Impressionnant à quel point la saison 3 remonte la pente. Je l'ai finie hier soir, et en dépit de quelques trucs amenés maladroitement dans les derniers épisodes, c'est du tout bon. Fini les errances psycho-mystico-philosophiques dans des épisodes de 65min qui trahissaient l'auto-suffisance d'un auteur qui semblait abuser d'une carte blanche créative. Ici on revient à un format digeste de 10 x 45min avec un vrai sens du rythme et un parfait équilibre entre toutes les facettes du show : thriller politique parano, combat intérieur d'un protagoniste schizophrène, pas mal de suspense et d'action (ces épisodes 5, 6 et 7 nom de dieu
) , des mystères à élucider pour recomposer la grande mosaïque générale, comme aime le faire Lindelof.
Aussi, cette saison ne cherche plus à duper le spectateur en jouant avec la perception de la réalité. Même si Elliot est toujours bien dérangé, il a maintenant pleinement conscience de son trouble, et la mise en scène ne cherche plus à nous tromper. Il y a bien encore des moments d'inconnus, des trous de mémoire/ellipses qui amènent plein de questionnements etc. Mais ces questionnements sont désormais partagés par Elliot, et cette saison ne comporte pas de twist nous révélant que ce qu'on a vu n'était pas vrai ou trompeur. Et même si c'était une force du show, il était temps que ça change pour ne pas sombrer dans la redite (déjà que le twist de la saison 2 était assez gratuit et au final pas bien utile...) et pour retrouver du punch. Résultat de ce côté moins nébuleux : on se focalise pleinement sur le développement de l'intrigue et des personnages et le tempo est décuplé.
Le show n'en perd pas son âme pour autant. Bien au contraire, il n'a jamais été aussi émouvant sur toute sa dimension psychologique.
L'ensemble de la saison est traversé par une belle thématique : peut-on réparer les erreurs du passé et repartir de zéro ? La quasi intégralité de cette saison sonne comme une variation autour de cette thématique, jusqu'à évoquer le fantasme du voyage dans le temps via des allusions bien senties à quelques références de pop culture (Retour vers le futur 2 en tête, déjà un peu évoqué en saison 2).
Plus fort encore, cette thématique sonne un peu comme un méa culpa vis à vis de la saison 2. A plusieurs reprises, cette saison s'empare d'un truc chiant de la saison précédente pour mieux l'anéantir. Je pense notamment au destin choc d'un personnage secondaire particulièrement relou et inutile de la saison 2, assassiné froidement (dans une séquence magistrale qui évoque
Les fils de l'homme) peu après son apparition dans cette saison. Régulièrement, le showrunner semble nous dire qu'il a conscience de s'être égaré, mais qu'il assume et a bien appris de ses erreurs. A l'image de ses héros en plein doutes existentiels et en quête de rédemption... qu'ils ne sont pas sûrs d'obtenir. Réponse en saison 4.
Edit : Ce début de saison 4. J'étais pas prêt