C’était le Tarkovski que je redoutais le plus, et à juste titre : il fût mon premier contact avec la filmographie du réalisateur, à l’époque où j’étais dans une fac où il était bien vu d’aimer tout ce qui venait de certains réalisateurs (Tarkovski, Godard, Bresson, Bergman, Antonioni, et j’en passe), mais où je ne me retrouvais pas du tout. Lors de je ne sais quel cours, on me passe le fameux plan-séquence de Nostalghia : neuf minutes sur un mec qui tente de garder une bougie allumée alors qu’il traverse d’un bout à l’autre la cour dans laquelle il se trouve. Un plan qu’on m’avait vendu comme magistral, et que sûrement beaucoup d’étudiants dans l'auditorium ont trouvé fascinant, mais de mon côté ça ressemblait plus à une vidéo à projeter dans un musée d’art contemporain que dans un cinéma. Manque de bol, quasiment tout le film est comme ça, et du coup c’est à mon sens le Tarkovski le plus insupportable/chiant avec
Andreï Roublev. En fait, le film fait vraiment répétitif dans la filmo de Tarkovski car c’est grosso modo la même chose que
Le Miroir (l’introspection de l’alter-ego du réalisateur, qui s’appelle Andreï du coup histoire de faire bien subtil
, qui fait le point sur sa vie tout en se remémorant des souvenirs de son passé) mais étiré au maximum : quasiment chaque plan dure des plombes, ambiance terne au possible, acteurs monolithiques, dialogues creux, etc…
Le propos est sacrément opaque en plus, tellement que ça donne l’impression que seul Tarkovski lui-même pouvait vraiment le comprendre, et à la fin du métrage je ne savais même pas réellement qu’est-ce que ça racontait exactement (sérieux le délire du discours sur la statue avec le mec qui s'immole à la fin j’avais envie de crier Kamoulox
). A vrai dire, l’unique moment qui fait sens à mes yeux est la mort du héros à la fin du plan-séquence de la bougie : après avoir enduré un tel film, en mourir semble être la conclusion la plus logique
. Au final, la seule chose que je sauve du film, c’est la forme : autant j’ai beau ne pas adhérer à ce délire de faire durer les plans juste pour les faire durer, autant il y a quelques cadres qui marquent bien la rétine, soit par les choix de décors, soit par la technique (le plan final est assez fascinant de ce côté là). Bref, c’est clairement pas mon délire, mais même en prenant ça en compte j’ai quand même beaucoup de mal à comprendre l’engouement que peut provoquer un film pareil.