Sans surprise, Benny Chan réussit là même où
The White Storm avait déjà performé, à savoir refaire du vieux avec du neuf. C'est en effet du pur
kung fu pian que l'on retrouve ici, mais avec un ton, et forcément aussi un peu la réalisation, résolument neufs. On retrouve tous les archétypes du genre (le gros
badguy, la pure innocente, le justicier, etc.), et on pourrait même y trouver ici un petit défaut tant chaque personnage se cantonne dans leurs rôles respectifs, hormis 2 frères ennemis autrefois alliés et désormais partagés dans leurs motifs (véritables pierres angulaires du récit, du coup le manque de caractérisation de certains, comme les membres de la garde locale, ne se fait pas trop sentir), mais finalement ça entre tellement dans la thématique de la prévalence de la justice et donc de la rigueur, que ça sert les enjeux certes simples, mais qui remplissent totalement le cahier des charges.
Car si on cherche un film de tatanes à l'ancienne avec peu de câbles et de sfx, surtout au regard de la production chinoise actuelle qui mise énormément sur les CGI en tous genres, on en a pour notre argent. Ça ne manque pas de scènes épiques (chorégraphiées par le gros Sammo), telle la bagarre au début dans la taverne (et justement pour revenir sur la tonalité plutôt neuve, le perso qui mène la charge et incarné par Eddie Peng, un itinérant qui se bat un peu en mode je m'en-foutiste et guidé par son cheval les yeux bandés, mais qui envoie du pâté quand on lui cherche noise, illustre parfaitement cette tendance), une bonne partie des séquences avec le fameux Sean Lau (l'inspecteur de police dans
Full Alert, c'est lui) alors qu'il n'est pas expert à la base (mais il est parfaitement crédible et pue la classe avec son fouet), ou encore le climax final qui est tout simplement étourdissant en termes de souffle et même d'émotion (ça me fait toute chose quand le regroupement se fait à la fin).
Et puis ce que j'avais déjà particulièrement apprécié dans son opus précédent, Benny Chan en retranscrit ici l'essentiel, à savoir les valeurs défendues par ces films d'antan où la justice est au-dessus de tout, contre et envers tout (ce qui renforce d'autant plus l'émotion et le sens épique du final). C'est pourquoi encore une fois la simplicité des enjeux n'est pas ici un défaut mais bien plutôt un
leitmotiv incontournable, tourné autour d'un Louis Koo méconnaissable, lui l'éternel
good guy transformé pour l'occasion en tueur sanguinaire sans foi ni morale (ses deux séquences qui l'introduisent m'ont du coup surpris tant ça peut aller loin), mais avec cette petite touche qui éloigne le réalisateur du pur faiseur (il y a encore une fois une vraie parenté avec le film qu'il fera par la suite). Bref, pour tout amateur du genre, c'est peut-être l'un des meilleurs tenants de ces dernières années de disette, surtout que Benny Chan ne se cantonne pas à faire du papier-coller mais propose véritablement un petit truc en plus.
Note : 7.5/10