Sur le papier, le projet laisse rêveur : une adaptation de la Quatrième Dimension sous la forme d’un film à sketches, avec à la réal quatre réalisateurs alors au sommet de leur succès. Malheureusement, le sort voudra que la production du métrage soit des plus chaotiques, notamment avec un accident qui provoquera la mort d’un des acteurs principaux, au point que ces mêmes réalisateurs décident depuis de ne plus aborder le sujet. Le résultat n’est pourtant pas honteux, loin de là, et même si des défauts évidents sont à pointer, ça reste un film à sketches recommandable qui mériterait de sortir de l’oublie relatif dans lequel il est plongé.
1er segment : John Landis.Passée l’introduction anecdotique, on entre dans le vif du sujet avec le segment de Landis qui s’avère assez décevant dans son genre. Pourtant, le pitch (le seul qui ne soit pas tiré d’un épisode du show original) est prometteur : un raciste notoire se retrouve sans prévenir plongé dans des époques de l’histoire où il devient traqué soit par des nazis soit par des membres du KKK. Malheureusement, le segment est hyper pauvre en terme de réal, Landis y montrant clairement ses limites (très peu d’idées de mise en scène, une gestion un peu foireuse des décors en studio) et le rythme est complètement inégal, la faute très certainement à l’accident de tournage qui a bousculé tout ce qui était prévu à la base. La plus grande qualité de ce sketche au final, c’est d’être le moins bon du lot, et à partir de là le film va en s’améliorant jusqu’à la fin.
2nd segment : Steven Spielberg.Segment assez décrié et on peut comprendre pourquoi : le film sortant entre
E.T. et
Indiana Jones and the temple of doom, on est en droit d’espérer un truc de folie de la part de Spielberg. Au final, ce dernier décide de prendre le contre-pied total, en faisant de son segment le plus sage du film. Une maison de retraite, des vieux qui regrettent leur jeunesse, un inconnu qui va leur permettre de de retomber en enfance le temps d’une nuit, et basta. Le segment a beau être joli à partir du moment où on accepte sa mièvrerie, on sent que Spielberg ne se foule pas des masses (possiblement parce qu’après l’accident chez Landis, il avait envie de se débarrasser au plus vite de cette tâche), même sur la mise en scène ça reste un peu trop sage. Ca aura été surtout l’occasion pour Spielberg de prouver une première fois l’amour qu’il porte au
Shining de Kubrick en engageant Scatman Crothers, il recommencera par la suite avec Philip Stone dans le second Indiana Jones, et évidemment bien plus tard avec la seconde épreuve de
Ready Player One.
3ème segment : Joe Dante.Clairement le segment le plus dérangeant et sombre des quatre. Dante oblige, l’influence des cartoons est absolument évidente, au point d’être montrée directement à l’écran à plusieurs reprises. Ca démarre doucement mais dès qu’on arrive dans la maison le segment est complètement lancé et va dévoiler crescendo son mystère et ses moments très marquants. Ca a beau être la partie la plus colorée du métrage (superbe photographie tout en surréalisme), c’est aussi celle qui effraie le plus à mon sens, avec notamment un shot qui figure parmi les plus choquants de ma vie de cinéphile (celui où l’on découvre le destin de la soeur, on nage ici dans le film d’horreur pur
). Le seul gros défaut de ce segment au final, c’est de s’essoufler un peu trop avant son final, mais rien de bien méchant.
4ème segment : George Miller.Le meilleur segment du film. C’était alors seulement le troisième film de Miller, qui sortait de sa zone de confort post-apocalyptique pour raconter l’histoire d’un homme que tout le monde va prendre pour un fou alors qu’il tente d’empêcher un monstre de crasher l’avion dans lequel il se trouve. Pas grand chose à redire sur ce segment : la lente tombée dans la paranoïa est très bien accentuée par la mise en scène de Miller qui ressort quelques gimmicks savoureux (notamment l’insert des yeux révulsés qu’on retrouve dans les Mad Max), et surtout John Lithgow livre la meilleure prestation du film entier, le mec donne clairement l’impression d’être possédé et j’ai pas souvenir de l’avoir vu aussi bon par la suite.