Après ce second visionnage, j'affirme sans mal que c'est le film que j'aurais le plus apprécié en cette année 2018 au point de m'être penché plus sérieusement sur la filmo de Lars Von Trier par la suite. Pourtant la découverte a été assez folle en soi, je m'attendais a un truc grossièrement provoc, voire chiant intello, en gros du préfabriqué pour festivals et c'est peu de choses de vous dire que je me suis pris une jolie claque, LVT confirme son statut de mec ravagé de la cale basse en réalisant le film de serial killer le plus dérangeant (et jouissif) depuis des lustres.
Les raisons sont multiples, mais celle qui prime AMHA, c'est qu'il se met clairement en porte-a-faux avec le politiquement correct qui gangrène la société actuelle, le perso principal n'est en rien sympathique mais pourtant on prend un malin plaisir a suivre ses différentes actions et son but de l’œuvre ultime qui ne peut que s'exprimer que par le meurtre : là dessus,
The House That Jack Built ne s’embarrasse d'aucun tabou, le "ni femmes, ni enfants" est aboli, le hors champ n'en parlons pas et surtout bordel ce que le film recèle son lot de séquences hilarantes, a condition d'avoir un sens de l'humour très noir (mention spéciale aux deux premiers incidents) ! Pour autant, on est pas dans une pure comédie, LVT gère brillamment les ruptures de ton via son découpage en chapitres (là dessus, il ne diffère en rien avec
Nymphomaniac) et surtout dans sa réalisation qui alterne l'ultra-brut et l'ultra-léché, de mémoire de cinéphile j'ai rarement vu couler ça aussi facilement de source. Après ce que j'aime par dessus tout, c'est qu'il s'agit d'un film sur un fou fait par un fou et donc on pourrait s'attendre a un truc qui nage a vue dans sa dernière partie (le gros défaut de
Nymphomaniac justement
), mais là non, pas du tout,
est juste fascinant a mater et surtout les dialogues arrivent toujours a faire sens (j'adore chez LVT son emploi des allégories notamment, qui arrivent a être très parlantes quand bien même on ne connait pas les références liées au monde de l'Art ou de l'Histoire).
Un vrai film punk donc, teinté de poésie parfaitement a sa place et assure jusqu'au bout son statut de œuvre
"poil a gratter", il ne changera pas les consciences, c'est clair, mais qu'est ce que ça fait du bien de voir des trucs comme ça, sans parler de Matt Dillon dont on a oublié qu'il était un putain d'acteur intense et charismatique.
8,5/10