Pickup on South Street (Le port de la drogue) de Samuel Fuller
(1953)
Vu la réputation du film, je m’attendais à beaucoup mieux, genre un sommet du film noir, alors que c’est plutôt un film dans la moyenne du genre, qui va se démarquer un peu dans quelques séquences. C’est pas un secret, le film noir de mon côté est un genre avec lequel j’ai un peu de mal, tant je le trouve particulièrement répétitif dans ses codes et situations, et je préfère largement quand des réalisateurs s’en emparent pour le tordre et le mêler à d’autres genres. Avec ce film donc, j’ai globalement eu l’impression d’avoir vu quelques dizaines de fois la même chose auparavant, mais heureusement le script va avoir quand même quelques points d'originalité qui font que ça reste tout de même agréable à suivre, entre le fait d’avoir un personnage principal qui est un pickpocket (ce qui donne lieu à deux séquences très bien montées dans le métro), un indic qui représente tout un mal-être de la population pauvre de l’époque (superbe dernière scène pour cette femme qui fait tout ce qu’elle peut non pas pour gagner sa vie, mais pour s’offrir un enterrement décent) et enfin une menace communiste. D’ailleurs, ce dernier point est un peu limite par moment, car on sent bien le côté propagande anti-rouge. Ok, c’est l’époque qui veut ça, mais il y avait quand même moyen d’avoir ça sans que ça parasite complètement le ton du film, là ça fait vraiment forcé et du coup je pense que l’adaptation française (qui remplace les communistes par des trafiquants de drogue) a en partie corrigée ce souci.
Autre problème, et pour le coup c’est vraiment ce qui me gêne le plus dans le film : on ne croit jamais à l’histoire d’amour passionnelle. Ça arrive beaucoup trop vite, c’est développé à l’arrache, et jamais on ne croit au sacrifice que Jean Peters est capable de faire pour Widmark (surtout quand on voit comment il la traite en retour
) et encore moins au happy-end. Formellement, je dois m’avouer un peu déçu, le film ne manque pas de quelques scènes marquantes (les deux scènes du métro déjà citées, le long travelling sur la confession de Moe
, la fuite par le monte-charge, la baston finale) mais pour un film que Scorsese cite souvent comme l’une de ses influences majeures, je m’attendais à quelque chose de plus fou (même si on voit clairement ce que Scorsese a repris, entre la violence brute et le propos existentiel par moment). Bref, je suis content de l’avoir découvert, mais c’est pas spécialement un film noir que jaurais envie de revoir à l'avenir je pense.
6,5/10