[Alegas] Mes Critiques en 2021

Modérateur: Dunandan

À travers l'orage - 4/10

Messagepar Alegas » Dim 07 Fév 2021, 19:03

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Way Down East (À travers l'orage) de D.W. Griffith
(1920)


Entre celui-là et Le Lys brisé que j’ai découvert en fin d’année dernière, je commence à comprendre que le cinéma de Griffith s’est vraiment effondré après Intolerance. Non pas que les films suivants soient particulièrement mauvais, pour ce que j’en ai vu il y a quand même des choses positives à retenir, mais clairement Griffith n’a jamais su se renouveler après son immense film épique, et il est clairement allé dans la répétition ensuite, sans doute pour éviter autant que possible l’échec financier qu’il avait connu. Et quand je parle de répétition, c’est aussi bien formel que narratif. On est ici clairement dans du mélodrame à la Griffith tout ce qu’il y a de plus banal : une jeune femme pauvre qui va se retrouver marié à un homme riche, ce dernier va se révéler être un salopard, et on va suivre le chemin de croix de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle se fasse accepter par une famille plus modeste, le tout entrecoupés de mensonges, de révélations, etc..

Rien de bien neuf à l’horizon donc, le seul moment réellement mémorable du film se révèle être le sauvetage sur la fonte des glaces dans les dernières minutes du métrage, et autant j’aurais pu être indulgent sur un film de 90 minutes comme Le Lys brisé, autant là ça pousse quand même le vice avec une durée de quasiment 2H30 alors que ça ne le justifie jamais. En plus, j’ai eu le malheur de voir ce film quelques jours après avoir découvert J’accuse de Abel Gance, sorti un an plus tôt, et la comparaison entre les deux montre bien que Griffith a vite été dépassé formellement. C’est plan-plan, ça filme la majorité des scènes comme une pièce de théâtre, et surtout ça raconte l’histoire uniquement avec les cartons et rarement avec l’action des personnages. Sur une histoire compliquée, j’aurais pu comprendre, mais là franchement il y a une surutilisation de cartons pour pas grand chose. Bref, je sens que je vais bientôt m’arrêter avec ce réal, je tenterais peut-être quand même Orphans of the storm vu qu’il a une bonne réputation, mais je doute que je continuerais ensuite.


4/10
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Royaume des chats (Le) - 6/10

Messagepar Alegas » Lun 08 Fév 2021, 11:15

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Neko no ongaeshi (Le Royaume des chats) de Hiroyuki Morita
(2002)


Critique rapide sur celui-là vu que je ne sais pas trop quoi en dire. Ça fait clairement partie des productions Ghibli mineures mais ça ne manque pas de charme pour autant. Ce qui fait la force du film est aussi son plus grand défaut, à savoir sa simplicité à quasiment chacun des niveaux : histoire qui peut se résumer en quelques lignes, épaisseur des quelques personnages, péripéties, densité des décors, qualité de l’animation, mise en scène, tout se veut assez minimaliste. Ça donne un divertissement d’aventure agréable à regarder et qui, je pense, peut particulièrement plaire aux plus jeunes (ça a en plus une durée très courte), mais du coup une fois le film fini il n’y a quand même pas grand chose à retenir, si ce n’est peut-être quelques moments humoristiques ou le climax final. Et puis j’avoue ne pas trop comprendre ce qu’a voulu faire Ghibli avec ce film, qui reprend plusieurs éléments de Si tu tends l’oreille (le Baron et le Matou notamment) sans en faire réellement un film affilié, ça donne limite l’impression qu’ils avaient besoin de personnages et qu’ils ont décidé de prendre ceux là pour limiter les coûts, je serais curieux de savoir ce qu’il en est réellement. Sympathique à regarder sur le moment, mais aisément oubliable, ce qui est décevant de la part d’un studio qui livrait un très grand film l’année d’avant.


6/10
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Auteur: pabelbaba

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Meurtre mystérieux à Manhattan - 4/10

Messagepar Alegas » Lun 08 Fév 2021, 18:59

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Manhattan murder mystery (Meurtre mystérieux à Manhattan) de Woody Allen
(1993)


Ce Woody Allen aura le mérite de me confirmer quelque chose que pressentais pas mal sur certains de ses autres films : autant le mec a un talent certain pour les dialogues, la direction d’acteurs et les intrigues qui sont centrées sur des relations entre personnages, autant le bonhomme est clairement pas à son aise dès qu’il tente de faire autre chose. Ici donc, c’est globalement Allen qui a vu Rear window et qui s’est dit qu’il allait faire plus ou moins pareil. On suit donc un couple new-yorkais à la vie monotone qui va faire connaissance de leurs voisins. La voisine va crever le lendemain dans des circonstances un peu louches, et du coup le couple (enfin plus la femme parce que le mari subit plus la situation qu’autre chose) va enquêter pour prouver que c’est le mari qui a fait le coup.

Le problème, c’est que pour réussir un film pareil il faut une mise en scène qui s’adapte à son sujet, et un sens visuel de la narration, et c’est clairement pas le cas de Allen qui filme là comme il filmerait n’importe quelle comédie. Du coup, la partie enquête va se limiter à filmer les acteurs réciter leurs dialogues, et les quelques moments où Allen tente de faire du suspens font peine à voir (le passage où Keaton est chez le voisin alors que ce dernier revient chez lui, c’est le degré zéro de la tension). En plus, Allen enfonce bien le clou en citant à plusieurs reprises Double indemnity de Wilder, mais du coup quand on voit le résultat ça fait un peu pitié. Très vite, on sent bien que Allen s’en fiche un peu de son enquête, et qu’il est plus intéressé par la dérive du couple où chacun va frôler l’adultère, mais même ça c’est vraiment pas intéressant vu qu’on se doute bien que le couple va survivre avec la résolution de l’affaire. Reste du coup quelques passages amusants (l'humour, malheureusement, est répétitif sur la longueur), des dialogues savoureux (je saurais désormais d’où vient la réplique “Wagner me donne envie d’envahir la Pologne”), quelques jolis coins de New York, Jerry Adler et la première apparition de Zach Braff au cinéma, mais ça ne fait pas un film.


4/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar pabelbaba » Lun 08 Fév 2021, 20:31

Je l’avais listé sur Netflix, je laisse tomber.

Merci. :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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J'accuse (1919) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 10 Fév 2021, 00:07

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J'accuse de Abel Gance
(1919)


J’avais évité jusqu’ici le cinéma d’Abel Gance surtout à cause de la durée de ses films : la majorité de ses bobines les plus réputées dépassent facilement les trois heures pour en faire parfois le double, et il aura fallu attendre que je me plonge complètement dans l’histoire du cinéma muet pour avoir la motivation de tenter l’expérience. Désormais, je regrette pas mal d’avoir zappé aussi longtemps le bonhomme, tant de ce que je vois avec J’accuse est à l’opposé total de ce que je craignais, et puis surtout en termes de modernité de mise en scène j’ai l’impression de trouver le chaînon manquant entre le Griffith de Naissance d’une nation et le trio magique Lang/Murnau/Eisenstein. Alors déjà j’avoue que j’ai été très surpris par l’histoire contée : comme un idiot, vu le titre, j’étais parti du principe que ça allait être un film sur l’affaire Dreyfus :mrgreen: , alors qu’au final Gance ne reprend que le titre de Zola pour faire tout un plaidoyer sur la guerre.

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Toute la puissance du film vient du fait qu’il est tourné en partie alors que la Première Guerre Mondiale fait encore rage, pour finalement sortir quelques mois après l’Armistice, et du coup ça se ressent que la souffrance est encore toute récente, ça rend le propos d’autant plus fort. On a même des scènes de véritables affrontements filmés par Gance lors d’une des dernières batailles de la Guerre, et il fait carrément appel à des soldats en permission pour filmer une superbe séquence de rêve éveillée où les morts au front reviennent à la vie, une séquence d’autant plus poignante quand on sait que ces mêmes soldats ont été pour la plupart tués dans les semaines suivantes. Bref, c’est un film qui en a gros sur le cœur, ça se sent, et ça a beau durer quasiment trois heures ça reste quand même captivant à regarder. Il y a bien quelques longueurs, mais ça me paraît bien plus justifié que chez Griffith par exemple, on a des personnages avec nettement plus d’épaisseur.

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Pour sa plus grande partie, le film est surtout un mélodrame : on va suivre deux soldats qui aiment la même femme et qui se détestent cordialement, mais qui vont peu à peu oublier leur haine pour devenir de véritables frères de sang. Forcément, les quelques permissions pour revenir au pays vont chambouler tout ça, et sans spoiler je dirais juste que ça ose des trucs assez dark pour l’époque, notamment les crimes de guerre et leurs conséquences. En plus, c'est très bien supporté par des personnages qui existent vraiment à l'écran, même les secondaires (le must étant la relation qui va se créer entre la mère et père, qui s'évitent à la base mais qui vont être liés par leur envie de revoir leur enfant respectif). Tout ça va déboucher sur un dernier acte qu’on sent être la partie qui intéresse le plus Gance, avec un personnage qui va faire tout un discours sur la futilité de la guerre et sur l’insouciance du peuple resté au pays pendant qu’on combattait pour lui. Une dernière partie pas toujours très fine, qui mélange nationalisme forcé (était-ce vraiment utile d’avoir cette image du gaulois accompagnant les soldats à la charge ?) et accusation un peu vaine (est-ce qu’on mérite vraiment que d’autres personnes meurent pour nous ?), mais qui aboutit sur un superbe final (le poème au Soleil, sublime scène qui renvoie à deux autres belles séquences avec la mère du héros) et sur des images très inspirées (ce plan avec les croix qui vont être remplacées par les cadavres, c’est très fort).

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Comme dit plus haut, formellement c’est hyper moderne pour l’époque. Il faut imaginer du Griffith (montage rythmé, volonté de faire une grande fresque) mais sans les tares de ce dernier, ce qui apporte du coup une variété de cadrages assez dingue, une tendance au symbolique et au poétique (le réveil des morts évidemment, mais aussi cette vision redondantes des squelettes dansants), des idées de jeux d'ombres et de surimpressions étonnantes, et surtout une économie de cartons pour faire parler au maximum les images. Sur ce dernier point, le meilleur exemple reste celui du poème récité à la mère, chez Griffith ça aurait été probablement des cartons successifs permettant de lire le poème, chez Gance c’est une succession de plans de nature, et du coup le poème se fait dans la tête du spectateur, ce dernier apportant sa propre sensibilité à ces scènes. Bref, je n’hésiterais pas à dire pour le coup que Gance me paraît être le premier grand metteur en scène français de l’histoire du cinéma, et j’ai très envie de découvrir d’autres titres de sa filmo pour confirmer ça. Un beau mélodrame de guerre qui, malgré sa durée un poil excessive et quelques défauts, reste quand même une sacré péloche.


"Je m'appelais Jean Diaz, mais j'ai changé de muse
Mon doux nom de jadis, est devenu : J'accuse !"


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Vie volée (Une) - 7/10

Messagepar Alegas » Jeu 11 Fév 2021, 12:18

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Girl, interrupted (Une vie volée) de James Mangold
(1999)


Pour le coup, j’ai maté ce film en faisant entièrement confiance à Mangold, car entre le sujet et le casting c’est clairement pas le genre de projet qui me tente au premier abord. Au final, c’est une bonne surprise, et une nouvelle preuve que Mangold plutôt efficace qui, si il ne transforme pas forcément tout ce qu’il touche en or, a clairement ce qu’il faut rendre un minimum intéressants les films sur lesquels il s’embarque. Ici donc, on est dans le pur drame psychologique, avec une jeune fille dans les années 60 qui se voit dirigée vers un asile psychiatrique et cataloguée comme dépressive alors que son seul défaut est de ne pas se reconnaître dans son époque et dans sa famille, et qui va devoir faire tout un travail sur elle-même au contact des autres patientes. On pense forcément un peu à One flew over the cuckoo’s nest, mais là où le Forman est un doigt pointé vers les institutions qui brident la liberté, ici on est clairement plus dans quelque chose d’intimiste. L’asile et ses employés sont fermes, certes, mais se révèlent être de bonnes gens, et les véritables menaces du métrage vont surtout être l’inaction du personnage principal vis à vis de son état, et le personnage d’Angelina Jolie qui la conforte dans l’idée que le problème ne vient pas d’elle, mais des autres.

C’est là toute la force du métrage : la relation entre Ryder et Jolie fait avancer le récit dans des chemins qu’on n’attendait pas, et même si ce n’est pas toujours hyper fin, c’est assez sincère pour être convaincant, en plus de livrer quelques séquences mémorables (la visite chez la nana qui bouffe que du poulet et la conclusion de ce personnage, wow). Dommage du coup que les dernières minutes du métrage viennent gâcher un peu l’ensemble : la résolution paraît beaucoup trop facile, là où j’aurais largement préféré une véritable confrontation psychologique entre les deux personnages et Ryder qui se détourne totalement de Jolie, ça aurait été symboliquement plus fort à mon sens. Formellement, c’est pas avec ce film que Mangold montre une patte quelconque, mais il emballe ça plutôt bien et surtout il s’efface derrière son sujet pour mieux le mettre en avant, c’est clairement suffisant pour ce genre de film. En revanche, il prouve à nouveau une aisance certaine dans la direction d’acteurs : Jolie y trouve sans doute le rôle le plus intéressant de sa carrière, Winona Ryder est excellente de bout en bout, et la galerie de seconds rôles (Whoopi Goldberg, Jared Leto, Brittany Murphy, Vanessa Redgrave et même une jeune Elisabeth Moss) assure comme il faut. Un joli drame sur une génération paumée, qui vaut autant pour le traitement de son propos que pour la qualité de ses interprétations.


7/10
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Train (Le) (1964) - 8,5/10

Messagepar Alegas » Ven 12 Fév 2021, 20:41

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The Train (Le Train) de John Frankenheimer
(1964)


Il va sans dire que j’étais déjà pas mal convaincu par le travail de Frankenheimer, surtout sur la suite de French Connection que je trouve terriblement sous-estimée, mais là avec ce film on passe un sacré level : de ce que j’ai vu c’est clairement le film que je préfère du bonhomme, et qui me donne envie de me plonger dans son début de carrière. Déjà, rien que du côté du pitch et du propos, j’ai l’impression que le film a été fait pour moi : un gradé SS prépare un train rempli des plus grandes œuvres d’art françaises pour les transporter à Berlin avant que Paris soit libéré, et du coup on va suivre tout le travail des Résistants pour empêcher ce train de quitter le pays, notamment à travers un homme qui se sent pas spécialement concerné par l’objectif à la base mais qui va finalement tout donner pour y arriver. Contrairement à ce que laisse présager l’affiche, on est pas du tout dans du film de commande à la Dirty Dozen, on est plus devant une version américaine de La bataille du rail, à savoir un hommage aux cheminots qui ont tout fait pour compliquer la vie aux forces allemandes, mais avec un côté quand même plus musclé que le René Clément : ce qu’on perd en aspect documentaire, on le gagne en action rythmée.

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J’aime beaucoup le fait que le récit prenne son temps au début en posant ses personnages, la situations et les enjeux, non seulement ça permet d’avoir une évolution intéressante sur qui est le héros de l’histoire (on se doute que c’est Burt Lancaster évidemment, mais mine de rien le personnage de Michel Simon a une grosse part à l’écran au début, avant d’être celui qui va faire pencher Lancaster vers sa cause), sur le fonctionnement des retards mais aussi sur l’importance des œuvres d’art contenues dans le train, ce qui amènera à un final assez puissant sur la thématique du prix de la vie des hommes face à l’art intemporel qui fait la fierté d’une nation. Comme le René Clément, ça se révèle très bien documenté sur les techniques des Résistants, et là ça va assez loin avec carrément des modifications du noms des gares au dernier moment (mortel ce montage où le train évolue dans la nuit et où on se demande quand l’officier allemand va se rendre compte de l’illusion), et des déraillements en pagaille (où Frankenheimer fait bien sentir le temps perdu par les allemands à chaque fois). Et puis j’adore le final en mode un contre cent, et le fait qu’on garde aussi le point de vue l’officier allemand qui en fait une affaire personnelle, ça apporte un face à face bien marquant, avec un peu de survival carrément appréciable.

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Formellement, c’est top, ça trouve un super équilibre entre mise en scène de qualité (c’est le festival aux compositions de cadre et mouvements travaillés :love: ) et réalisation qui s’efface derrière son sujet. On sent que Frankenheimer (qui remplace un Arthur Penn initialement prévu) est impliqué dans le fait de rendre son film le plus immersif possible, et ça donne un paquet de séquences mémorables qui prouvent qu’il a un vrai sens du rythme et de l’action (la scène de l’avion :shock: , le bombardement du dépôt, le montage de nuit, le climax final, le coup de fil à passer sans se faire voir par les allemands, les déraillements qui font mal, etc…). Le tout avec un noir et blanc tout bonnement superbe. Et puis c’est super bien interprété, Burt Lancaster confirme qu’il est l’un de mes acteurs préférés de cette période, c’est pas juste un tough guy monolithique comme d’autres, il apporte un plus avec son regard et l’émotion qu’il dégage. Et vlà la galerie de seconds rôles qui fait plaisir, rien que pour Michel Simon en cheminot qui n’en fait qu’à sa tête, ça mérite le détour.

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Le seul gros reproche que j’aurais sur le film, c’est son choix de la langue anglaise car nul doute que Frankenheimer, avec son amour de la France, aurait préféré tourner le film en langue originale. C’est pas complètement gênant dans le sens où tout le monde se débrouille bien, mais ça apporte quand même quelques trucs décevants : Michel Simon redoublé et une séquence de tension à base de langue allemande qui, du coup, tombe à plat vu que tout le monde parle anglais. Un super film qui mériterait d’être plus connu parmi les films sur la Résistance, car c’est clairement une des réussites du genre.


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8,5/10
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Dig (The) - 6/10

Messagepar Alegas » Sam 13 Fév 2021, 11:37

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The Dig de Simon Stone
(2021)


Un petit drame pour commencer les sorties 2021, et avec un pitch plutôt sympa : un archéologiste se voit confier par une femme fortunée la charge de déterrer le contenu d’un tumulus, le tout dans un contexte particulier ça se passe en Angleterre quelques semaines avant la guerre, et donc qu’il faut trouver ce qui est enterré avant le début du conflit et les futurs bombardements. L’archéologie n’est pas un milieu souvent mis en avant au cinéma, surtout dans des proportions aussi minimes qu’ici (un contexte réaliste en somme), du coup ça fait plaisir de voir un sujet pareil, même si clairement ça n’a pas vocation à être le propos du film. Plus le récit va avancer, plus la relation entre Ralph Fiennes et le duo Carey Mulligan/son gamin va prendre de l’importance, c’est traité avec beaucoup de justesse (et c’est joué avec autant de justesse, en particulier chez Fiennes qui est comme souvent inattaquable), sans tomber dans la love story (on sent qu’il peut y avoir le début d’un truc mais des deux côtés il va y avoir un respect des conventions), et ça arrive même à être émouvant par moment.

Malheureusement, je ne pourrais pas en dire autant d’une autre storyline qui arrive en plein milieu du récit comme un cheveu sur la soupe : tout le délire autour du couple dont le mari se révèle être gay pendant que la femme tombe amoureuse d’un homme qui va partir à la guerre donne vraiment l’impression d’avoir été rajoutée au dernier moment. L'arc narratif est pas désagréable en soi (en plus ça permet d’avoir la belle Lily James, dont je tombe amoureux à chaque film que je vois avec elle), mais il manque véritablement d’intérêt, et surtout il détourne l’attention de l’intrigue principale qui est nettement plus agréable à suivre. Formellement, c’est très joli à regarder même si ça fait un peu film de poseur, on sent que le réal est clairement influencé par les derniers films de Malick, notamment du côté du montage où on va avoir des dialogues qui vont se chevaucher sur des images elliptiques, mais autant chez Malick ça fait vraiment parti d’un style à part entière autant là j’ai l’impression que c’est faire du beau plan pour le beau plan, sans réelle justification derrière. Une séance sympathique donc, même si c’est clairement pas dénué de défauts, l’année aurait pu commencer d’une plus mauvaise façon.


6/10
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Pas un bruit - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 13 Fév 2021, 17:02

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Hush (Pas un bruit) de Mike Flanagan
(2016)


Encore une réussite de la part de Flanagan, faut dire qu’avec son sens de la mise en scène, l’exercice de style était clairement quelque chose qui lui tendait les bras. Avec ce film, il ne faut clairement pas chercher un quelconque propos ou une épaisseur du côté des personnages, tout se veut extrêmement simple : un lieu unique (une maison perdue au milieu d’une forêt), une poignée de personnages (un tueur, quelques victimes) et une histoire à base de survie qui va se dérouler sur seulement quelques heures. L’originalité de l’exercice va venir du personnage principal, à savoir une auteure sourde et muette, dont la maison est complètement pensée pour aider à son handicap de chaque jour, et du coup quasiment tout le film va se concentrer sur son face à face avec un tueur (dont les motivations restent floues, on se fout complètement de pourquoi il fait ça même si on se doute qu’il y a du plaisir sadique derrière) où elle va constamment être en position de faiblesse, puisqu’elle n’entend pas son persécuteur et qu’elle n’a aucune idée du bruit qu’elle fait.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Hush s’avère carrément efficace, profitant d’une courte durée pour mettre un maximum de situations tout en évitant les répétitions. Alors forcément, quand on a vu quelques films du genre, c’est clairement pas un film qui tape dans l’originalité, mais le concept fait qu’on a pas l’impression de voir un copier/coller venu d’ailleurs, et il y a même une sorte de trauma avec l’héroïne qui apporte un peu de fraîcheur sur deux-trois scènes (le fait de pouvoir voir les différentes possibilités et les façons de mourir). En plus, ça ne lésine pas sur la violence, et pour le coup j’ai été assez surpris de voir à quel point l’héroïne s’en prend plein la gueule, le coup de la main dans la baie vitrée ça a été assez douloureux à regarder de mon côté tellement c’est graphique. Formellement, c’est du Flanagan, donc ça a beau ne pas être tape à l'œil, ça montre quand même une sacrée maîtrise (il y a des idées top comme le coup des bouts de verre au ralenti qu’on aperçoit derrière en defocus, ça marche super bien). Mon seul gros regret viendrait peut-être du fait que l’architecture de la maison est pas tant utilisée que ça, j’attendais pas non plus Panic Room mais j’espérais quand même des séquences qui utilisent un peu plus cet aspect. Un exercice de style efficace, ni plus ni moins, qui confirme tout le bien que je pense de son réalisateur.


7/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar francesco34 » Sam 13 Fév 2021, 18:27

Tiens faudrait que je le mate celui là, j'aime plutôt bien ce que j'ai vu de Flanagan jusqu'à maintenant.
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Tête d'un homme (La) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 14 Fév 2021, 15:20

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La tête d'un homme de Julien Duvivier
(1933)


Pas mal déçu dans l’ensemble : sur la douzaine de films de Duvivier que j’ai pu voir jusqu’ici, c’est clairement celui que j’apprécie le moins. Mon erreur a peut-être été d’attendre quelque chose un minimum dynamique : c’est la première adaptation d’une histoire avec Maigret que je découvre, et j’ai trouvé ça horriblement mou. Il y a bien quelques idées d’écriture sympathiques, comme le fait de savoir très vite qui est le tueur (du coup, l’enjeu est de savoir pourquoi il l’a fait), et de suivre trois points de vue (Maigret, le tueur, le faux coupable), mais sinon j’ai eu l’impression que le film se résumait en grande partie à Maigret qui suit son instinct, et qui se balade de scène en scène pour prouver qu’il a raison (tout le monde le laisse faire en plus : quand il laisse échapper le suspect principal, on lui dit juste que c’est pas cool et de ne pas recommencer :eheh: ).

En plus, j’avais lu avant que Harry Baur reste une des meilleures incarnations du commissaire, et là aussi sur ce point là grosse déception car à moins que Maigret soit un personnage hyper monocorde et nonchalant, ça n’a rien d’exceptionnel à mon sens. Ce qui m’a sauvé la séance, c’est clairement la mise en scène de Duvivier, où on trouve par moments des idées de narration qui tranchent avec la production française de l’époque, que ce soit le final avec le tueur qui coure dans le rue (ça donne l’impression de venir d’un film expressionniste allemand) ou la scène avec l’enquêteur qui remonte la piste du faux coupable (l’acteur est filmé devant un écran qui filme les endroits qui s’enchaînent en fondu, forcément le procédé vieilli visuellement mais c’est assez mortel comme idée, on voit que Duvivier vient du muet). Un petit polar donc, c’est loin de la réussite que Tavernier décrit régulièrement quand il parle de Duvivier.


5,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar Mark Chopper » Dim 14 Fév 2021, 15:32

Ton premier paragraphe résume bien TOUS les Maigret (romans, ciné, télé).

J'aime bien les "romans durs" de Simenon, mais Maigret ça m'assomme. L'intérêt n'est pas tant le personnage, l'enquête, que la peinture de la France de l'époque (Maigret se promène pas mal)... Il faut savoir à quoi s'attendre, sinon c'est l'horreur.

Le pire étant les adaptations avec Albert Préjean : le perso n'a plus rien à voir (pourquoi pas, mais il devient antipathique) et c'est tout aussi chiant.

à moins que Maigret soit un personnage hyper monocorde et nonchalant


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Vérité (La) - 8/10

Messagepar Alegas » Lun 15 Fév 2021, 15:30

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La Vérité de Henri-Georges Clouzot
(1960)


Je n’avais pas trop de doutes sur le fait que ça allait être bien, mais je m’attendais pas à ce que ce le soit autant. Clouzot sur du film de procès, vu son sens de la mise en scène et sa direction d’acteurs exemplaire, c’est une évidence, et la surprise de mon côté va clairement venir du propos, qui est carrément surprenant de la part d’un réalisateur pareil. Pour le coup, je trouve intéressant de comparer avec ce qu’a fait à l’époque Marcel Carné, cinéaste à l’âge quasiment similaire à celui de Clouzot : lui aussi, à l’aube des années 60, a tenté d’aborder les thématiques de la libération de la jeunesse face à une France d’après-guerre vieillissante. Sauf que là où, chez Carné, ça touchait souvent à côté, donnant l’impression d’un regard de vieux sur une jeunesse qu’il souhaite comprendre sans y arriver, chez Clouzot ça marche complètement, et c’est vraiment étonnant de voir un film au propos pareil de la part d’un réalisateur qui avait déjà une cinquantaine d’années.

Plus que la mise en scène millimétrée, c’est vraiment toute la subtilité du fond qui m’impressionne dans La Vérité, où on arrive à faire un constat glaçant de l’incompréhension entre les adultes et les jeunes de l’époque (qui explosera quelques années plus tard) tout en utilisant le mythe Bardot pour arriver à cette fin. On va donc suivre tout le procès d’une femme qui a tué son amant, le meurtre ayant été prouvé la question va être de prouver si c’était prémédité ou non. Le film a la particularité d’être beaucoup plus composé de flashbacks que de scènes de procès à proprement parler, et le plus surprenant est de constater que ça n’est jamais gênant. Au contraire même, ça rend le film très dynamique, toujours captivant à suivre, et puis surtout ça rend d’autant plus puissantes les joutes Vanel/Meurisse quand elles viennent discuter des faits abordés lors des minutes précédentes. La cerise sur le gâteau, c’est clairement la vision très pessimiste de Clouzot sur son sujet : le personnage de Bardot a beau ne pas être très finaude, elle est la sincérité même, et la voir perdre peu à peu pied lors du procès en devient déchirant, jusqu’à ce final tout ce qu’il y a de plus triste où les dernières répliques des avocats viennent sceller tout ce qui était discuté auparavant.

Formellement, c’est du Clouzot donc forcément très élégant visuellement. C’est truffé de beaux plans, avec une très jolie photographie et un montage qui gère parfaitement les nombreux retours en arrière. Et puis côté casting, le film me paraît assez inattaquable : Bardot y trouve sans doute le rôle de sa vie (contrairement à chez Godard, elle n’est pas juste un sex-symbol, elle est un personnage à part entière), Sami Frey joue bien (ça fait super bizarre d’écrire ça, moi qui le trouve particulièrement mauvais partout ailleurs) et puis les faces à faces entre Vanel et Meurisse c’est des grands moments d’acting, tout simplement (mais pouvait-il en être autrement avec deux acteurs pareils ?). Finalement, des Clouzot que j’ai pu voir, c’est celui que je préfère jusqu’ici, juste devant Le salaire de la peur.


8/10
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12 hommes en colère (1997) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 16 Fév 2021, 11:53

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12 angry men (12 hommes en colère) de William Friedkin
(1997)


Ayant revu récemment le film de Lumet, je me suis dit que c’était l’occasion où jamais de découvrir la version télévisuelle de Friedkin, histoire de voir en quoi elle se démarque de l’original. Sur le papier, c’est un projet assez casse-gueule, car le Lumet est quand même assez intouchable dans le genre, et pourtant Friedkin arrive quand même à tirer son épingle du jeu, notamment en modernisant légèrement le tout. Dans son autobiographie, Friedkin déclare avoir voulu faire ce remake après avoir suivi l’affaire O.J. Simpson, et ça se ressent énormément tant le racisme, déjà présent dans la version de Lumet, est ici presque au cœur du récit. Ça implique du coup une meilleure diversité dans le casting, mais aussi des choix assez surprenants de la part de Friedkin, notamment celui de ne pas céder à la facilité, en filant notamment le rôle du raciste de service à un black islamiste extrêmiste (alors que le choix politiquement correct aurait été de prendre un bon gros texan caricatural).

Autant de choix qui permettent à Friedkin de s’éloigner assez de son prestigieux modèle pour proposer quelque chose de différent, et même formellement il y a l’envie d’aller dans une autre direction : moins de travail sur les focales, mais une approche plus documentaire avec beaucoup de caméra à l’épaule, des cadrages parfois hésitants (Friedkin a laissé ses cadreurs choisir les angles, pour plus de spontanéité) et quelques passages en steadycam (notamment toute la reconstitution du temps qu’aurait mis le voisin à atteindre sa porte d’entrée, filmée ici avec un élégant travelling circulaire). Côté casting, cette version n’a pas à rougir de la précédente : Jack Lemmon remplace Fonda, George C. Scott, dans l’un de ses tout derniers rôles, est excellent en dernier juré à convaincre, et puis parmi les autres persos on a quand même Gandolfini, Danza, Mueller-Stahl, Petersen et Bubba, excusez du peu.

J’aurais seulement deux réserves sur cette version : le fait de passer à la couleur n’apporte strictement rien de plus alors qu’il y avait moyen de jouer avec cet aspect, ça rend même le film plus cheap que celui de Lumet (c’est clairement la limite de l’approche documentaire de Friedkin, et faut avouer que le format télévisuel de l'époque n'aide pas), et puis autant j’apprécie la direction prise avec le juré raciste, autant le fait qu’il ne soit jamais convaincu de la possible innocence du gamin fait que le final a beaucoup moins de force morale, on est plus vraiment devant une victoire. Ça reste quand même un sacré remake bien foutu et qui se démarque juste ce qu’il faut de son modèle, Friedkin a fait du bon boulot sur ce coup là.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2021

Messagepar pabelbaba » Mar 16 Fév 2021, 12:03

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