Shao Lin san shi liu fang (La 36ème chambre de Shaolin) de Liu Chia-liang
(1978)
Premier KFP de la fameuse Shaw Brothers que je découvre, et autant commencer avec le film emblématique par excellence, celui dont, je pense, n’importe quel cinéphile a entendu parler au moins une fois quelque part. Je m’avère plutôt surpris, notamment par le ton de l’ensemble : à force de voir du kung-fu à tendance humoristique avec les Jackie Chan, j’en avais oublié qu’il était possible de faire du kung-fu en mode full premier degré, et pour le coup ce film arrive très bien à le faire. L’histoire est simple : un jeune homme qui perd tout du jour au lendemain à cause des mandchous, qui va partir s’entraîner des années dans un temple shaolin, et ce afin de retourner se venger. Simple, mais efficace, l’intro d’une demi-heure pose bien les choses, et c’est ensuite partir pour quasiment une heure d’entraînement non-stop. De façon assez étonnante, ce long passage s’avère être le plus réussi du métrage : ça prend bien son temps au début (super passage où il faut traverser une mare sans être mouillé sous faute d’être privé de nourriture), ça fait évoluer le personnage à chaque épreuve, ça pose les bases du final à venir (quasiment chaque choses apprises vont être utilisées sur le climax final) et surtout c’est d’une inventivité folle, genre la séquence où il faut suivre la flamme des yeux sur le papier c’est pas vendeur, mais ça marche très bien à l’écran.
Voir ce film, c’est aussi l’occasion de constater les emprunts faits par Tarantino : que ce soit des détails repris de la séquences d’entraînement dans Kill Bill 2, la présence de Gordon Liu, ou encore sur la mise en scène, notamment dans l’utilisation du zoom. D’ailleurs, j’aime beaucoup la mise en scène de Liu Chian-liang sur ce film, où on compense le manque de moyens par des idées inventives, et notamment donc la question du zoom qui est ici utilisé pour combler le manque de travellings et qui donne un côté dynamique à l’ensemble qui marche bien. Côté combats, ça fait bien le job. C’est bien chorégraphié, quasiment toujours lisible, le seul souci c’est qu’il n’y a pas vraiment de combat qui sort du lot, et au final on retient plus l’entraînement que les affrontements. Un petit mot sur le dernier acte que je trouve un peu trop étiré : la séquence du cimetière est cool mais après ça aurait mérité d’être plus rapide, là ça fait vraiment jeu vidéo dans le déroulement avec des mini-boss puis le boss final. Bref, contrairement à ce que je craignais, c’est un film toujours regardable et efficace, une sympathique surprise donc.
7/10