas dans la dentelle, mais ça donne un film assez marquant et dérangeant par moment. Pas étonnant que le film n’ait pas marché aux States, tant c’est l’image même du film sur le conflit qui met le doigt là où ça fait mal.
7,5/10