Notre histoire de Bertrand Blier
(1984)
Vu le pitch et le casting, je m'attendais à un film dans un ton de l'ordre de celui de Beau-père, et finalement pas du tout : on reste clairement dans la veine de Blier initiée par Buffet froid, avec un film partant d'un postulat un peu étrange, et qui va aller de plus en plus dans l'absurde et le non-sens. On va donc suivre un homme qui, lors d'un voyage en train, va se voir proposer une partie de jambe en l'air par une jeune femme avenante. Une fois l'affaire faite, l'homme n'arrive plus à se passer d'elle, et décide de s'imposer dans sa vie, notamment en faisant connaissance avec ses voisins. L'idée de départ est intéressante, mais contrairement aux films précédents on sent clairement que Blier tourne en rond et n'a pas grand chose à dire. Passée la première demi-heure, on a souvent l'impression de voir un script prometteur qui s'égare au fur et à mesure, et c'est d'autant plus vrai du côté du propos, car autant le début du métrage on voit bien ce que Blier raconte (notamment le rapport au couple, et au besoin d'une vie rangée), autant le dernier acte je n'ai absolument aucune idée de ce que ça signifie avec les délires des mêmes acteurs qui semblent jouer des personnages différents.
Reste que ça se regarde quand même, d'une part parce que les dialogues sont toujours signés Blier et que ça fait la différence, d'autre part parce que le casting est plutôt prestigieux, surtout aujourd'hui puisque la plupart étaient inconnus à l'époque et ne le sont plus désormais. On a donc la surprise en cours de film d'avoir dans la même voiture Gérard Darmon, Bernard Farcy et Vincent Lindon, puis de croiser Jean-Pierre Darroussin, Jean Reno et Jean-Claude Dreyfus, bref c'est plutôt la classe de ce côté là. A côté de ça on a un Michel Galabru dont la folie du jeu rappelle un peu celle du Juge et l'assassin, et Nathalie Baye s'avère touchante dans un rôle de jeune fille paumée. Du côté de Delon, qui a reçu un César pour ce film, c'est un peu inégal : d'un côté je le trouve nickel en héros à la Blier, l'absurde lui va plutôt bien, mais par moments il y a ce surjeu caractéristique de cette période où Delon-acteur prend le pas sur le personnage. Bon après je pense qu'on peut quand même dire sans trop de risques que c'est l'un des rares rôles à sauver de cette décennie pour Delon. Un Blier moyen qui laisse présager une répétition pour la suite, à voir si ça se confirme.
5,5/10