Lorsque Blier fait ce film, il ressort de la déception de
Calmos, film sur lequel il n'a apparemment pas fait tout ce qu'il aurait voulu, et qui a nettement moins bien marché financièrement que
Les Valseuses. Est-ce pour cela qu'il tente de reproduire le même schéma que ce dernier avec
Préparez vos mouchoirs ? Peut-être bien, car clairement, le fait de reprendre le même duo d'acteurs que
Les Valseuses (Depardieu/Dewaere donc) ne doit pas être anodin, et encore moins quand on constate que tout le récit de ce nouveau film, que ce soit dans son propos (la libération du sexe dans la France des années 70) ou sa construction (un duo d'hommes partageant la même femme), donne l'impression de voir une revisite du film emblématique de Blier. Reste que là où
Les Valseuses se veut provocateur dès le début, on a droit ici à quelque chose à mi-chemin entre le poétique et l'absurde façon
Calmos : la première séquence montre un couple en perdition, et où le mari se voit obligé de partager sa femme avec un autre pour que cette dernière puisse retrouver la joie de vivre d'antan
. Mais il y a un bel équilibre qui se crée tout le long du métrage, et on en vient à accepter assez vite l'absurdité ambiante qui permet au récit d'avoir beaucoup d'humour, en témoigne la découverte de l'appartement de Dewaere avec sa collection de livres de poche, l'attachement de ce dernier à Mozart, ou encore les invitations forcées pour faire boire le voisin qui n'arrive par à dormir.
Comme
Les Valseuses et
Calmos, j'ai encore une fois l'impression qu'il y a un vrai propos de la part de Blier sur l'émancipation de la femme : plus le film avance, et plus cette dernière va prendre d'importance alors qu'en début de film elle est limite amorphe. Pourtant, comme
Calmos, il y a ce moment où le film me perd légèrement : dès qu'il est question de la relation entre l'enfant et la femme en colonie de vacances, j'avoue ne pas trop savoir vers quoi Blier a envie de tendre. Cette seconde moitié a son lot de belles scènes (notamment celle qui va amener à la relation sexuelle, ou comment traiter la découverte du sexe opposé avec beaucoup de pudeur), mais j'ai comme l'impression que c'est un autre film qui intervient alors que le premier n'a pas encore terminé (les deux héros perdant de l'importance pour en laisser place à un autre), ce qui crée du coup une légère frustration. Malgré cette réserve, c'est pas loin d'être du même niveau que
Les Valseuses, et c'est toujours un énorme plaisir que de voir Depardieu et Dewaere jouer ensemble et balancer des répliques toutes aussi cocasses les unes que les autres (et mention spéciale à Michel Serrault dans le rôle du voisin). Et puis ce film, c'est constater à nouveau qu'il y a moins d'un demi-siècle, on pouvait filer un Oscar du meilleur film étranger à un métrage qui montre la beauté d'une relation amoureuse entre une adulte et un enfant, sans que ça ne crée la moindre polémique à la con. Le bon temps quoi
.