La Justice d'un Flic aka
The Saviour de Ronny Yu - 1980
Il s'agit du deuxième film de Ronny Yu et son premier en solo. Sur sa lancée il continue dans le polar et deux choses frappent d'entrée, les emprunts au ciné occidental et de grosses maladresses.
Pour les emprunts, c'est assez criant. Que ce soit la présentation du flic, ses méthodes ou le petit dialogue avec son nouveau coéquipier sur ce que sont devenus ses prédécesseurs, on est en terrain très connu!
Mais il n'y a pas que cela et tout du long du film on remarquera de-ci de-là des scènes déjà vues chez nous. Rien de bien méchant et ça ajoute même un peu de charme à ce film pourtant typiquement HK. En revanche, côté maladresses, c'est moins joyeux. En effet, dès l'intro on voit que le montage n'est pas maîtrisé, au point de se demander s'il ne manque pas un peu de pellicule de temps en temps. D'autant qu'à cela s'ajoute un des défauts très récurrent du ciné local, à savoir une écriture pas vraiment au top.
En particulier le rôle du love interest du héros qui sert d'appât, mal foutu au possible, avec des réactions débiles et juste là pour faire avancer maladroitement l'intrigue. De ce point de vue, son départ pour le rendez-vous fixé par le granméchan est à encadrer dans les écoles de scénaristes.
Mais pour autant, tout n'est pas à jeter. Ronny Yu a un tas d'idées et propose un paquet de belles séquences. Que ce soit des meurtres bien sanglants qui sentent le ciné bis rital, des trucs osés comme de la vue subjective, des plans bien chiadés, notamment en terme de plongés et contre-plongés, on sent déjà que Ronny Yu veut proposer un beau spectacle. Il essaye aussi d'étoffer ses persos avec des scènes plus tranquilles comme celles au restau ou avec le gamin à l'orphelinat qui ne font pas trop gnangan et qui offrent un peu d'air dans un film de tueur en série.
Du coup le film fait un peu penser à
The Club dans son mix d'influences, mais aussi à
Cops and Robbers de part son tueur bien allumé. Le souci, c'est qu'il lui manque la maîtrise du premier dans les mélanges et on n'a pas de final aussi fou que celui du second pour donner un nouveau souffle au film. En effet, la fin est bien trop convenue pour vraiment laisser une bonne impression.
Au final, ça donne quand même un polar sympathique, mais loin d'être un must see du ciné HK.
5,5/10
PS : Inutile de dire que la longue présentation de la carrière de Ronny Yu par Julien Sévéon sur le BR Spectrum est passionnante en revanche.