Difficile de ne pas lancer le film avec énormément d’attentes : Blier réunit ce qui est sûrement encore aujourd’hui un des castings français les plus dingues de toute l’histoire du cinéma. Depardieu, Marielle, Lonsdale, Dupontel, Balasko, Dussollier, Belmondo, Delon, Berléand, Rich, Villeret, Yanne, Holgado, Brialy, Brasseur, Arditi, Galabru, Serrault, Piccoli et j’en passe
, bref ça donne le tournis une telle distribution, et même si on se dit que ça va forcément donner quelque chose d’inégal (impossible de faire exister tout le monde au même niveau), la curiosité prend le pas sur le reste. Je suis globalement surpris que le film se tape une sale réputation (échec au box-office malgré le casting, et souvent considéré comme un des moins bons Blier) alors que dans l’ensemble ça se tient vraiment bien. Je m’attendais clairement à une sorte de film à sketches donc de ce côté là je n’ai pas vraiment été chamboulé dans mes attentes. Dès le début, on sent que Blier pousse la réflexion du métier d’acteur et le côté méta qui en découle : tout le début avec une discussion avec Marielle et d’autres acteurs concernant sa façon de demander à un serveur un pot d’eau chaude, et du coup ça va découler sur tout un gros délire "est-ce qu’il joue bien le mec qui demande le pot d’eau chaude etc…
Faut pas spécialement s’attendre à autre chose par la suite, c’est vraiment du méta avec la folie habituelle de Blier, et même si certains passages sont un peu longuets ou forcés (je n’ai personnellement pas adhéré à toute la séquence avec Dupontel et le décor bleu, idem pour la rapide apparition de Depardieu qui ne sert à rien), il y a plein de moments qui marchent très bien. La storyline autour des amours d’Arditi, le running-gag avec Balasko qui remplace Dussollier qui est à mourir de rire
, la courte scène avec Lonsdale dans la rue, ça fonctionne par petites touches mais c’est assez pour rendre le film sympathique. Et puis je retiens surtout deux scènes très émouvantes qui ont énormément marché sur moi : le passage avec Delon qui se retrouve seul à côté des sièges vides de Gabin et Ventura, déclarant avec tristesse qu’il est le dernier des siciliens
, et puis cette superbe conclusion avec Blier qui se met en scène dans un dialogue téléphonique fantasmé avec son père
(je pense que ça marche d’autant plus que j’ai vraiment enchaîné les films du bonhomme et donc suivi son évolution et son rapport avec son paternel). C’est clairement un film à pas mettre entre toutes les mains, beaucoup pourraient s’y emmerder et trouver ça très vain, mais de mon côté malgré l’aspect inégal évident, ça reste un des films de Blier les plus intéressants thématiquement.