Fight Club |
Réalisé par David Fincher Avec Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter usa Genre : drame Durée : 02h19min 1999 |
8.5/10 |
SynopsisLe narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d'autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C'est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l'échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d'anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l'amour de son prochain.
CritiqueFilm culte, corrosif et explosif pour l'époque, devenu une référence de la pop-culture.
Le duo du yin et du yang fonctionne encore avec son employé de bureau banal face à son négatif punk déluré. Une rencontre improbable mais une accroche immédiate entre ces deux êtres opposés.
Au fil des minutes, Norton se laisse porter par Tyler Durden tout d'abord dans sa barraque, dans son intimité, dans son quotidien puis dans ses idées. Une relation peu claire qui semble naturelle, toutefois Norton ne porte pas un culte à Durden, il pourrait décider de changer de look pour tomber la chemise pour un blouson de cuir mais ce n'est pas le cas. Il aurait aussi pu donner sa démission face au ras le bol et au désintérêt face à son job.
De l'appartement standard meublé en Ikea, on passe à la bicoque semi abandonnée de Paper Street, absolument insalubre qui est non sans nous rappeler les habitations de victimes de seven où les peintures tombent en déliquescence et où une lumière verdâtre emplie les lieux. Un squat déglingué à l'image de l'esprit de ses colocs.
Une critique acerbe de la société contemporaine où les seules satisfactions du citoyen est de remplir son espace vital de meubles formatés car c'est l'un de ses seuls loisirs, une façon de tromper l'ennui. Au final, ses achats deviennent eux aussi ennuyeux au possible, sans personnalité car le voisin peut se procurer les mêmes (de nos jours en quelques clics). Tellement éreinté par son job et ses insomnies, il cède à la facilité, jusqu'au jour il souhaite se défaire de cette vie sans âme.
Tyler Durden et son look décoiffant vient mettre un coup de pied dans la fourmilière avec son train de vie marginal et son système D. Bien que vivant dans un cloaque, Tyler est toujours propre sur lui, même s’il renonce aux biens matériels.
Sa dégaine colorée et ses chemises criardes ressortent à l’écran par rapport aux fonds grisâtres.
Norton a finalement une personnalité peu affirmée et se laisse bouffer par Durden qui vient animer son vide existentiel.
Se livrer à des combats sans enjeux de victoire est un loisir permettant de se sentir humain, abolir les strates sociétales, transgresser les lois. D’un côté, le fight club permet de se sentir vivant mais mène à l’autodestruction.
L'ambiance générale de Fight Club est semi-réelle, Fincher préserve toujours une part de crédibilité aux actions de ses persos avec quelques touches d'étrangeté, de dérapages, d'hallucinations pour faire perdre ses repères au public, tout en gardant leur attention.
Visuellement, les effets spéciaux assurent toujours et font toujours leur petit effet avec une déambulation visuelle à travers les objets du quotidien.
Des éléments visuels perturbateurs comme des incrustations très furtives, une déformation des images apporte de la dynamique et de l'étrangeté en plus de celle du récit.
Fight Club prend une autre tournure quand les liens entre Durden et Jack s’effritent et que de nouveaux plans sont mis en place pour déstabiliser l’univers urbain à plusieurs niveaux avec un message anticapitaliste et anarchiste. C’est peut-être ce basculement vers le groupuscule terroriste avec bien peu d’explications qui rend le film critiquable par son extrémisme.
Le mayhem project impose plusieurs règles dont celle de ne pas poser de questions sur le projet, ce qui permet à Fincher de ne donner aucune réflexion sur les intentions du groupe. Ainsi, bousiller des boutiques Apple peuvent être certainement un symbole d’une dénonciation du travail des gosses, mais inciter à polluer encore plus est surement un message qui aura du mal à passer. Des pensées qui pourraient être proches de celles du Joker et donc de la folie.
A partir de ce moment, les actions des protagonistes partent en cacahuète d’autant que Durden a disparu et que Jack se retrouve seul au monde.
On observera que les membres du fight club et de l’unité Mayhem ne sont que des hommes blancs (très peu d’hommes issus des minorités et pas de femme), ainsi quand ils se mettent à se raser le crane, difficile de ne pas penser à des forces d’extrême droite.
La seule femme évoluant à l’écran est Helena Bonham Carter, qui est là aussi difficile à cerner. On en connait très peu sur sa profession, son passé, ses loisirs et restera aussi mystérieuse que Tyler.
Film conceptuel schizophrénique, proposant des éléments séduisants ou repoussants, au message radical et discutable.