La cité des enfants perdus, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (1995)
De mémoire, je n'ai jamais complètement porté ce film dans mon coeur, bien que j'en reconnaisse ses nombreuses qualités. À commencer par sa direction artistique encore aujourd'hui assez folle, avec sa ville futuriste à la Jules Verne entièrement construite en dur, sa mise en scène généreuse qui fourmille de petits détails visuels, ou encore son utilisation parcimonieuse des images de synthèse toujours épatante bien qu'ayant un peu vieillies dans le rendu (les puces), mais pas dans le mouvement de caméra qui excelle dans son passage du macro au micro. Cependant, là où le bât blesse, c'est que malgré le matériel de base follement riche, fruit de la collaboration Jeunet/Caro alors au top, le scénario a du mal à décoller, la faute également à une direction d'acteurs assez monotone, à l'exception de quelques éclats par ci par là (je pense évidemment à Dominique Pinon et son faciès de clown inimitable, et Daniel Emilfork qui semble tout droit sorti d'une production de la Warner). Du coup, il y a aussi un soucis du côté de l'émotion, bien présente dans la plupart des autres Jeunet, y compris Delicatessen, autre création des deux cinéastes. Je ne sais pas si c'est à cause du fait que les principaux protagonistes sont des jeunes enfants, qui sont toujours un public un peu plus difficile à gérer (j'ai le souvenir d'un bonus qui en parle, qui concerne surtout le fils de la brute du cirque, et franchement ce n'est pas le pire), ou Ron Pearlman qui devait prononcer phonétiquement ses phrases car il ne connaissait pas un seul mot de français, ou encore parce que le soucis du détail est tel que les personnages sont comme noyés dans le décor environnant, mais il y a clairement un problème quelque part de mon point de vue.
Mais à coté de ça, La cité des enfants perdus est un film d'exception dans le genre du film fantastique fantastique friqué. Rien que le fait de nous balader dans les recoins de cette ville qui pue l'imaginaire (qui a nécessité plusieurs années de gestation), peuplée de personnages hauts en couleur, furieusement atypiques et plongés dans un univers hautement fantasmagorique, peut suffire à nous tenir éveillé (même si effectivement à chaque fois que je le revois, j'ai un peu de mal sur la durée, faute, encore une fois, d'un liant scénaristique et émotionnel assez puissant). C'est bien simple, c'est rempli de séquences inoubliables, telles que les soeurs siamoises en parfaite synchronicité (au point que l'une fume tandis que l'autre recrache la fumée), le dresseur de puces (et sa scène hallucinante où on la suit en vue subjective d'hôte en hôte), ce couple délicieusement mal assorti que sont Miette et la brute, cette étrange tour métallique aux résidents non moins étranges avec ses expériences à la Docteur Moreau, ou encore l'effet papillon (que l'on retrouve dans pas mal des Jeunet) qui vaut le coup d'oeil à lui seul. Bref, malgré mes griefs, je suis admiratif du travail effectué, mais sans jamais être passionné. C'est dommage, car tout ça a vraiment de la gueule, et on a envie de défendre ce genre d'oeuvre cinématographique franchement unique et avant-gardiste, notamment pour ses effets spéciaux (conjuguant l'ancien pour ses décors en dur et le nouveau pour ses techniques de CGI), mais il manque selon moi cette petite étincelle qui lui permettrait d'être plus qu'un bel objet d'art moderne, un petit supplément d'âme pour transcender le tout.
Mais à coté de ça, La cité des enfants perdus est un film d'exception dans le genre du film fantastique fantastique friqué. Rien que le fait de nous balader dans les recoins de cette ville qui pue l'imaginaire (qui a nécessité plusieurs années de gestation), peuplée de personnages hauts en couleur, furieusement atypiques et plongés dans un univers hautement fantasmagorique, peut suffire à nous tenir éveillé (même si effectivement à chaque fois que je le revois, j'ai un peu de mal sur la durée, faute, encore une fois, d'un liant scénaristique et émotionnel assez puissant). C'est bien simple, c'est rempli de séquences inoubliables, telles que les soeurs siamoises en parfaite synchronicité (au point que l'une fume tandis que l'autre recrache la fumée), le dresseur de puces (et sa scène hallucinante où on la suit en vue subjective d'hôte en hôte), ce couple délicieusement mal assorti que sont Miette et la brute, cette étrange tour métallique aux résidents non moins étranges avec ses expériences à la Docteur Moreau, ou encore l'effet papillon (que l'on retrouve dans pas mal des Jeunet) qui vaut le coup d'oeil à lui seul. Bref, malgré mes griefs, je suis admiratif du travail effectué, mais sans jamais être passionné. C'est dommage, car tout ça a vraiment de la gueule, et on a envie de défendre ce genre d'oeuvre cinématographique franchement unique et avant-gardiste, notamment pour ses effets spéciaux (conjuguant l'ancien pour ses décors en dur et le nouveau pour ses techniques de CGI), mais il manque selon moi cette petite étincelle qui lui permettrait d'être plus qu'un bel objet d'art moderne, un petit supplément d'âme pour transcender le tout.
Note : 7/10