[maltese] Mes avis en 2020

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[maltese] Mes avis en 2020

Messagepar maltese » Mer 08 Jan 2020, 09:15

On relance la machine, pour le temps que ça durera :mrgreen:
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Brigand bien-aimé (Le) - 6/10

Messagepar maltese » Mer 08 Jan 2020, 09:23

Jesse James

(Le brigand bien-aimé)

Henry King, 1939


Je suis dans une période vieux films actuellement, et surtout les westerns. Retour aux « sources » du western d’ailleurs avec celui-ci : en 1939, ce Jesse James et le Stagecoach de John Ford donnent un nouveau souffle et une nouvelle dimension au genre. Malgré son beau technicolor, Jesse James a cependant moins bien vieilli que le classique absolu de Ford.

Avec le temps, on en a eu beaucoup des versions de la vie du fameux « brigand bien-aimé », on est donc en terrain connu. Et pour qui est ne serait-ce qu’un peu familier du personnage, le fait qu’on évite totalement de parler de ses actions durant la Guerre de Sécession dans la bande sauvage de Quantrill est un indicateur déjà marquant : le film se présente comme un biopic, mais édulcore pas mal la réalité historique. Néanmoins, la dimension psychologique attachée à cette histoire, quoique légère, est bien présente. Jesse James et son frère Frank sont présentés comme étant dans un premier temps des héros du peuple, victimes des agissements criminels des compagnies du chemin de fer et qui se rebellent contre l’autorité, avant que Jesse devienne fasciné par ce mode de vie d’outlaw et qu’il devienne réellement un bandit, provoquant le malheur de son entourage. Un parcours qui rappelle un peu ce qu’on voit dans certaines productions de films de gangsters à la même époque, mais avec une dimension morale moins appuyée, sans doute due au fait que l’histoire appartienne au passé. Le discours final du journaliste appuie bien cette thématique : Jesse James était-il bon, était-il mauvais ? Peut-on le défendre, le célébrer ? On ne sait pas très bien, mais déjà, Jesse James appartient à la légende, et comme toujours, quand la légende est plus belle que la réalité…

Ca se laisse bien regarder, mais l’ensemble manque un peu d’envergure, la faute à un script pas toujours très fin ; hormis le personnage intéressant du marshall amoureux de la femme de Jesse James (très bon Randolph Scott), les personnages secondaires ont du mal à vraiment exister, notamment Frank James, assez effacé et qu’on remarque surtout grâce à la présence toujours très forte d’Henry Fonda. Tyrone Power est vraiment bien dans le rôle-titre, mais, bien que ce soit plutôt la faute du script à mon sens, la dimension plus dangereuse et ambiguë du personnage aurait pu être mieux retranscrite. Et question dialogues, c’est un peu lourd, notamment les traits d’humour (le personnage du journaliste…). La mise en scène de King réserve par contre quelques très beaux moments (la première attaque de train, avec ce travelling suivant l’avancée de Jesse sur les wagons, c’est superbe).

Bref, on ne s’ennuie pas, loin de là, mais au vu des moyens mis à disposition, de l’histoire du personnage et des thèmes qu’on abordait, on sent qu’on est passé à côté d’un grand film. Reste qu’il aura indéniablement marqué son époque et l’histoire du western.

6/10
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Film: Brigand bien-aimé (Le)
Note: 4/10
Auteur: Scalp

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Autant en emporte le vent - 9/10

Messagepar maltese » Jeu 09 Jan 2020, 23:08

Gone With The Wind

(Autant en emporte le vent)

Victor Fleming, 1939


Qui viendra à bout d’Autant en emporte le vent ? Voilà déjà 80 ans que le film est sorti, et il continue encore aujourd’hui d’incarner de la plus fabuleuse manière l’âge d’or des studios hollywoodiens et l’idée la plus absolue du grand spectacle lyrique et rêvé – un condensé de ce que le cinéma a peut-être de plus beau et de plus fort à nous offrir.

Tout a été dit sur ce chef-d’œuvre, mais je trouve qu’on a trop tendance à insister sur l’aspect mélodrame du film. Alors, la romance est là et bien là, mais avant toute chose, on a un formidable portrait d’une femme au destin marqué par les remous de l’histoire. Le temps d’une guerre fratricide et de ses lendemains peu glorieux, Scarlett O’Hara passera du statut d’enfant gâtée et capricieuse choyée par son entourage, à celui d’une femme d’affaires manipulatrice dictant la destinée de tout son entourage mais courant à sa propre perte, ayant connu la pauvreté après la richesse, la remise à flot de son domaine familial, le développement de son propre business, trois mariages, un enfant, et nombre de désillusions provoquées la plupart du temps par son propre orgueil et ses erreurs de jugement. Un personnage à la fois fascinant, détestable et attachant qui doit beaucoup à l’interprétation parfaite d’une Vivien Leigh qui joue des côtés les plus méprisables de Scarlett tout en faisant ressortir son aspect éminemment fragile – au fond, elle se veut indépendante et forte mais a toujours besoin des autres pour s’en sortir.

Le couple que Leigh forme avec Clark Gable fait partie de la légende du cinéma, et à juste titre ; rarement un couple à l’écran aura fait autant d’étincelles, chaque dialogue entre Scarlett et Rhett Butler est une véritable passe d’armes pleine d’humour et de cynisme ou de brutalité, et on y croit à cet amour malade et destructeur pour les deux personnages.

Et au-delà de tout ça, quelle fougue, quelle épopée ! C’est à la fin d’un monde qu’on assiste. Un monde sans conteste idéalisé - je ne vais pas m’attarder sur l’édulcoration de la vie dans le vieux Sud et la vision de l’esclavage qui peut au mieux faire « sourire » devant une telle naïveté ou au pire scandaliser ; il y a clairement beaucoup de choses à dire, mais c’est le parti pris du film que d’épouser le point de vue des gens du Sud (et leur « cause »), en laissant de côté quasi totalement l’horreur du système en place. En tout cas, la manière de représenter comment ce monde court à sa perte avec joie et entrain est saisissante (formidable scène de la réception où l’annonce du début de la guerre provoque un engouement total des gens sur place pendant que seule Scarlett déprime, aux prises avec ses petits tracas), avant de voir l’effondrement total d’une civilisation que Fleming (et les autres réalisateurs, et les 50 scénaristes, et David O. Selznick bien sûr – tellement de monde a travaillé sur cette œuvre) filme de façon grandiose et inoubliable. La vie dans les grandes plantations, l’incendie d’Atlanta, la scène des innombrables blessés à la gare, la fuite dans un monde en ruine et aux couleurs de feu, la reconstruction pénible et humiliante devant des Nordistes triomphants et arrogants… Autant de tableaux magnifiés par un technicolor incroyable de beauté, des décors impressionnants et une mise en scène spectaculaire – je ne me prétends pas du tout un spécialiste de films anciens, mais pour avoir vu pas mal de films des années 1930 (et de 1939 plus précisément) ces dernières semaines, je trouve que le contraste avec le reste de la production est vraiment fort. Sans qu’il soit forcément meilleur que tout le reste, on a l’impression de voir un film qui a 100 fois plus de moyens que la concurrence, rarement du fric aura été aussi bien utilisé à l’écran :mrgreen: D’ailleurs ça me fait penser que 1939 est vraiment l’une des années les plus importantes de l’histoire du cinéma américain : Autant en emporte le vent, Le Magicien d’Oz, Les fantastiques années vingt, Stagecoach, Vers sa destinée, Mr. Smith goes to Washington, Les anges aux figures sales… Une année de naissance de mythes.

La deuxième partie du film traine peut-être un peu sur la fin, car on est plus du côté de la grande histoire dans les 2 ou 3 premières heures, mais on a affaire à une telle galerie de personnages que ça se suit parfaitement jusqu’au bout. Et puis la musique de Max Steiner qui accompagne tout ça… Vraiment une grande saga épique indémodable.

9/10
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Corps de mon Ennemi (Le) - 7,5/10

Messagepar maltese » Dim 12 Jan 2020, 18:01

Le Corps de mon Ennemi

Henri Verneuil, 1976


Un Verneuil que j’aime vraiment bien, polar en forme de règlements de compte qui doit beaucoup à sa structure narrative à flash-backs. Au fond, tout ça est sans grande surprise, mais c’est tellement bien conté qu’on se laisse prendre au jeu, et qu’on suit avec attention le déroulé de la chute aux enfers programmée du héros incarné par un Belmondo déjà un peu vieillissant. Point amusant d’ailleurs, à l’heure du de-aging et de la communication qui y va à fond sur les technologies utilisées pour rajeunir des acteurs, il est intéressant de voir comment Verneuil évitait complètement le problème de montrer son héros à plusieurs moments de sa vie : une réflexion du personnage de Belmondo pendant qu’il raconte ses souvenirs (« J’avais sûrement une autre tête à l’époque, mais quand on repense à sa vie d’avant, on se voit toujours avec la tête qu’on a aujourd’hui »), et le tour est joué :eheh:

La structure narrative ne fait pas tout : il y aussi (et surtout ?) les dialogues aux petits oignons d’un Michel Audiard en grande forme, qui se fait plaisir avec les confrontations du personnage relativement « populaire » de Belmondo avec cette bourgeoisie arrogante incarnée notamment par les très bons Bernard Blier et Marie-France Pisier. C’est plein de petits bons mots et surtout de réflexions cyniques de Belmondo en voix-off, et ça, ça fait déjà un film :mrgreen:

On ne peut pas parler d’un grand polar, mais un polar français tout de même au-dessus de la moyenne pour moi, qui se démarque par sa représentation du fonctionnement d'une ville, de ses différents milieux sociaux et des inévitables tensions qui surgissent quand un individu cherche à s'opposer à l'ordre établi. Verneuil n'est pas dans le film politique, mais il utilise très bien ce contexte pour donner corps à ce qui tient finalement plus du drame cynique que du mystère criminel.

7,5/10
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar pabelbaba » Dim 12 Jan 2020, 19:06

maltese a écrit: Point amusant d’ailleurs, à l’heure du de-aging et de la communication qui y va à fond sur les technologies utilisées pour rajeunir des acteurs, il est intéressant de voir comment Verneuil évitait complètement le problème de montrer son héros à plusieurs moments de sa vie : une réflexion du personnage de Belmondo pendant qu’il raconte ses souvenirs (« J’avais sûrement une autre tête à l’époque, mais quand on repense à sa vie d’avant, on se voit toujours avec la tête qu’on a aujourd’hui »), et le tour est joué :eheh:

J'avais même pas fait gaffe. :chut: Mais c'est pas facile de s'y retrouver et à plusieurs reprises j'ai galéré pour savoir quand on était. :vieux:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar maltese » Lun 13 Jan 2020, 09:44

Oh t'abuses un peu là, la frontière temps réel/flash-backs est tout de même claire. A la limite, c'est vrai qu'on ne se rend pas forcément bien compte de la durée du temps qui passe dans les flash-backs (ça pourrait durer 6 mois comme 6 ans). Mais bon, c'était aussi clair que dans The Irishman quoi :mrgreen:
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar pabelbaba » Lun 13 Jan 2020, 10:01

Au début, j'ai galéré, ensuite je me suis raccroché aux fringues qu'il porte.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Poursuite Infernale (La) - 7,5/10

Messagepar maltese » Mer 15 Jan 2020, 19:20

My Darling Clementine

(La Poursuite Infernale)

John Ford, 1946


Ah, les titres français des westerns de John Ford, toute une histoire. Entre La chevauchée fantastique qui loupe le cœur du film, La charge héroïque dans lequel il n’y a qu’une charge anecdotique et absolument pas héroïque, ou La prisonnière du désert qui aurait encore mieux fait d’être appelé Le prisonnier du désert, on peut dire que ce n’est pas la joie – la plupart du temps un simple attrape-spectateurs. Mais je crois que la palme revient à La poursuite infernale, dans lequel il n’y a pas de poursuite et dont le rythme est bien loin d’être infernal :eheh: On va en rester à My Darling Clementine.

Non pas infernale, c’est donc plutôt une vision relativement tranquille du célèbre duel à O.K. Corral entre le clan Earp et le clan Clanton que nous propose Ford. Ce dernier, qui tenait le récit du duel de la bouche-même de Wyatt Earp, choisit de surtout mettre en scène la vie d’une communauté qui passe de l’anarchie de l’Ouest à l’ordre de la civilisation, née finalement grâce à ce « duel » sanglant qui ne laissera que peu de survivants – le vieil Ouest a déjà vécu. Le Wyatt Earp de Ford est un homme droit et calme, qui ne prend les armes que contre son gré, afin de venger la mort de son frère. Ce faisant, il va incarner la justice et préparer l’Amérique de demain, avant de s’enfoncer dans le désert, et vers une légende que Ford désacralise pas mal l’air de rien – Earp n’est pas une machine de guerre, et le duel est relativement vite expédié à la fin (même si la « rivalité » Earp-Clanton traverse bien tout le film, et ce dès la première scène).

En parlant de légende, c’est marrant, j’ai découvert récemment Vers sa destinée, le film de Ford consacré à Abraham Lincoln, et il est étonnant de voir les multiples rapprochements entre les deux œuvres. Le héros, légende de l’Amérique, est à chaque fois incarné par Henry Fonda, qui joue un peu de la même manière ce personnage à la force tranquille qui s’oppose à l’anarchie dans une petite communauté. Chacun part « vers sa destinée » suite à la mort d’un proche (l’amour de jeunesse de Lincoln, le frère de Earp) et vient lui parler sur sa tombe (motif récurrent chez Ford d’ailleurs), chacun est un peu empoté avec les femmes – on a même la même scène de danse un peu gênante. Petite différence, Lincoln règle les problèmes à coups de rhétorique alors que Earp utilise son six-coups :mrgreen: Mais au fond, l’idée est similaire.

Qui dit John Ford dit évidemment classe absolue de la mise en scène et de la photo ; que ce soit dans ces extérieurs vastes et spectaculaires de Monument Valley ou dans les intérieurs des saloons et chambres d’hôtels, le film est un régal pour les yeux. Ce n’est pas une vision spectaculaire de l’Ouest (enfin, quoique, avec des décors pareils…), ou une version dure et sanglante ; même si la violence est bien là, Ford filme avant tout la vie de cette communauté et de ces personnages, le temps de quelques journées, avec tendresse et humour parfois, et il prend son temps pour ça – et on prend ce temps avec lui avec plaisir. Je crois que je pourrais passer deux heures à regarder Henry Fonda s’asseoir sur une chaise, voilà ce que c’est que d’avoir la classe.

Les personnages sont vite et bien caractérisés. Walter Brennan endosse immédiatement la posture du vieux salaud impitoyable, du genre qui n’hésite pas à tirer dans le dos. Victor Mature campe un Doc Holliday vraiment intéressant, homme visiblement cultivé de l’Est qui est venu se perdre dans l’Ouest pour fuir ses démons. Les deux personnages féminins principaux sont plus en retrait mais font véritablement vivre l’action et le scénario joue bien de leur opposition qui semble presque totale, bien que chacune amène un peu plus d’humanité à cet univers dur et sale.

Il manque peut-être un soupçon de lyrisme, de passion, ou a contrario, d’un côté un peu plus brut, pour que le film m’emporte complètement. Mais en l’état, c’est l’univers fordien typique, dans lequel on se plait à retrouver ces figures emblématiques de l’Amérique. Un très beau western.

7,5/10
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Charge fantastique (La) - 7,5/10

Messagepar maltese » Ven 07 Fév 2020, 09:11

They Died With Their Boots On

(La Charge Fantastique)

Raoul Walsh, 1941


Eh bien, en voilà un film où on ne s’embarrasse pas trop avec la vérité historique ! Est-ce qu’on peut parler de film de propagande ? A tout le moins, on est clairement dans la construction héroïque, légendaire, d’un personnage. La question de la représentation du Général Custer continue encore aujourd’hui d’alimenter les débats des historiens ; salopard anti-Indien ? militaire de génie ? Le film de Walsh ne fait lui pas dans la demi-mesure, en présentant George Custer comme rien moins qu’un immense héros de la guerre civile, puis des guerres indiennes, un homme bon, loyal et fort, défenseur même de la cause des Indiens et prêt à mourir pour défendre l’idéal américain. Bref, une vision totalement idéalisée et servie par le charisme formidable d’Errol Flynn.

Si le talent de Walsh pour faire vivre cette histoire et son personnage est indéniable, comment adhérer totalement à ce qu’on raconte lorsqu’on connaît l’autre versant de l’histoire ? Cette histoire qui rappelle que Custer a commis plusieurs exactions sur les populations indiennes, et que sa défaite à Little Big Horn ne serait pas un sacrifice héroïque mais plutôt une erreur arrogante qui aura coûté la vie à de nombreux hommes. Difficile de tout à fait rentrer dans le film lorsqu’on a ça à l’esprit ; du coup, on observe ce spectacle avec une certaine distance, qui nuit tout de même à l’implication émotionnelle.

Néanmoins, au-delà de ces questions, on suit avec plaisir ce qui constitue une véritable épopée fascinante concentrant tout un pan de la mythologie américaine. De West Point à Little Big Horn, en passant par la guerre de sécession, la colonisation des territoires, les guerres indiennes, et même un petit détour par Washington et son bureau ovale ; en un peu plus de deux heures, Walsh nous fait vivre le destin d’une sorte de héros américain définitif, droit, qui s’est fait tout seul, et qu’il oppose à des « politiciens » corrompus prenant toutes sortes de visages (les militaires qui cherchent à faire carrière sans prendre de risque, les financiers sans scrupules qui profitent de la guerre, etc…). Les Indiens sont également présentés de façon nuancée ; le film ne les montre jamais comme des sauvages mais comme des ennemis valeureux, victimes de machinations de Blancs corrompus. Un personnage anglais a d’ailleurs cette réplique étonnante pour un film de l’époque : « Pour qui est-ce que vous vous prenez, vous les Yankees ? Les seuls vrais Américains ici sont ceux qui se trouvent de l’autre côté, avec des plumes dans leurs cheveux ».

Bien rythmé, spectaculaire dans ses scènes d’action et captivant dans ses scènes plus intimistes toujours remarquablement dialoguées (bon, quelques réserves sur certaines scènes « humoristiques »), ce They died with their boots on doit aussi beaucoup à l’interprétation magnétique d’Errol Flynn. L’acteur bouffe l’écran pendant tout le film, drôle, charmeur, émouvant – il est à peu près tout le contraire de l’idée que je me faisais de George Custer :mrgreen:

Le reste du casting assure bien ; c’est la dernière fois que le tandem Flynn – Olivia de Havilland se retrouve à l’écran, et ça marche toujours bien, on est en territoire connu. Arthur Kennedy endosse le rôle du salopard de service, on retrouve aussi Anthony Quinn en chef indien.

Bref, un sacré western à découvrir, mais son côté « réécriture de l’histoire », bien qu’intéressant à analyser, m’a tout de même trop gêné pour le coup.

7,5/10
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar Olrik » Ven 07 Fév 2020, 19:55

Effectivement assez étrange le propos du film sur Custer. Peut-être y a-t-il aussi une question de contexte. 1941, année de l'entrée en guerre des Etats-Unis, il y a peut-être un message sous-jacent qui nous échappe mais qui devait avoir sa pertinence à l'époque pour le spectateur américain.
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar maltese » Sam 08 Fév 2020, 00:06

Il doit y avoir de ça effectivement, car le scénario impose vraiment, peut-être plus encore qu'une vision idéalisée de Custer, une vision idéalisée des "valeurs de l'Amérique". Mais cela dit, sans trop savoir quelles étaient les intentions de Walsh, et même si je me doute qu'il savait qu'il jouait fortement avec l'histoire en faisant ce film, j'ai été assez étonné de constater que la vision de Custer continue vraiment à faire débat. Et le fait de le voir comme un salaud devait sans doute être encore moins évident en 1941.

Perso, j'en étais resté à la vision fordienne dans Fort Apache et surtout au général "Tête Jaune" dans Blueberry (ouais je sais, dans aucun des deux cas ce n'est réellement Custer, mais s'il a influencé des personnages pareils, doit bien y avoir une raison :mrgreen: ).
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Cri de la victoire (Le) - 6,5/10

Messagepar maltese » Dim 16 Fév 2020, 14:14

Battle Cry

(Le Cri de la Victoire)

Raoul Walsh, 1955


Film de guerre assez étrange, car on y voit assez peu la guerre finalement. Walsh filme l’entrainement et la préparation au combat de jeunes Marines engagés volontaires pendant la Seconde Guerre mondiale. Les personnages sont de véritables archétypes (et désignés comme tels par une voix-off dès le début du film d’ailleurs), on retrouve en quelque sorte tous les clichés du genre (ah, ce bon vieux sergent instructeur qui engueule tout le monde :mrgreen: ). Et si on a bien affaire à une inévitable démonstration de la beauté et des valeurs de cet engagement militaire (la solidarité qui nait entre les soldats, les limites qu’on est prêt à repousser, le colonel dur mais juste et aimant ses hommes, etc…), le film est plus subtil que ça selon moi. Le scénario montre comment l’attente transforme ces jeunes gens, qui ne rêvent que de prouver leur valeur au combat mais devront en payer le prix fort lorsqu’ils y iront vraiment. Et avant cela, certains auront déjà fini par remettre en question la valeur réelle de leur sacrifice, ayant trouvé plus important au milieu de cette guerre.

Car on s’attarde étonnamment beaucoup sur les relations « sentimentales » des militaires, qui en deviennent le cœur du métrage. Et là, on part l’air de rien sur un terrain plus inattendu et attachant, avec des propos et scènes qui détonnent pour l’époque : femme adultère sans trop de remords, militaires qui trompent leur fiancée restée au pays, soldats qui veulent déserter pour rejoindre leur femme et oublier cette guerre dévastatrice…

Peut-être un peu trop balisé (encore que le fait de rester si longtemps éloigné des combats constitue une vraie surprise) et un peu long, mais un film qui s’apprécie tout de même bien – dès lors qu’on a bien compris qu’il ne s’agit pas d’un film de guerre classique, malgré les apparences.
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Duel au Soleil - 6/10

Messagepar maltese » Mar 03 Mar 2020, 09:35

Duel in the Sun

(Duel au Soleil)

King Vidor, 1946


Sept ans après Gone with the wind, Selznick revient au mélodrame historique et tente de repousser les limites de son chef-d’œuvre avec un spectacle de tous les instants, dans lequel tout flamboie à l’écran, pour le meilleur comme pour le pire : les couleurs, les décors, les acteurs, les personnages et leurs relations. Un véritable triomphe de l’exacerbation des drames et des passions, constamment sur le fil du trop-plein, et qui pourra en laisser plus d’un sur le carreau. C’est malheureusement en partie mon cas.

Ce western, qui nécessita un budget ahurissant pour l’époque et deux années de tournage, propose une imagerie absolument fabuleuse, servie par un technicolor à tomber. Le film est signé King Vidor, mais plusieurs réalisateurs se seront en fait succédés sur le tournage (comme pour Gone with the wind) ; je ne pourrais pas dire qui est responsable de quoi exactement, mais le principal à retenir, c’est qu’on prend une véritable claque au niveau de la mise en scène. Il y a des scènes d’une virtuosité que je n’ai quasiment retrouvé nulle part depuis, des tableaux d’une ampleur considérable – notamment une chevauchée complètement hallucinante d’un nombre incalculable de cavaliers qui surgissent de partout sur une plaine, jamais vu un truc pareil.
Visuellement, c’est également une démonstration, on retrouve ces couleurs magnifiques du Technicolor, et ces ciels de feu improbables. Il y a quantité de plans à tomber et d’idées visuelles sublimes (l’arrivée de Pearl au domaine des McCanless, la cavalerie qui fait face aux hommes du Sénateur ce plan vers la fin avec Gregory Peck caché dans l’ombre et son revolver qui dépasse, etc, etc…). Bref, c’est vraiment spectaculaire, c’est peu dire qu’on en prend plein les yeux.

Mais question histoire, je n’ai pas vraiment adhéré à ce parti-pris très passionné de l’intrigue et des personnages. Le personnage principal surtout, Pearl, jeune métisse orpheline incarnée de manière beaucoup trop exubérante par Jennifer Jones, m’a franchement vite agacé. Son tiraillement entre les deux frères d’une famille de riches fermiers texans joués par Joseph Cotten (droit et respectable) et Gregory Peck (une vraie ordure que l’acteur semble prendre beaucoup de plaisir à jouer) peut être intéressant – et il y aurait beaucoup à dire sur la représentation assez osée pour l’époque des tensions sexuelles fortes entre les personnages, on se demande comment certaines scènes ont échappé à la censure. Mais tout semble surjoué, volontairement dans l’excès et pas loin de la caricature, ça m’a vite lassé. J’ai été plus intéressé par le côté « fin d’un monde » de l’histoire, avec l’arrivée du chemin de fer et le sénateur qui tente de s’y opposer – un thème pas mal rabâché dans les westerns, mais toujours captivant, et qui occasionne à mes yeux la meilleure scène du film lors de la confrontation devant les barbelés. Mais c’est peu traité au final, et bien que la relation malsaine entre Jones et Peck soit assez intéressante et dure à suivre, encore une fois, il y a un trop-plein d’émotions qui m’a laissé à distance.

Bref, un film à découvrir ne serait-ce que pour son côté formel ; pour ce qui est de l’intrigue, ça dépendra des sensibilités.
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar Alegas » Mar 03 Mar 2020, 09:39

J'ai le blu-ray sous le coude depuis un moment, mais je dois avouer que Peck + Jones, deux acteurs qui ne m'ont pas vraiment convaincu jusqu'ici, ça freine ma motivation.
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Re: [maltese] Mes avis en 2020

Messagepar maltese » Mar 03 Mar 2020, 09:46

Oui, tu risques d'un peu souffrir :mrgreen: Je manque de recul sur le jeu de Jones, je ne l'ai jamais vue ailleurs (enfin, techniquement si puisqu'elle joue dans La Tour Infernale, mais aucun souvenir), mais ici c'est vraiment du surjeu - après, encore une fois, je pense que c'est volontaire, on peut trouver que ça cadre avec le reste du film.

Peck, je ne pense pas l'avoir déjà vu jouer un salaud pareil, ça vaut tout de même le coup d'oeil.
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