par Scalp » Ven 30 Oct 2020, 11:28
8/10
Bronx de Olivier Marchal - 2020
Autant le dire d'entré si on aime pas Marchal on peut immédiatement zapper ce film, c'est du 100% Marchal sans concession, du polar purement premier degré. Mise à part Mr73 qui était quand même un peu foireux et vraiment lourd (il en faisait des tonnes dans la noirceur notamment avec ce Marseille ultra pluvieux et ici on a un Marseille vraiment à l'opposé). Alors oui il a des références écrasantes, oui on entend Mann du pauvre, mais bon quand on voit les polars français et même de manière générale depuis 20 ans ben Marchal il est dans le haut du panier et clairement cracher sur ses films, c'est juste ne pas aimer les polars (précision importante Drive c'est pas un polar).
La BA vendait un truc 100% action avec des gros noms et on est loin de ça, alors c'est un polar intimiste non plus mais il a toujours cette ambition de faire des fresques policières, ici c'est dense avec beaucoup de persos et de ramification et alors qu'on pourrait y trouver une sorte de complaisance pour les flics, on en est vraiment loin et le film est loin d'en faire l'apologie (alors qu'on sait qu'il est vraiment pro flic comme mec), alors oui c'est un cinéma burné qui fait pas dans la dentelle mais on est pas là pour faire une apologie et la scène finale est en la preuve, une scène qui fait gagner un point au film, entre la chanson utilisée, la noirceur du truc et la réalisation. Et en parlant de noirceur alors qu'il en faisait des caisses dans Mr73 ici on a quand même une exécution devant une école primaire (scène vraiment réussie d'ailleurs).
Le film s'ouvre de manière très efficace sur un suicide suivi d'une entrée en matière très réussi du personnage principal du film, Lannick Gautry que je découvre ici et qui est carrément top (j'aime bien comment son perso est présenté et ce que Marchal fait du perso), qui a une très belle scène avec Gérard Lanvin (qui a un rôle caméo, il a 2 scènes mais il a vraiment une super scène qui rappelle que quand il s'en donne la peine c'est un super acteur, malheureusement ça arrive de moins en moins) et puis c'est parti pour 2 h de guerre des gangs avec des flics plus ou moins pourris au milieu de tout ça, nos héros enquêtent sur un règlement de compte où tout le monde se trouve plus ou moins impliqué et qui va se transformer petit à petit en descente aux enfers pour les persos et sans qu'on s'en rend forcément compte, ça se fait petit à petit et on se dit jamais que le point de non retour est atteint. Alors y a rien de surprenant dans son intrigue mais clairement le cachet marseillais apporte un vrai plus et ça fait bizarre car la semaine dernière j'avais vu l'Immortel qui se passe aussi à Marseille et la ville était pas du tout exploité ça aurait pu se passer n'importe où, ce bon vieux tocard de Berry pensait que mettre des gars avec un accent était suffisant, syndrôme plus belle la vie.
Visuellement bon ben c'est du Marchal pur jus, c'est lyrique et il aime magnifier ses personnages, l'action il s'est amélioré au fil des films, par contre on a une scène d'action au milieu du film et c'est un peu bordélique, enfin pas en terme de montage et découpage car il sait filmer et monter, mais là c'est nocturne et éclairé par l'aube arrivant et les armes à feu ( des armes qui font un bruit monstre), y a plus de 10 personnes lors de ce gunfight on arrive pas vraiment discerner qui tire sur qui après y a un coté confus volontaire mais c'est très frustrant, par contre les autres scènes sont assez cash et réussies notamment une arrestation qui tourne mal avec un mec qui se tire et tire la teub à l'air et on a une scène de snipe avec Kaaris (un Kaaris plutôt crédible et bien meilleur acteur que rappeur, car rappelons que c'est un des pires rappeur de sa génération et ici son physique suffit à le rendre intéressant dans ce rôle). Marchal est donc un mec qui fait du cinéma, enfin il essaye, il aime le cinéma, et il essaye vraiment de faire un truc qui ressemble pas à un téléfilm et si au début de sa filmo les références étaient écrasantes, aujourd'hui je dirais pas qu'il s'en affranchit mais il y a clairemnet un style Olivier Marchal, un style qu'il est facile de critiquer (les Inrock ont détesté le film, ça donne une bonne raison de l'aimer).
Le casting est très bon dans l'ensemble, le premier rôle donc que je connaissais pas, les têtes qu'on a l'habitude de voir chez Marchal : sa femme, Francis Renaud (parfait comme souvent chez Marchal même si depuis qu'il avait posté sur Mad movies pour pleurer que personne aimait un film de merde dans lequel il jouait je lui trouve un bon gros coté connard), Alain Figlarz, Moussa Maaskri, Catalifo (bon rôle lui aussi)... et puis on a Jean Reno qui a un rôle qui fait lui aussi office de caméo, David Belle joue bien ou du moins pas mal et ça surprend, et découverte pour moi de Stanislas Merhar qui a un vraiment un super rôle et il est habité le mec et puis on a Madame Claudia Cardinale en matriarche de clan corse. Evidemment on a de la punchline bien badass.
La BO j'ai pas vraiment retenu mais on a un passage avec Shurikn et la chanson de fin sauf erreur c'est Bashung.
Que le film finisse sur Netflix est une aubaine pour Marchal car je suis sur que ça aurait fait un bide, c'est plus le cinéma qui marche aujourd'hui, malheureusement alors que c'est du vrai bon cinéma populaire, d cinéma où on éclate des tronches sans se demander si c'est politiquement correct.