Les avis de vos dernières lectures

[pabelbaba]

Ah ouais? J'ai jamais osé sauter le pas de son autobio. Mais c'est vrai que son docu sur la France, sobrement intitulé Vive La France ne sentait pas la joie de vivre ni l'amour de son prochain.

[Olrik]

Dès les premières pages, tu comprends à qui tu as affaire.
Audiard est totalement à l'opposé d'un Frédéric Dard (je les compare car les deux ont un rapport très fort à l'argot et à Céline), ce dernier étant infiniment plus sympathique quoique lui aussi ayant connu des drames qui l'ont un peu torturé. Tiens, j'ai presque envie de me faire un San-A pour me purger l'esprit de cette sinistrose.

[Jack Spret]

"Wang, Tome 2: Les aigles d'Orient" de Pierre Bordage - 1996

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Pas convaincu par cette suite. Autant, le talent de conteur de Bordage n'est plus à prouver, autant il se laisse flotter sur les acquis du premier tome et l'intrigue se suit jusqu'à un dénouement sans surprises et sans grande saveur. Reste une très bonne ouverture remettant direct dans l'ambiance des Guerres Olympiques ainsi que des personnages bien campés même si trop facilement malléables et bien trop manichéens.

"Ortog et les ténèbres" de Kurt Steiner - 1969

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Quelle déception ! Alors que le pitch laissait pressentir une variation SF du mythe d'Ulysse, on se retrouve avec un roman assez laborieux malgré des concepts extraordinaires (lorsqu'on meurt dans une dimension, nous naissons dans la suivante) et des personnages tout droits sortis de la fantasy chère à Robert E. Howard. Les premiers et derniers chapitres sont très bons mais ne sont que le feuilletage réussi d'un gâteau trop généreux pour plaire (on se perd dans les nouveautés à chaque page) et qui ne renouvelle rien (l'intrigue est d'une platitude désarmante). Un gros potentiel qui aurait mérité d'être mis sur papier à l'état de nouvelle.

[Jack Spret]

"Erewhon ou De l'autre côté des montagnes" de Samuel Butler - 1872

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Dans une époque où les théories du créationnisme et de l'évolution s'affrontent, Butler publie cet ouvrage qui s'apparente à un pavé dans la mare. Darwiniste convaincu, il se fait passer ici pour un fervent paysan attiré par les confins inexplorés de son horizon immédiat. De son expérience comme berger dans les montagnes de Nouvelle-Zélande, il puisera l'inspiration de ce roman aussi étrange qu'important.
Étrange car cette dualité de l'auteur et du personnage donne lieu à une caractérisation jusqu'au boutiste des traits de personnalité du héros. Tantôt dévot, tantôt sceptique, sa foi est malmenée par la découverte d'une civilisation dissimulée au reste du monde et qu'il estime être le peuple perdu d'Israël. Important car en cette époque trouble où Charles Darwin se heurte à l'opinion publique, l'éventualité que l'homme soit fait à l'image de Dieu excuserait la culture des Erewhoniens et leurs excès de zèle.
Car la civilisation dépeinte dans le livre est tout bonnement incroyable et l'imagination fertile de Butler donne lieu à des chapitres absolument géniaux, notamment ceux qui développent la théorie de l'évolution chez la machine (lisez-le juste pour ça, ça vaut le coup !). Au départ Lovecraftien avant l'heure (les descriptions lorsqu'il s'enfonce de plus en plus dans les montagnes font froid dans le dos), le roman devient petit à petit un véritable carnet de voyages avec ce qu'il faut de rebut lorsqu'il s'agit de passer au crible le fonctionnement d'une société complètement nouvelle. Son roman aura un succès d'estime mais sa suite ne parviendra pas à réitérer l'engouement collectif. A lire absolument !

"Naufrages" d'Akira Yoshimura - 1996

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Vu la qualité du "Convoi de l'eau", je partais confiant sur ce "Naufrages" dont le résumé semblait très proche. Je ne m'y suis pas trompé. Avec le même schéma narratif, Yoshimura parvient à nous entraîner au plus profond de la ruralité japonaise, instilant un tempo lent et métronomique comme le ressac des vagues sur la plage du village de pêcheurs. Les saisons défilent, les protagonistes, grandissent, vieillissent et meurent. C'est l'éternel tourbillon de la vie qui nous est montré dans ce microcosme réducteur. Le village contient son lot de bonheur quotidien, de rires et de larmes partagées, de malheurs et de pertes, et d'horreurs rares mais acceptées de tous. C'est beau, c'est tendre, et la fin m'a ému comme rarement un livre a su le faire. Yoshimura, avec ses phrases courtes et son style poétique, est un auteur incontestablement puissant !

[osorojo]

DUNE

Le début est dense, faut un peu s'accrocher, surtout que Herbert aime les dialogues et la politique. Mais alors, dès qu'il passe la seconde, une fois le contexte posé, ça devient dingue et Dune devient un vrai page turner, j'ai du bouffer les 500 dernières pages en 2/3 jours à tout casser. J'ai hâte de voir ce que va faire Villeneuve de tout ce matos, il y a un fort potentiel visuel dans cet univers.

Je me fais le tome 2 dans pas longtemps, pour sur.


BAD CHILI, Joe R. Lansdale
Hap Collins & Leonard Pine, T4

4 ème tome des aventures des deux trublions au sang chaud Hap & Leonard, et c'est toujours sur les mêmes rails. Les deux bonhommes s'en prennent toujours plus dans la tronche de la part de salopards toujours plus cinglés ! Lansdale a un style d'une fluidité insolente, ça se lit tout seul : on grince des dents, on jubile souvent mais surtout qu'est-ce qu'on se marre. Vraiment, après le duo de Lehanne, c'est ce que j'ai lu de mieux en polar dans la catégorie saga/tandem. Je me suis souvent demandé si Lansdale n'allait pas trop loin, mais il a ce don de toujours retomber sur ses pieds avec une classe dingue tout juste après avoir tutoyé le salace sordide. C'est fort.

[Dunandan]

Si tu es fan, tu pourrais même t'enfiler le 3eme même s'il est d'un niveau inférieur aux deux premiers, ça clôt le premier volet des Atreides .

[Jack Spret]

"Le garçon qui voulait devenir un être humain" de Jørn Riel - 1979

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Roman initiatique à la lisière du conte, ce livre multiplie les poncifs du genre avec ses rites de passages, ses épreuves et ses destins tous plus prévisibles les uns que les autres. Mais malgré tout, le roman possède une certaine fraîcheur dans son écriture et ses personnages qui fait que l'on s'attache à leur sort et qu'on suit tout ce petit monde avec plaisir.
L'auteur ayant vécu 16 ans au Groenland, ses descriptions du paysage sonnent juste et nous savent nous transporter. Seul regret, c'est que malgré l'aspect ethnologique lorsqu'il dépeint les coutumes et traditions du peuple inuit, il ne parvient pas à rendre le tout assez sérieux, ce qui donne une teinte enfantine à l'ensemble du roman.
A conseiller à de jeunes parents pour donner le goût de la lecture, de l'aventure et des voyages à leurs enfants.

"Cygnis" de Vincent Gessler - 2010

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Premier roman intriguant tant par son fond que par sa narration. Si l'auteur fait des choix déroutants, n'allant jamais où on pense qu'il ira, ses personnages ne sont qu'épurés et il nous est difficile d'être en empathie avec ce qui leur arrive. Mais là où le charme opère, c'est dans la qualité de l'écriture, mêlant métaphores et poésie dans un véritable style romantique.
Même s'il n'échappe pas à la tentation de dépeindre un monde post-apocalyptique déjà vu et revu, l'auteur parvient tout de même à titiller notre curiosité en multipliant les rebondissements inattendus. Sympathique !

"Le prophète" de Khalil Gibran - 1925

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Réputé dans les années 60, Khalil Gibran a su être la voix empreinte de sagesse de tout un peuple et, à plus forte raison, des hommes en général. Lecture philosophique teintée de bon sens et de poésie, les aphorismes distillés tout au long des 80 pages du livre sont à la fois marquants, justes et provocateurs (notamment ce qu'il pense des habits et des plaisirs).
A l'inverse du Zarathoustra de Nietszche, le personnage principal cherche à quitter les siens et, dans un dernier élan de bonté et d'amour, leur délivre les fruits de sa réflexion sur des sujets divers et variés. A lire absolument quand bien même tout cela reste d'une profondeur atteignable à qui pourrait prendre le temps de réfléchir à tout ça.

[Mark Chopper]

Le Rouge et le Noir / Stendhal (1830)

Dans la catégorie "Plus classique, tu meurs", je demande le récit des amours de l'ambitieux Julien Sorel qui a traumatisé des générations de lycéens français (j'y ai échappé)... J'avais tenté de le lire une fois, vers l'âge de 25 ans si je me souviens, et j'avais lâché l'affaire après 300 pages (sur 666 dans mon édition actuelle). Dire que j'avais subi la prose stendhalienne et les atermoiements sentimentaux des personnages est un doux euphémisme...

Mais voilà, à bientôt 40 balais, plus rien ne me fait peur (enfin si : Christine Angot, Marc Lévy, Guillaume Musso... pas mal de contemporains en fait). Mais du côté des classiques français, j'ai tenu bon face aux 1800 pages des Misérables et ses nombreuses digressions (dont une de six chapitres sur la gestion des excréments à Paris, sous prétexte que Jean Valjean quitte une scène de bataille en passant par les égoûts)... Il faut dire que j'étais récompensé avec Hugo, tant ses grands romans sont riches en moments de grâce et en personnages iconiques (Thénardier qui séquestre Valjean Le dernier chapitre sur Javert ).

Là, rien à faire, Stendhal et moi, ça ne marche pas. Je trouve souvent mon compte avec les grands romans réalistes du XIXème (depuis quelques années seulement) car l'époque est riche et le roman permet, d'une certaine façon, de vivre ses grands bouleversements historiques. Mais bon... Quand on déteste les personnages dans un tel roman, c'est problématique.

Le fameux Julien Sorel, par exemple... Quel connard fini. Il ne sait jamais ce qu'il veut et qui il aime, il change d'avis comme de chemise, c'est pénible. En fait, on a envie qu'il crève

Mais le véritable problème de Stendhal à mon sens, de mon point de vue de lecteur, c'est que dans un registre similaire, Balzac et Flaubert ont fait mieux. Je veux lire le portrait d'un ambitieux/arriviste ? Rastignac dans Le Père Goriot, c'est autre chose que cette chiffe de Julien (sans parler du bonus Vautrin). Le portrait d'une femme mal mariée ? Emma Bovary l'emporte par K.O. si on la compare à Madame de Rênal (je n'irai pas jusqu'à comparer les proses de Stendhal et Flaubert, là, ce serait violent). Et les personnages de la seconde partie, la famille de la Môle, sont encore pires...

J'avoue toutefois que la fin est belle.

Bon, ceci ne m'empêchera pas de lire plus tard, du même auteur, La Chartreuse de Parme et même l'inachevé Lucien Lauwen... Mais il me faudra lire, juste après, une valeur sûre. Pour tenir le coup.

[osorojo]

De quoi vraiment se demander pourquoi des livres comme ça sont infligés à des ados ... de quoi leur faire détester la lecture, à coup sur.

[pabelbaba]

Ca fait mouiller la culotte des étudiantes en lettres qui finissent prof de français?

Un peu comme Bel-Ami, ma prof voyait des symboles sexuels partout dans ce bouquin.

[Mark Chopper]

J'ai relu l'année dernière deux livres étudiés en troisième (Vipère au poing et Le Sagouin)... J'avais détesté à l'époque, mais la relecture fut salutaire.

J'estime qu'il y a un temps pour tout en lecture, mais je fais peut-être de mon cas une généralité.

Un peu comme Bel-Ami, ma prof voyait des symboles sexuels partout dans ce bouquin.

J'ai connu un prof à la fac comme ça :

"Bon là, vous voyez : l'auteur décrit un lit et les draps ne sont pas défaits... Le personnage décrit par Melville est donc impuissant"

[pabelbaba]

C'est toutes les mêmes. Je crois même que l'Odieux Connard en parlait aussi dans un de ses textes.

Mon meilleur souvenir c'est Bel-Ami qui s'assoit dans un fauteuil confortable et en fait le champ lexical de la description indique que c'est sexuel.

[Mark Chopper]

Je compte le lire cette année : je vais guetter ce fauteuil

[osorojo]

J'ai relu l'année dernière deux livres étudiés en troisième (Vipère au poing et Le Sagouin)... J'avais détesté à l'époque, mais la relecture fut salutaire.

J'estime qu'il y a un temps pour tout en lecture, mais je fais peut-être de mon cas une généralité.

Tout à fait de cet avis. C'est pareil pour le cinoche et les arts en général. On le perçoit différemment selon son vécu, logique que des bouquins qui nous assomment ados nous parlent quand on a sa propre assimilation des sujets qui y sont traités.

J'essaye de lire quelques classiques aussi en ce moment. Le dernier en date, c'était Bovary justement, et j'ai beaucoup aimé. Pas certain qu'à 15 piges, c'eut été le cas

[Waylander]

Mademoiselle de Maupin. Une torture qui m'a dégoûté d'un certain pan de lalittérature et je pense que ce sera à vie. Jaamais je le relirais en me disant og allez j'étais trop jeune. Putain filez moi un London ou un Steinbeck plutôt que les classiques Fr dont j'ai une très mauvaise image. Sûrement a tort.