[Jed_Trigado] Mes critiques en 2020

[Jed_Trigado]

Et hop.

[Alegas]

Detroit - Kathryn Bigelow (2017)

Depuis l'acclamé Démineurs, Kathryn Bigelow s'est fait un crédo d'ausculter les failles de l'Amérique et son rapport a la violence, avec surtout l'idée d'un Mal intérieur : après les militaires accros au champ de bataille et les enquèteurs prêts a tout pour avoir un semblant de vérité, ce sont les forces de l'ordre qui sont pointées du doigt pour leur usage abusif de la force. Pourquoi pas, le sujet a certes été déjà traité, mais la période choisie par la réalisatrice et son scénariste est on ne peut plus importante dans l'histoire des Etats-Unis, qui n'est sortie de la ségrégation que sur le papier, certainement pas encore prête a accepter que blancs et afro-américains puissent cohabiter avec des droits égaux.

Tout est là pour faire un film rentre-dedans a la manière d'un Hateful Eight, si le premier acte pose aisément les personnages et pose une toile de fond bien précise et détaillée (la reconstitution est vraiment bien et la réal prise sur le vif d'une maitrise absolue), j'ai eu plus de mal avec la partie centrale qui tient sur un fait divers de bavure policière qui ne méritait pas autant de focalisation en termes de durée, pourtant la tension est bien palpable et les acteurs mis sous pression sous l’œil expert de Bigelow, c'est surtout sous l'angle de l'écriture que ça bloque vraiment chez moi, c'est limite du Spike Lee dans le texte avec un manichéisme jamais voilé, voir même accentué (comme le perso de Will Poulter semble au départ avoir un discours ambigu sur les Afro-Américains avant de jouer les cowboys sans sommation contre un simple voleur a l'étalage désarmé la scène d'après ). Comme on s'appesantit longuement et que jamais la donne n'évolue vraiment, la charge s'avère plus balourde qu'autre chose et hélas ce n'est pas la partie procès légère au possible survenant a la toute fin qui viendra sauver les meubles.

Zero Dark Thirty me donnait déjà l'impression d'une Bigelow sur la pente descendante, mais là, je pense que elle a fait le tour de ce genre de films "engagés". J'aimerais bien qu'elle revienne a des œuvres plus orientées entertainement a l'avenir.

6/10

[lvri]

Perso, je trouve justement que le traitement du personnage de Poulter est indispensable, quitte à tomber dans le manichéisme. Je garde un bon souvenir de ce film globalement, surtout en terme de tension.

[Dunandan]

Le Moine d'Acier - Sammo Hung (1977)

Dun m'a redonné une certaine fringale de bastonnades old school HK avec ses avis, l'occasion de ressortir de la poussière de mes étagères d'excellentes éditions signées HK video et bon sang que ça fait du bien. Le Moine d'Acier est le premier effort de metteur en scène de Sammo Hung après quelques années dans l'ombre que ce soit en tant que chorégraphe/cascadeur ou même en tant qu'acteur, force est d'admettre va imposer d'emblée une vision assez particulière du kung-fu, proche du vigilante movie mais en instillant par petites touches de l'humour (le perso de Sammo a lui tout seul incarne cette contradiction).

Un récit simple dans sa construction ou de pauvres chinois vont subir les brimades de Mandchous sans foi ni loi mais contrairement a la concurrence Shaw Brothers Le Moine d'Acier atteint parfois des sommets de sadisme-, histoire de charger la mule un peu plus. D'ailleurs, j'ai trouvé a la revoyure le film bien moins rempli d'humour qu'il n'en a l'air, bien que cela ne ruine en rien les différentes intentions de Hung (c'est limite une œuvre a part), c'est aussi au niveau des combats qu'on voit qu'il s'émancipe gentiment de bons fonctionnaires du genre, le zoom-dézoom c'est visiblement pas son truc mais parvient a procurer de belles chorégraphies énergiques avec un découpage laissant respirer la technicité des comédiens.

Les bases sont d'ores et déjà posées, l'avenir ne fera que confirmer que Sammo est un immense cinéaste sachant jongler sur un paquet de registres sans se planter.

7,5/10

[Jed_Trigado]

Schramm - Jorg Buttgereit (1993)

Découvrir Schramm en 2020 c'est renouer avec une part de mon adolescence cinéphile, celle qui ne jurait que par le gore et forcément quand on creuse la question, on se tourne vers l'Outre-Rhin qui avait en son temps une flanquée de réalisateurs qui œuvraient sérieusement sur la chose.

Quand Buttgereit livre ce film il est loin d'être un novice et ça se voit direct, malgré la semi-contrainte du huis-clos, il s'amuse en permanence a poser des cadres originaux et des mouvements de caméras ingénieux (il y a du Gaspar Noé avant l'heure, comme ce sublime travelling circulaire couvrant Schramm du sol au plafond pendant une séance d'abdos), sans parler du montage parfois un peu trop chaotique pour nous faire rentrer dans la tête de son perso principal. Ce qui m'a le plus surpris, c'est qu'il se distancie le plus possible du serial killer movie habituel avec une avalanche de meurtres sanguinolents et préfère passer énormément de temps avec le tueur dans ses moments quotidiens pour mieux nous balancer sa souffrance intime (la scène de la poupée gonflable ) entre deux rêveries. Pour autant jamais nous ne sommes dans la complainte ou la victimisation de ce personnage (les raisons de sa folie meurtrière sont assez floues), ce qui le rend malgré certaines scènes chocs plus "confortable" a suivre qu'un Henry, Portrait d'un Serial Killer ou Maniac dont il est bien évidemment inspiré, c'est bien que sur ce point que le film m'a déçu (surtout que Der Todesking du même réal arrivait a évoquer une autre question, celle du suicide, de manière très forte). Mais autrement, passé certains sfx cheaps et un acteur principal pas forcément au top niveau pour porter le film sur ses épaules, l'ensemble tient suffisamment le cap encore aujourd'hui.

7/10

[Jed_Trigado]

Canine - Yorgos Lanthimos (2009)

Décidément j'aime bien les films de ce gars et son univers complètement barré qui ne s'embarrasse d'aucune logique rationnelle, si j'avais souri maintes et maintes fois devant The Lobster et La Favorite, là c'est plus le malaise que j'ai ressenti devant cette famille complètement soumise a ce patriarche bien fendu de la cale basse.

Ici, tout passe par l'éducation et qui mieux que les parents pour forger l'esprit des gamins : rien qu'en voyant l'âge des enfants (ils font nettement plus âgés de simples adolescents, pourtant ils agissent de manière très infantile), on sait que quelque chose cloche. Le fils découvre le sexe par l'entremise d'une jeune fille engagée par son père venant régulièrement et les filles dégagent des pulsions de violence assez incroyables où le moindre jeu part en coups ou mutilations, pourtant ils ne contestent jamais rien. Pire, ils ne connaissent du monde extérieur que ce que leurs parents a bien voulu leur apprendre, puisqu'ils n'ont pas la même définition des choses (il y a tout un langage, ce qui donne des dialogues complètement foutraques, comme la définition d'une foufoune, tu vois plus les plafonniers de la même façon ). Lanthimos fait le choix de plans statiques pour accentuer le sentiment de malaise, dans cette demeure d'un blanc immaculé, on sent quelque part l'influence de Funny Games et c'est un peu le reproche que je pourrais objectivement faire (comme je l'avais fait pour The Lobster), c'est qu'il titille parfois trop sur une fibre arty, du coup, on se mange de méchantes longueurs.

Mais a part ça, c'est une proposition de cinéma assez rafraichissante qui sort des sentiers battus et qui n’hésite pas explorer très loin certains tabous (la séquence de la baignoire ).

7/10

[Mark Chopper]

Mon préféré du bonhomme.

Le délire sur Rocky

[osorojo]

Idem, c'est mon préféré du bonhomme. C'est un film qui conjugue avec aisance provoc et intelligence, je trouve. Un peu délicat à appréhender mais pas trop perché non plus.

J'avais essayé ses premiers trucs, et c'était plus compliqué à mater (KinettARF).

[Jed_Trigado]

First Love - Takashi Miike (2019)

Je commençais un peu a m'ennuyer de ne pas reviewer l'actu du père Miike, celui qui filme plus vite que son ombre, mais bon son obstination ces derniers temps a rester dans l'univers des mangas (et pas les meilleurs qui soient) ont eu raison de mon completisme, sauf que First Love sonnait comme un sympathique retour aux sources au vu des trailers et quand en plus celui-ci eut droit a une exploitation française en salles (chose qui n'était plus arrivée depuis Hara-Kiri, presque dix ans), impossible de faire l'impasse.

Dès le début on reconnait la patte du metteur en scène avec une intro en montage parallèle punchy, nous annonçant un film bien rock n'roll sauf qu'une fois encore le contrat ne sera pas respecté a la lettre, l'âge venant le cinéaste a largement dilué ses délires, sans parler de sa mise en scène très économe dans son découpage (beaucoup de longues prises en plan large) ce qui n'aide pas a dynamiser la première heure qui n'est d'ailleurs qu'un vulgaire prétexte pour amorcer le dernier acte où les quinze mille personnages présentés (aucun n'existe vraiment, le seul que j'ai vraiment retenu dans ce bordel c'est Nao Omori en flic ripou et encore c'est parce que ça m'a fait bizarre de le revoir deux décades après Ichi The Killer) se foutront sur la gueule pour un prétexte ma foi assez léger. A partir de là, l'ambiance se relâche vraiment, on retrouve sa nawakerie jubilatoire avec de bons gags bien sentis et surtout une vraie générosité, ainsi qu'une qualité de fabrication remarquable, certes c'est devenu habituel mais voir de bonnes scènes d'actions comme la course-poursuite et le climax dans le magasin en mode jeu de massacre, ça rassure sur son potentiel.

6,5/10

[Mark Chopper]

Nao Omori

En parlant de lui, je te conseille vraiment R100 de Hitoshi Matsumoto, ça pourrait te plaire.

[Jed_Trigado]

J'avais déjà tenté le coffret de Matsumoto sorti en France, j'ai pas accroché du tout.

[Mark Chopper]

T'as tenté ce film en particulier? Les 3 du coffret ?

[Dunandan]

R100, il y a du bonus BDSM dedans!

[Jed_Trigado]

T'as tenté ce film en particulier? Les 3 du coffret ?

Uniquement ceux du coffret (Zaya Samurai, Big Man Japan et Symbol), ça m'a suffisamment calmé.

R100, il y a du bonus BDSM dedans!

C'est pas le genre d'argument qui me vend un film.

[angel.heart]

Clairement, je ne pense pas que R100 soit d'avantage ta came que les 3 films du coffret.