L'heure du bilan a sonné, quelques jours après avoir visionné l'excellent series finale, venant conclure avec brio une saison néanmoins en demi teinte.
En demi-teinte au regard de la série dans son ensemble, que l'on soit bien clair. Je n'ai jamais trouvé la saison ratée, et ça restait largement au-dessus de la majorité de la prod TV. Mais après 4 saisons aussi parfaites dans leur rigueur narrative, cette ultime fournée sonne parfois un peu faux. Car pour la première fois, Simon et Burns utilisent des ficelles un peu grosses pour parvenir à leurs fins. Jusque là, The Wire se caractérisait par son réalisme extrême, et ça fait donc un drôle d'effets de voir quelques facilités scénaristiques. Pêle-mêle, quelques trucs qui ne sont pas passés pour moi sur cette saison :
- Le plan de McNulty, tellement abusé qu'on n'y croit pas quand il l'initie (mais on finit par l'accepter au fil de la saison). De plus, le plan est bancal sur bien des aspects, mais il aboutit tout de même sans trop de problème à l'effet escompté. La mobilisation de toute la police sur la fausse affaire des SDF, le déblocage des fonds par la Mairie. Mouais. Je vois très bien ce que veut démontrer Simon, et j'aime bien l'idée (en gros, il faut du sensationnel pour intéresser les pouvoirs publics), mais c'est un peu grossier dans la construction.
- Lester Freamon qui devient l'opposé de ce qu'il était durant 4 saisons. S'il y a bien un personnage que je ne vois pas tomber dans les magouilles de McNulty, c'est lui.
- Omar, ramené un peu grossièrement pour une simple histoire de vengeance. Ok, c'était assez badass, mais clairement abusé, et peu profond.
- L'ajout de la presse n'enrichit pas la série autant que les thématiques des précédentes saisons. Cet ajout parait un peu artificiel, et clairement pas indispensable au tableau global que dresse la série.
- Herc employé par Levy : grosse facilité scénaristique pour faire avancer l'enquête.
- La fin de Prop Joe, expédiée trop rapidement, et les conséquences sont totalement ignorées. Marlo a pris le relai, il l'annonce à toute la coop, ça bronche un peu lors d'une réunion, puis plus rien. Trop facile. Des voix auraient logiquement dû se lever contre Marlo au sein de la coop, des conflits internes auraient du naître suite à un tel chamboulement.
Malgré tout cela, la saison était extrêmement plaisante à suivre, j'ai pris mon pied. Et puis encore une fois, Simon et Burns ont su livrer deux derniers épisodes magistraux, qui nous font presque oublier les errances de cette saison. Mieux, l'épisode final donne une conclusion réellement satisfaisante à la série dans son ensemble. On ressort avec la sensation que la boucle est bouclée, avec ce constat bien amer que les choses ne changeront jamais dans cette ville, dans ce pays, dans le monde. Je ne vais pas me lancer ici dans une analyse de la série, mais ce que je peux dire, c'est que j'en ressors grandi, moins innocent, en cela qu'elle m'a donné à voir les dessous peu reluisants de la société, dans toutes ses injustices et dysfonctionnements. Une société déchirée par son obsession pour les chiffres et son image publique (à ce titre, la saison 3 est la plus aboutie), malmenée par l'égoïsme et le carriérisme de ses décisionnaires. Merci The Wire pour cette formidable peinture que tu nous as fournie.
Ce n'est pas ma série préférée, car elle me parle moins qu'un SFU, The Leftovers ou Breaking Bad, mais elle se place sans hésitation après ces 3 là
Classement des saisons :
3 - 2 - 4 - 1 - 5