Miracle Mile de Steve De Jarnatt - 1989
Je pense très franchement avoir regardé ce film dans les conditions optimales. Ambiance générale de merde et pré-apocalyptique, début d'aprem sans somnolence en vue et surtout en en sachant le moins possible sur ce qui allait arriver. Jarnatt m'a donc pris par le col et tel Hulk Hogan, il m'a fait tournoyer dans tous les sens.
Très clairement, le scénario est l'énorme force du film. Le pitch n'est pas réaliste pour un sous, mais en distillant si peu d'info il arrive à nous mettre le doute. Ce départ sur une bluette en carton, c'est du génie total, on attend avec impatience que ça commence et dans cette atmosphère 80s qui reprend tous les clichés 50s (bagnoles, diner, insouciance), on se croirait dans un flashback de
Fallout le jeu et forcément ça augmente l'immersion. Après le fameux coup de fil, la tension explose et c'est impossible de lâcher le truc. Un tas d'éléments viennent mettre le doute (la sieste de Goose, les réponses de certains persos, l'absurdité de la situation) et le spectateur est obligé de gamberger. Au fur et à mesure l'hystérie gagne le bobine, mais le spectateur aussi. Là-dessus, le crescendo est très bien amené et le coup de la voiture de police qui explose la vitrine, c'est une idée parfaite pour amener la suite.
Il va sans dire que la musique de Tangerine Dream en ajoute une sacrée couche et contribue augmenter ce sentiment d'urgence, de délire et d'angoisse. Sans parler de la réalisation, hallucinante pour un gars dont c'est le second long métrage. Les plans sur les immeubles de Los Angeles sont magnifiques, les cadres choisis toujours parfaits, avec des repérages qui ont été très bien pensés. Cerise sur le gâteau, le bordel final, filmé au plus près des acteurs, rend super bien, avec en particulier ce passage dans les égouts où le merdier est quasi hors champ.
Concernant les acteurs, au premier abord ils sont anti-sexy au possible. Anthony Edwards et sa tronche de loser, c'est pas la fête, mais alors Mare Winningham et sa coiffure de l'enfer, elle donne envie de virer sa cuti. Mais c'est sans doute ce qui fait que ça marche. Ils sont parfaitement lambda. Je pense que ça joue énormément pour les magnifiques scènes que sont celles de l'ascenseur et surtout le dialogue final... Parce qu'il faut en parler de cette fin! Sans spoiler, c'est pas du film de petit malin, ni de l'écriture à la va-vite, la fin est belle.
Enfin, en regardant les bonus du BR Blaq Out, on constate aussi que le montage a été une étape clé du film avec un nombre de dialogues et de scènes coupées qui ont évité des lourdeurs énormes (la scène de l'ascenseur aurait perdu 95% de son impact avec les deux autres persos prévus
).
Voilà, c'était une séance coup de poing qui m'a sacrément retourné pendant et après le visionnage, comme ça n'avait pas été le cas depuis bien longtemps. Gros merci à Jed de l'avoir mis en avant!
9/10