Critique rapide tant que j’ai le film en tête, car clairement d’ici quelques jours j’aurais quasiment tout oublié. Pour le coup, je n’arrive pas à comprendre l’hallucination collective que semble produire cette suite sur ce forum : beaucoup y voient apparemment un des meilleurs space-opera de ce début de siècle, alors que sérieux c’est tout pété du début jusqu’à la fin. Déjà, faire une suite à
Pitch Black c’est quand même pas spécialement une bonne idée. Oui, le film de base est sympathique, mais ses qualités reposaient énormément sur le concept de base, à savoir un huis clos sur une planète, le noir environnant comme ennemi, un héros doué de vision nocturne, et basta. Dans cette suite, ça essaye d’étendre l’univers en prétendant que
Pitch Black est l’introduction de quelque chose de bien plus grand. Alors clairement, Twohy ne manque pas d’ambition, ni même d’idées en ce qui concerne la direction artistique de son univers, mais il montre au passage toutes ses limites concernant le reste.
Déjà, côté écriture, c’est quand même pas spécialement fameux. Riddick transformé en messie d’une prophétie, c’est un peu l’antithèse du premier film et ça ne marche clairement pas, les bad-guys sont hyper génériques, la narration est paresseuse (les choix-off de Riddick pour surexpliquer la situation
) et je ne parlerais pas des traitements des personnages secondaires histoire de pas être trop méchant. Sans surprise, la meilleure partie du film est clairement celle qui se rapproche le plus du premier film, à savoir le second acte sur Crematoria. Le film aurait sûrement dû se limiter à être un huis clos sur cette planète pour gagner en qualité, car dès qu’on est sur Helion Prime, on est vraiment dans de la SF hyper cheap. Ce qui m’amène au deuxième gros défaut du film : que ça se veuille ambitieux c’est une chose, mais de toute évidence Twohy ne remet jamais en question sa vision vis à vis du budget qu’il possède. Résultat : les CG sont d’une laideur rare pour un blockbuster de ce type, au point où se croirait plus dans un épisode de Battlestar Galactica ou de Stargate SG1 qu’autre chose (de toute façon, vu ses autres films, Twohy n’a clairement pas l’air d’être un mec qui sait gérer les effets visuels, la preuve étant qu’il a sur ce film plus de 100 millions et que ça ne se ressent jamais
), et sa mise en scène en fait beaucoup trop là où il devrait justement limiter les dégâts pour cacher la misère (on revoit toujours les mêmes décors en studio et ça se voit).
Et ce n’est pas le seul reproche que je pourrais faire à la réalisation, tant Twohy s’avère incapable de filmer correctement un combat entier. C’est toujours hyper cut, rarement lisible, et c’est parsemé de choix artistiques tellement étranges que ça me donne l’impression que le manque de budget se ressent ici aussi (le combat à la surface de Crematoria sans sound-design). Bref, c’est clairement une suite inférieure à son prédécesseur, et même si je salue l’initiative de proposer quelque chose de radicalement différent, il faut un moment se rendre compte que ça ne marche pas du tout, référence à Conan ou pas (on sent que ça a beaucoup excité Scalp à l'époque, il en fallait peu
).