A Single Man de Tom Ford
(2009)
Pas mal surpris. Je m'attendais à un pur film de poseur dans le mauvais sens du terme, surtout ayant vu le second film du réal, Nocturnal animals, qui vieillit de moins en moins bien en tête avec le temps, et au final c'est un beau petit film, simple, comme l'indique son titre. C'est d'autant plus admirable de la part d'un film complètement auto-produit : on pourrait penser que le réal seul maître à bord pour un premier long pourrait arriver complètement à côté de la plaque, et au contraire j'ai trouvé que, autant formellement que scénaristiquement, ça restait toujours très juste, dans le bon ton. On suit la journée d'un prof dans les années 60 qui, hanté par la mort de son amant, décide de se donner la mort une fois la journée terminée. La question n'étant pas spécialement de savoir si oui ou non, il va le faire, mais bien de comprendre, via les échanges avec les autres protagonistes, comment il arrive à ce choix tragique. Et contrairement à ce que laisse présager ce pitch, c'est jamais pathos, pas surexplicatif pour un sou, c'est un film qui aime prendre son temps pour poser ses personnages, son ambiance et son propos. De ce fait, le film sera sûrement hermétique pour certains spectateurs qui viendront chercher un récit raconté de façon classique, alors que c'est clairement un métrage où il faut s'investir un minimum dans le personnage et l'ambiance pour que ça fonctionne.
Le film a tout de même quelques défauts à mon sens, à l'image de certaines séquences qui tirent un peu trop en longueur, je pense notamment à la discussion avec Julianne Moore où on comprend vite où le script veut en venir. Heureusement, ça se rattrape encore une fois sur la justesse de certaines relations de personnages, à l'image de celle entre Firth et Hoult qui est vraiment nickel. Visuellement, c'est hyper soigné, peut-être un poil trop chiadé mais ça participe clairement à l'ambiance, et c'est impressionnant de constater qu'avec sept millions, Tom Ford fait un film bien plus beau que plein de films qui ont dix fois ce budget. Et puis côté casting, c'est top : Firth y trouve un de ses plus beaux rôles, et Julianne Moore fait toujours plaisir à voir (en plus elle maîtrise bien ce registre de femme mûre complètement paumée). C'est pas un film que j'ai spécialement envie de revoir ou même de posséder en physique, mais ça m'a clairement laissé une bonne impression et ça pourrait bien vieillir en tête dans les mois à venir.
6,5/10