A night to remember (Atlantique, latitude 41°) de Roy Ward Baker
(1958)
Je savais qu’il existait d’autres films sur le Titanic réalisés avant celui de Cameron, mais j’avoue que je ne m’étais jamais trop posé de questions sur eux. Pourtant, ce film en particulier met en avant quelque chose de particulièrement intéressant à mon sens, à savoir les informations que l’on a, à une époque donnée, sur un événement historique, et qui vont se révéler caduques par la suite. Explication : A night to remember se veut être la première véritable reconstitution de la catastrophe du Titanic. Il y a eu des films sur le sujet auparavant, mais celui là est le premier à mettre tout en œuvre, notamment à travers les témoignages des passagers et membres d’équipage survivants. Ça donne globalement un film particulièrement bien documenté, et que Cameron lui-même va largement reprendre comme base pour son propre film. Seulement voilà : beaucoup de choses qui paraissaient vraies dans les années 50 sur la tragédie ont été contredites avec le temps. Exit donc, par exemple, le navire qui se brise en deux en coulant, sachant que cette théorie ne sera que validée à la découverte de l’épave une trentaine d’années plus tard.
Et surtout, il est étonnant de se rendre compte à quel point ce film met beaucoup en avant le navire Californian, bateau qui fut durant des décennies, accusé d’inaction face au sauvetage des passagers. Là encore, bien plus tard, il fut prouvé que le navire était à une trentaine de kilomètres du Titanic et n’aurait donc rien pu faire, et du coup il est vraiment intéressant de constater que ce film est un témoin de son époque via ses inexactitudes. Mais outre cet aspect, cette reconstitution vaut carrément le coup d'œil. Certes, on a pas la force narrative de chez Cameron (ici, on survole les personnages, c’est plus un film choral qui va mettre l’accent sur les situations plutôt que sur les protagonistes), mais ça se veut quand même être un film avec un propos, notamment sur les hommes trop sûrs d’eux, et qui se voient punis dans leur péché d'orgueil face à une nature qu’ils étaient certains de contrôler. Et puis, même pour un film de 1958, ça reste sacrément spectaculaire à regarder. Forcément, ça a un peu vieilli avec quelques plans de maquettes, mais rien de bien méchant, d’autant que beaucoup de parties du Titanic sont reconstruites, et que ça assure bien le côté film catastrophe. Un film plutôt cool qui m’aura permis de découvrir pas mal de détails sur le naufrage (j’ignorais tout de cette anecdote sur le Californian).
7/10