Seconde vision, qui me permet de le revoir clairement à la hausse. Lorsque je l'avais découvert au lycée, j'avais été sacrément déçu : j'adorais le premier Batman de Burton à l'époque, et du coup me retrouver avec une suite qui place le justicier au second rang au profit des méchants m'avait clairement décontenancé à l'époque. Aujourd'hui, je revois ma copie : c'est clairement un cran au-dessus du premier opus, et ça doit sans doute beaucoup au fait que Burton ait obtenu bien plus de libertés artistiques sur celui là. On sentait déjà que dans le premier, Batman n'intéressait pas trop la réalisateur, son intérêt se portant plus sur le Joker. Ici, c'est pareil, mais sa plus grande liberté lui permet non seulement d'avoir plus de développements pour les freaks qu'il affectionne, mais aussi de ne pas avoir de scènes forcées avec Batman, ce dernier apparaissant uniquement lorsque le récit en a besoin. Donc clairement, cette suite s'articule autour de deux personnages, à savoir Catwoman et le Pingouin, et là Burton s'en donne à cœur joie : non seulement ça donne les meilleures scènes du métrage, mais en plus il y a un développement qui était inédit à l'époque pour une adaptation de ce style, puisqu'on y humanise des antagonistes habituellement dépeints comme de simples monstres.
Bref, la touche Burton fait clairement des merveilles sur cet aspect là, ce qui donne le meilleur film live Batman avant la trilogie de Nolan, et sûrement un des plus audacieux encore à ce jour (le premier dialogue entre Catwoman et Pingouin, tout en sous-texte sexuel
). Néanmoins, tout n'est pas rose : j'ignore ce qui peut provoquer ça étant donné que le budget a doublé par rapport au premier film, mais Gotham a clairement moins de gueule qu'avant
. Le tournage studio se fait bien sentir, et du coup on se fait souvent la remarque qu'on voit le même décor filmé de façon différente. L'impression donc que Gotham est passé de mégalopole à un petit centre ville avec seulement quelques rues, et ce n'est pas aidé par la mise en scène plate de Burton. Car oui, dès qu'il s'agit de filmer l'action, Burton est toujours aussi mal à l'aise avec sa caméra. C'est même pas fonctionnel, car l'action n'a tout simplement aucun rythme, et ça donne un côté pachydermique à l'ensemble qui fait qu'on apprécie bien plus les discussions entre personnages que les scènes où ça bougent plus (pourquoi pas, mais pour un Batman ça le fait moyen).
Heureusement, le film se rattrape sur quelques scènes qui figurent parmi les plus belles de la carrière de Burton : le premier appel de Batman, le générique de début (bien aidé par la très jolie composition de Danny Elfman, très
Nighmare before Christmas dans l'esprit), la mort du Pingouin ou encore le final avec Bruce Wayne qui doit, une nouvelle fois, faire l'impasse sur ses amours. Et puis mention spéciale au casting de méchants : si Christopher Walken jure un peu avec le reste, Pfeiffer s'avère très à l'aise en Catwoman, et puis Danny DeVito en Pingouin j'ai presque envie de dire que c'est le meilleur rôle de sa carrière, et ça doit autant à la prestation de l'acteur qu'au superbe travail de maquillage (bon courage à la prochaine version du personnage au cinéma). Pas le meilleur Burton à mon sens donc, mais c'est parmi ce qu'il a pu faire de mieux en gros budget.