Les avis de vos dernières lectures

[osorojo]

Ue, je les ai mis de côté

J'ai commencé Journal d'un vieux dégueulasse là et je pense tenter Mémoires d'un gentilhomme corsaire pour changer d'était d'esprit même si je sais pas du tout à quoi ça ressemble.

J'me rends compte que j'ai acheté beaucoup de romans noirs, glauques, vu que c'est ma préférence

Ou tenter aussi un classique qui prend la poussière, genre Les liaisons dangereuses.

[pabelbaba]

Et Hubert Selby Jr

[Mark Chopper]

Bug-Jargal / Victor Hugo (1826)

J'ai un rapport d'amour-haine assez intense avec Hugo... Surtout avec ses pavés. D'un côté, j'admire sa capacité à créer des personnages iconiques (Frollo et Javert surtout, ces enfoirés de Thénardier également), la souffle épique de certaines scènes (surtout dans Les Misérables), sa manière de mettre en scène la mort... Mais, d'un autre côté, je ne supporte pas du tout ses digressions interminables (les fameux six chapitres, toujours dans Les Misérables, sur la gestion des excréments à Paris restent l'exemple le plus fameux) qui feraient passer Balzac pour un minimaliste. Sans parler de son ego surdimensionné qui s'invite sans cesse dans sa narration...

Mais pour son premier roman, écrit vite fait à seize ans et quelque peu remanié par la suite, je n'éprouve rien : ni amour, ni haine. Cette histoire de révolte d’esclaves à Saint-Domingue, teintée de romantisme et animée par des personnages caricaturaux, ne décolle jamais... Tout semble précipité.

C'est évident : si son auteur n'avait pas écrit par la suite Notre-Dame de Paris et Les Misérables, ce court roman aurait fini par sombrer dans l'oubli.

[Mark Chopper]

Michael K, sa vie, son temps / J. M. Coetzee (1983)

Enthousiasmé par Disgrâce, roman le plus connu de J. M. Coetzee, je poursuis ma découverte de l'oeuvre de cet auteur sud-africain (bientôt : la littérature congolaise ?).

Coetzee a la réputation, assez rare finalement, de ne jamais se répéter... Et il faut avouer, pour le coup, que ça change d'une histoire de prof de fac accusé de harcèlement sexuel (je parle de Disgrâce là). Dans Michael K. (rien à voir avec Michael Kael hein), on suit un homme, pas tout à fait simple d'esprit mais presque, en pleine errance dans une Afrique du Sud ravagée par la guerre civile... Jardinier de son état (ça, c'était avant que la situation ne dégénère totalement), il ne désire qu'une chose après la mort de sa mère : vivre seul, dans une petite ferme, en harmonie avec la nature.

Mais bon, en pleine guerre, bien sûr, ce n'est pas gagné. L'atmosphère rendue par Coetzee est telle qu'on a parfois l'impression de se retrouver dans un roman post-apo (j'ai souvent pensé à La Route de McCarthy, ce qui est toujours bon signe)... Après tout, il suffit d'un rien pour voir une civilisation s'effondrer.

(Vous l'aurez compris : ce n'est pas la joie dans ce roman, certaines scènes dans le milieu hospitalier rappellent la situation actuelle dans le Grand Est ).

La conclusion m'a paru quelque peu précipitée, mais cette lecture me confirme tout de même tout le bien que je pense de cet auteur... Par contre, manque de bol, je vais devoir attendre la fin du confinement pour découvrir d'autres romans signés de sa plume.

[Waylander]

Que pensez-vous des livres audio ? C'est le truc à la mode j'ai l'impression et j'ai essayé mais j'ai tenu que 5 min. Pour moi, c'est comme si demain on nous faisait des films audio, ou des bds sous forme de romans. Ça ne veut plus rien dire. Un livre ça se lit. Point. Si un mec le lit pour toi, que tu l'écoutes même très attentivement, je ne suis pas sûr que tu seras vraiment dedans comme si tu lisais à ton propre rythme. Et surtout, le mec qui fait la lecture, il à un ton bien à lui, il peut même pas vraiment bien interpréter chaque personnage donc chaque réplique et faire vivre les dialogues comme il faut. C'est compliqué, faudrait plusieurs "doubleurs". De plus, ça te nique ta propre imagination, le propre ton que tu donnerais à un passage, à un dialogue. Bref, je n'aime pas du tout et je trouve que c'est de la lecture pour fainéant .

[Mark Chopper]

C'est bien pour les aveugles...

Voilà.

[Val]

Je n'ai jamais pratiqué mais je ne suis pas contre. Effectivement, ça ne peut pas remplacer l'expérience intime de la lecture mais, pour avoir assisté à des lectures de textes par des comédiens, je trouve ça intéressant.

[Jack Spret]

"L'homme dans le labyrinthe" de Robert Silverberg - 1968

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On continue dans la thématique "confinement" avec ce roman de SF dans lequel le personnage principal s'est exilé volontairement dans un labyrinthe truffé de pièges tous plus vicieux les uns que les autres. Impossible de ne pas y voir ici une interprétation de l'enfer de Dante avec ce dédale construit en cercles concentriques tous plus dangereux les uns que les autres à mesure que l'on s'éloigne de son centre et, donc, que l'on se rapproche de l'entrée.
Le mythe de Philoctète est lui aussi honoré avec ce héros mis au ban de ses semblables et contraint de s'exiler, accompagné de l'arme qui sera nécessaire pour gagner la guerre et qu'on ira quérir sans une seule excuse. Mettez ça à un enjeu planétaire, prenez un ennemi extraterrestre et exilez-le à des années lumières et vous aurez votre histoire.
Mais quand bien même Silverberg semble se réapproprier des schémas existants, c'est avec brio qu'il les noue avec le genre et qu'il apporte une dimension psychologique très importante à ses personnages, souvent au détriment de l'action mais jamais sans que cela devienne ronflant. On dévore les 300 pages et on se laisse happer par ce jeu constant du chat et de la souris.
Le cinéma aura d'ailleurs tôt fait d'emprunter cette idée que l'on peut retrouver dans la saga "Cube" (ouais, "The Ring" c'était déjà pris...)

"Manfred" de Lord Byron - 1817

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Voilà un personnage voué à rester sur terre malgré toutes ses tentatives d'attenter à sa vie. Héros romantique absolu, la poésie de Lord Byron se conjugue parfaitement à ce courant ténébreux, où s'allie les métaphores les plus belles, et pourtant ô combien déprimantes.
Cette pièce de théâtre en vers (dont la version française ne garde que peu de cas des rimes d'ailleurs) est très empreinte d'occulte et de mystique, comme si les maux du protagoniste ne pouvaient qu'être guéris par un appui satanique. Manfred se heurte à l'église via le personnage du curé et c'est en cela que la pièce fait référence à Faust et son fameux pacte avec le diable.
Un incontournable pour celles et ceux qui apprécient le courant littéraire romantique.

[Jack Spret]

"Le Château des poisons" de Serge Brussolo - 1998

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Moi qui m'attendais à de la fantasy gothique, je dois dire que j'ai été surpris. Sur mon édition ne figure pas le fameux "policier" qui m'aurait aiguillé sur le genre du roman. Quoi qu'il en soit, c'est une excellente surprise car j'ai pu lire un "whodunnit" rondement bien mené, avec une toile de fond moyenâgeuse qui n'est pas déplaisante. On rentre très rapidement dans l'ambiance et on se laisse piéger tant les éventuels suspects sont légions et leurs mobiles sont avérés.
Brussolo va toujours à l'essentiel et ses dialogues sont savoureux et maîtrisés. Tous les personnages qu'il dépeint sonnent vrais et ont un caractère bien trempé. Une lecture très agréable qui m'a donné envie de continuer les aventures de Jehan de Montpéril avec "L'armure maudite".

[Mark Chopper]

Les Rougon-Macquart (tomes 1 à 4) / Emile Zola (1871-1874)

(soit : La Fortune des Rougon, La Curée, Le Ventre de Paris et La Conquête de Plassans)

Le hasard a voulu que, deux ou trois semaines avant le début du confinement, je passe devant la boutique d'un bouquiniste et que mon regard soit attiré par vingt volumes reliés : la saga des Rougon-Macquart, acheté pour 50 €. Une affaire.

Et comme le confinement se prête aux lectures de longue haleine, je me suis lancé. Pourtant, Zola et moi, c'était assez mal parti : en classe de seconde, un professeur de lettres alcoolique nous a demandés de lire Germinal... et j'ai préféré regarder le film de Claude Berri pour gagner du temps. Mais c'était une autre époque.

Vingt-cinq ans après je ne m'attendais pas, à vrai dire, à être à ce point emballé. Zola qui décide de faire avec le Second Empire ce que Balzac avait fait avec sa Comédie Humaine et la Monarchie de Juillet, à savoir radiographier tout une époque via les destins de personnages censés la personnifier... OK, c'est incontestablement ambitieux, mais le risque de faire du sous Balzac reste élevé.

Mais là où Balzac, comme souvent avec les génies, se perd parfois dans ses longueurs et plie sous le poids de son ambition, je trouve que Zola tient. Alors d'accord, je n'ai lu que quatre romans sur les vingt... Mais il ne s'agit pas des plus réputés (contrairement à Germinal, mais aussi L'Assommoir et Au Bonheur des Dames), je suis donc confiant pour la suite.

Toujours paraître d'actualité est le propre des classiques... Et j'avoue que voir une famille profiter d'une époque trouble (en l'occurrence : la chute de la République et l'avènement d'un nouvel Empire) pour s'imposer politiquement (La Fortune des Rougon) et faire sa fortune (La Curée), ça me parle assez en ce moment (des fortunes vont se faire et se défaire)... Mais c'est surtout le fait de revivre une époque sur le papier qui m'emballe : Zola qui décrit les Halles de 1870, c'est un bonheur capable de vous réconcilier avec les longues descriptions en littérature (il sait donner faim l'animal)... Au risque d'utiliser un cliché : on s'y croirait.

Zola met ainsi en scène des personnages tous liés, souvent par le sang, et chacun personnifie un vice de son époque : Saccard qui fait flamber l'immobilier avec ses trafics, l'abbé Faujas qui permet de traiter l'influence de l'Eglise sur les élections en Province...

Les romans de Zola, ce ne sont pas seulement des histoires d'ouvriers qui crèvent la dalle. C'est vraiment brillant, prenant, le tout écrit avec efficacité, sans se perdre en digressions interminables façon Balzac et Hugo... Sans le génie du style flaubertien également, mais on ne peut pas tout avoir.

Vraiment, un gros coup de cœur. En espérant que la suite soit du même acabit.

[pabelbaba]

J'ai pas l'impression que tu parles de l'auteur de La Bête Humaine et de l’Assommoir...

[Mark Chopper]

Bah écoute, je referai un point dans quatre romans (dont L'Assommoir) et on verra...

[osorojo]

Le diable, tout le temps / Donald Ray Pollock / 9/10

Ça va être dur de me lever pour bosser tout à l'heure mais ça valait le coup, impossible de décoller les yeux alors que j'avais entamé le dernier acte du bouquin. Un coup de coeur énorme qui confirme l'admiration que j'avais commencé à ressentir pour Donal Ray Pollock à la lecture de Knockemstiff (que je suis content d'avoir lu en premier d'ailleurs puisqu'on retrouve certains personnages ici). Un récit initiatique d'une noirceur extrême qui n'épargne rien à son lecteur, le poussant sans cesse aux frontières de l'acceptable sans que celui-ci ne se sente aucunement manipulé : il est rarement question de voyeurisme malsain, les mots sont choisis avec parcimonie pour ne laisser aucune place au doute tout en restant dans une pudeur inattendue. Comme si l'on se rendait compte après coup de la noirceur des quelques lignes tout juste déchiffrées. C'est fort.

Quelle plume, vraiment. Et quel coup dans ma mâchoire, le genre d'uppercut qu'on est content d'avoir mangé mais qui laisse des traces. J'fais pas le malin là, alors qu'il est plus que temps que je consente à me laisser envahir par l'obscurité le temps de récupérer quelques forces.

[Scalp]

Le couple dans celui là c'est quelque chose.

[osorojo]

Pfiouuu, glaçant :/