1917 de Sam Mendes

[lvri]

A la centième balle qui ricoche en le manquant je levais les bras tellement ca me gonflait

Dans ce cas, tu rejettes tous les survival, tous les films d'actions, ... Sachant que pendant la guerre, 90% des soldats n'étaient pas tireur d'élite, ça me choque pas vraiment.

[logan]

Ma copine a fait la même reflexion hier Aprés quand je vais voir un film d'action j'ai pas d'attentes de grand film et je sais que c'est du divertissement ca m'embete moins, c'est un genre de pacte entre le spectateur et l'écran. Ici pour un film qui se veut réaliste et qui décrit des événements réels c'est déja plus bloquant pour moi et ca me saoule vite. Aprés je suis conscient que je reporte mes attentes et c'est qu'un détail au final c'est pas pour ca que le film a 6.

[lvri]

J'aurais tendance à rapprocher le film d'Apocalypto par exemple. Une histoire basée sur une multitude de récits plus ou moins vrais, avec un ou des personnages survivant à des trucs "impossible".
Mendes a clairement simplifié sa tâche en ne prenant que deux acteurs. Il était assez logique que l'exagération soit présente.
Après je comprends ton ressenti. Je connais un pote qui me sortira sûrement la même chose

[francesco34]

Pour le coup que les ennemis le manquent ça m'a pas choqué spécialement... la plupart du temps il est en mouvement, les fusils sont pas d'une hyper précision, et en plus les tireurs (qui sont que de simples soldats enrôlés eux-aussi) étaient souvent eux aussi en mouvement comme dans la scène de la ville, c'est des tirs extrèmement difficiles.

[comICS-soon]

Euh la scène où il court tout droit avec les allemands dans le dos franchement là c'est nimp. C'est le seul truc qui m'a vraiment gêné en terme de réalisme.

[lvri]

Le fait que deux Allemands n'arrivent pas à atteindre un mec qui court dans la pénombre te semble irréaliste ?
J'ai l'impression que les armées en 14-18 n'étaient constituées que de tireurs d'élites et de militaires professionnels...

[comICS-soon]

La pénombre ? Avec les fusées éclairantes et la lumière du feu tu parles d'une pénombre...
Surtout que les mecs sont vraiment pas loin derrière et surtout en plein dans l'axe, y a pas à être tireur d'élite où je ne sais quoi.
Après clairement je suis loin d'être compliqué sur ce genre de situation, ça arrive dans plein de films et ça ne me gêne jamais. Mais la longueur de la séquence et le nombre de coups de feu fait qu'on ne peut s'empêcher de trouver ça too much.

Et je ne parle pas de la 1ere poursuite avec l'allemand à 2m derrière qui trébuche et ne le voit pas s'engouffrer dans la cave alors qu'il met une plombe à defoncer le volet en bois.

Mais bon c'est des détails tout ça.

[lvri]

J'ai surtout l'impression que plus un film est réussi, plus il faut trouver des défauts ...
Tu penses vraiment que tous les soldats atteignaient leurs cibles en 14-18 ? Avec des armes aussi rudimentaires ? Sans aucune expérience ?
Il est évident que tout n'est pas réaliste, qu'il y a de l'exagération ici ou là. Mais faut arrêter de croire que tous les tirs "faciles" atteignaient leurs cibles. Les soldats étaient des gens comme toi et moi.... Et je doute que nous aurions atteint un type qui court, même avec un éclairage de stade de foot.

[francesco34]

Du coup au final y'a que moi qui trouve que l'idée du plan-séquence c'est surtout de l'esbrouffe?...
Ca m'a pénalisé tout le début du film, pas bien rythmé. Et le côté tape-à-l'oeil du procédé empêche l'immersion totale pour moi. Du coup je passe mon temps admiratif devant la technique et la difficulté de l'exercice, mais beaucoup moins impliqué dans le film.

[lvri]

Le plan séquence me semble parfaitement en accord avec l'histoire justement. La tension n'aurait pas été la même sans cette technique qui permet de suivre en temps réel une mission de deux soldats.

[francesco34]

Sais pas, en tout cas c'est ce que j'ai ressenti devant le film, la prouesse technique se rappelait constament à moi, du coup j'étais moins impliqué dans le film lui-même, trop en retrait à contempler le truc.

[lvri]

Peut-être à revoir d'ici quelques mois maintenant que le côté technique est connu ?

[Val]

J'en sors et, alors que je redoutais effectivement le côté petit malin du plan séquence, je trouve que c'est totalement justifié narrativement.

[comICS-soon]

J'ai surtout l'impression que plus un film est réussi, plus il faut trouver des défauts ...

Magnifique cette phrase... En effet le film est très réussi il n'a aucun défaut. La perfection.

[francesco34]

Je comprends pas tout à fait le sens de la remarque... Tout le monde n'a pas trouvé le film si génial, mais si on tente d'expliquer les choses qui nous dérangent on pinaille car on cherche les micro-défauts dans une oeuvre parfaite? Drôle d'argument.
Le manque d'implication et d'empathie pour moi, en grande partie justement due à la technique trop visible et constante, l'empêche d'atteindre les sommets. Je me suis senti beaucoup plus happé par un film comme Le Soldat Ryan par exemple, scotché à mon siège, inquiet pour les personnages, etc...
Je vois bien l'argument temps réel pour justifier le plan-séquence, quoi que l'évanouissement de 12h vient un peu gâcher l'idée, mais au final ça me fait un peu pareil que sur Birdman, admiratif devant la technique, mais pas très impliqué émotionnellement.
Je préfère les plans-séquences sur une seule séquence j'ai l'impression, façon Cuaron. Car le fait est que quand on fait un plan de cette nature c'est un exercice de style, et allongé sur la durée de tout un film on ne voit plus que ça, et d'ailleurs on ne parle plus que de ça, le film est beaucoup présenté et vendu là-dessus, tout comme l'était Birdman, comme si l'exploit technique occultait tout le reste. Y'a un moment dans le film où j'ai besoin d'oublier la mise en scène pour entrer dedans et savourer le reste...
Mais bon ça reste quand même un des plus intéressants (mais trop rares) films sur la 1ère guerre mondiale.

sinon je quote une critique qui transcrit bien ce que je ressens:

Ce faisant, Mendes accrédite cette idée contemporaine un peu fatigante qui veut que le plan-séquence (envisagé comme un tour de force technique invraisemblable) est la seule et unique mesure de ce qui fait le « grand cinéma ». Non pas qu’on n’apprécie pas d’admirer un beau tracking shot virtuose de temps à autre, mais on aime surtout quand l’exercice est au service d’une vision du monde (comme chez les thuriféraires de Tarkovski qui pullulent aujourd’hui) ou d’une pure décharge d’énergie (comme chez les suiveurs de Scorsese qui pullulent depuis Les Affranchis). Dans 1917, le dispositif tourne à vide, et donne systématiquement l’impression d’oeuvrer à sa propre publicité. Pire : il oblige le spectateur à chercher le truc, l’artifice, la soudure façon La Corde, le détournant ainsi sans cesse du récit. (PREMIERE)