[Pabelbaba] Mes critiques en 2019

[pabelbaba]

Une Baraque à Tout Casser aka The Money Pit de Richard Benjamin - 1986

Une comédie Amblin, par le réalisateur de Hauts les Flingues, qui remake un film des années 40 avec Cary Grant, c'est autant une curiosité qu'un repoussoir. J'ai quand même tenté.

Le casting n'est pas foufou, avec Tom Hanks et Shelley Long (une actrice de la série Cheers) dans les rôles principaux, on sent que le film ne va pas être une franche comédie. Effectivement, les dialogues sont relativement plats et les acteurs n'apportent aucune plus-value aux gags. A vrai dire, ils ne sont là que pour combler les trous entre les scènes de destruction avec une trame de romcom vue et revue 100x.

Alors autant entrer dans le vif du sujet, les destructions. Là, on a du cinéma! Il y a trois grosses scènes et il faut bien avouer qu'elles font mouche. Elles sont relativement prévisibles, mais sur moi ce genre de gadin, ça fonctionne un max. C'est simple, mais relativement efficace, avec cependant une vraie prouesse pour celle se terminant dans les échafaudages où les cascades ont dû être millimétrées.

Mais globalement, trois scènes dans un film, c'est peu. Quoique, quand on aime les films de kung fu... Clairement il aurait fallu envisager d'autres gags, il y a bien les entrepreneurs escrocs et le gang des destructeurs, mais ce n'est pas assez. On doit donc se fader la romance fadasse de Hanks et Long à la place.

Du coup, j'aurais dû mettre 4/10, cependant, c'était sans compter sur la scène finale qui est un vrai petit plaisir de cinédéglingo, puisqu'Alexandre Godounov, qui joue ici un chef d'orchestre, dirige l'Hymne à la Joie extrait de la 9ème Symphonie de Beethoven, ce, deux ans avant de foutre le bronx dans le Nakatomi Plaza! Sincèrement, c'est le genre de détail qui fout le smile involontairement.

5/10

[pabelbaba]

Weeds on Fire de Steve Chan Chi-fat - 2016

Un film de sport made in HK ça ne court pas les rues et il était dispo sur Netflix.

Comme c'est tiré d'une histoire vraie, l'action se déroule en 1984. Et la première chose qui choque c'est la faiblesse de la reconstitution. On sent que c'est filmé dans un HK tout propret et high tech, surtout dans ce putain de HLM si clinquant qu'il a l'air d'être sorti de terre il y a moins d'un mois. Franchement, ça tue l'immersion. On a vu 50.000 HLM de ce type dans les films des années 80 et c'était systématiquement dégueulasse. D'autant que les persos sont censés venir de classes populaires et vivre dans un quartier mal famé. Gros loupé.

Cependant, ça va avec le reste, à savoir que niveau écriture on est face à un film de sport ultra formaté comme le cinéma américain a pu nous en proposer par paquet de 12, avec des losers qui se prennent un mur, se relèvent, comprennent l'esprit d'équipe, progressent et gagnent. C'est un passage obligé, mais contrairement à Shaolin Soccer, tous les à-côtés sont du même acabit. Il n'y a rien d'original et aucune patte HK ne se fait sentir. Les problèmes des héros ados ont déjà été vus mille fois (parents, paternité, triades) et sont traités superficiellement.

Côté réalisation, c'est pas trop mal, avec une belle utilisation de l'architecture du HLM. Malheureusement, l'abus de ralentis et surtout de flashbacks d'images qu'on a vues précédemment est vraiment casse rouleau.

J'ai donc peiné à trouver un intérêt au film, même si pour une fois le cahiers charges était rempli à la perfection. Mais il manquait clairement d'une HK touch que j'ai attendu pendant une heure trente. Et c'était assez bizarre à la fin de voir le héros regarder l'état d'Hong Kong aujourd'hui (c'était après la révolution des parapluies) et de regretter le bon vieux temps, comme le spectateur devant ce film.

4/10

[pabelbaba]

Nous Voulons les Colonels de Mario Monicelli - 1973

Comme par hasard, c'est Thoret qui m'a donné envie de le voir, à l'occasion de sa présentation des polars italiens 70s où il évoquait une comédie réussie parlant des attentats et tentatives de coup d'état en Italie à cette époque.

Il n'y a pas photo, pour apprécier le film dans sa totalité, il fallait vivre en Italie à ce moment ou être un amoureux transi de l'Histoire politique du pays. J'ai lu quelques critiques sur le film a posteriori, et je suis clairement passé à côté de 50.000 références. Cependant, je ne suis pas sûr que ce soit si grave, parce que le film a des qualités autres.

En premier lieu, il y a cet humour burlesque qui fait encore mouche 46 ans plus tard. Les gars qui perdent un bras, n'ouvrent pas leur parachute, se font cramer etc... par bêtise, ça fonctionne à chaque fois. Ensuite, certaines références sont toujours partagées (Mussolini, les attentats des groupuscules extrémistes, le coup d'état des Colonels en Grèce), on connait encore. Le casting est aussi sacrément gratiné. La tronche de ces vieux officiers fascistes, limite dégénérés, c'est aussi un spectacle en soit.

Et au milieu de tout ça il y a Ugo Tognazzi. Son rôle est simple, mais avec le recul, il est très étonnant. En effet, il semble que son perso est calqué sur un ancien officier milicien qui a échappé de justesse à la peine de mort à la fin de la guerre, mais avec l’œil d'aujourd'hui on dirait Bernard Tapie avec un soupçon de DSK. Du coup, c'est perturbant puisque cette époque est révolue, mais on sent bien que ce genre de zozo traîne toujours dans les parages, ce qui donne un relief un peu différent à cette bobine qui aurait dû rester très ancrée dans son époque.

Tout cela aurait pu donner un cocktail détonnant, d'autant que la réalisation de Monicelli est loin d'être plan-plan, qu'il y a quelques touches d'érotisme et que l'aspect documentaire tranche bien avec le ridicule des situations. Malheureusement le rythme ne tient pas la distance et pas mal de scènes à rallonge plombent le film à de nombreuses reprises.

Au final, cela reste un objet filmique recommandable.

6/10

[pabelbaba]

Nouvelle Génération de Kevin Adams et Joe Ksander - 2018

Un animé sino-canadien produit par Netflix... pourquoi pas?

Tout d'abord, je ne connaissais pas ce studio, mais ils font du super boulot. Techniquement, c'est superbe. Foultitude de détails, animation méga fluide, de nombreux effets de lumières qui claquent, les gusses savent manier leurs logiciels!

Mais c'est à peu près tout parce que le scénario est d'une tristesse infinie. Une sorte de version "digest" des Nouveaux Héros, qui n'était déjà pas vraiment révolutionnaire. Le même environnement, le même perso principal, enfin, là c'est une fille, orpheline de père et rebelle, la même menace et ce fameux robot choupinou qui sait tout faire. Il ne manque que la bande qui sert à rien et on avait un décalque presque total du film de Disney.

C'est donc le genre de film dont on pige tout le déroulement avant même que les choses sérieuses n'aient commencé. Du coup c'est prévisible au possible, gorgé de bons sentiments et la petite scène avec la "Netflix Touch" est complètement bazardée n'importe comment qu'on s'en branle puissance mille. D'ailleurs, elle n'a tellement rien à foutre là, qu'on n'essaye même pas de piger ce qu'il vient d'arriver.

Le film n'est même pas rattrapé par une petite once d'originalité et les combats ont la gueule de ceux de Transformers en version light. Au moins dans Les Nouveaux Héros, il y avait les nano robots qui apportaient un peu de fraîcheur.

Au final, ça laisse un goût amer dans la mesure où déployer une telle technologie pour accoucher d'un film aussi inintéressant, fade, plat et sans aucune personnalité, c'est un énorme gâchis.

3/10

[Alegas]

Valérian et la Cité des Mille Planètes de Luc Besson - 2017

J'avais le droit d'y croire, non?

Par où commencer? Peut être par l'histoire? C'est clairement le point noir du film et quasi rédhibitoire. Pourtant Besson n'a pas pris de risque et a éludé les voyages dans le temps de la BD. Le souci, c'est que derrière il a oublié d'écrire un film captivant en prenant les pires options scénaristiques. En premier lieu, il n'y a pas de menace principale. Les seuls dangers que les héros doivent éviter et contrer viennent de l'environnement qui les entoure. La mission principale ne recelait donc pas vraiment de danger. Le résultat, c'est une verrue immonde dans le script avec Laureline qui doit retrouver Valérian (encore, cette partie là se comprenait un peu) et l'enchaînement avec Laureline qui se fait enlever par des ET dont on n'a rien à foutre.

Résultat, on a deux séquences super longues et inintéressantes au possible qui se suivent. Le pire, c'est que la seconde ne sert à RIEN-DU-TOUT! Même le perso rencontré dans cette séquence ne reviendra pas ensuite... C'est affligeant d'amateurisme. D'autant qu'on se paye des délires assez pointus en terme de paresse et d'erreur. Le compte à rebours qui s'arrête à 1 sec de la fin, c'est un beau facepalm. Le grand méchant qu'on connait et qu'on nous dévoile tardivement à coup d'angles de vue qui cachent son visage avant un traveling sur sa gueule, c'est joli aussi. Mais ce n'est pas tout, il y a aussi de belle choses bien sabordées. La bataille spatiale par exemple, sans être fofolle, elle a une certaine gueule. Cependant, comme elle est racontée sous forme de flashback, elle n'a aucun impact émotionnel et on s'en fout.

Au final, on se demande si Besson a quelque chose à foutre du spectateur tellement il empêche systématiquement de l'impliquer dans le récit. Ca se ressent dans le duo principal, qui ne vit pas à l'écran, dont la relation est forcée et qui sont plus agaçants qu'autre chose. Quand ils réchappent de peu à la mort avec une escouade qui se sacrifie pour eux, ils s'en foutent, c'est le taf. D'ailleurs à aucun moment ils n'envisagent de sauver un seul des membres qui les a aidés à remplir leur mission. Bien joué, les héros passent pour des connards... C'est dingue!

Scénario moisi, persos antipathiques, est-ce qu'au moins c'est visuellement classe?

Non. comme pour Jupiter, il y a trop d'univers différents et rien n'a été vraiment chiadé. En même temps, c'était le propre de la BD de mêler autant de bordel. Cependant, là ça ne passe pas. Sylvain Despretz disait qu'on ne peut plus inventer de casque après le florilège de Star Wars, mais est-ce une raison pour voir autant de trucs moches? L'île des Navis pique les yeux et beaucoup de décors en dur font toc. Sans parler de certains fonds verts où les héros sont mal éclairés et dénotent violemment avec le décor. Résultat, ça gâche les belles trouvailles comme le vaisseau géant qui s'écrase ou les robots noirs.

D'ailleurs il serait peut être bon de lister les quelques trucs sympas, comme les blagues des Shingouz, Space Oddity et... et... c'est à peu près tout. Ah non, j'oubliais que Cara Delevingne n'est pas si nulle. Mais difficile de dire si c'est parce qu'elle a une lueur de talent ou parce qu'autour d'elle c'est une catastrophe industrielle.

2,5/10

[Alegas]

Tu préfères ça à Jupiter.

[osorojo]

Clair, comme Alegas pour le coup. Même si j'suis pas un gros fan de Jupiter, j'ai au moins pu aller au bout. Pour Valerian, je sais même pas comment t'as pu tout mater

[pabelbaba]

Merde, ça s'est vu.

Franchement, c'est aussi mal écrit des deux côtés, l'univers est foireux dans les deux malgré quelques fulgurances, mais au moins les Shingouz m'ont fait rire dans Valérian. D'où le 0,5 de différence.

[Alegas]

Dans JA musique de dingue et direction artistique bien classe, deux choses complètement loupées dans le Besson.
Et puis même niveau mise en scène, dans Valerian même une séquence prometteuse comme le plan-séquence où le héros défonce les murs, ça n'a aucune puissance, aucun souffle.
Alors que chez les Wacho :

[pabelbaba]

T'as le vaisseau qui s'écrase dans le Valérian, avec plus tard l'explosion principale et la bataille qui précède.

Sur la musique, j'ai trouvé celle de Valérian complètement lambda (je fredonnais Jurassik Park pendant le générique de fin ) mais je n'ai aucun souvenir de celle de Jupiter.

[Alegas]

Dans Valerian, il n'y a bien que la scène du marché avec le rapport entre réalité et virtuel que j'ai trouvé intéressant. Même le crash du vaisseau dont tu parles, je trouve ça générique et pas super bien fait de surcroît.

Et pour rafraîchir la mémoire, la BO de Jupiter c'est l'une des plus réussies de ces dernières années :

[Mark Chopper]

J'ai eu la révélation cette année en le revoyant : Jupiter est un chef-d'oeuvre, un chef-d'oeuvre maudit, mais un authentique chef-d'oeuvre. Je suis complètement passé à côté à l'époque

Mais c'est souvent le cas avec les grands films : ils déjouent tellement d'attentes et jurent tant avec les codes de l'époque qu'ils déstabilisent. Résultat : faute d'avoir compris, on adopte une posture cynique et on se moque. Une attitude de faible...

Seul Alegas a compris, dès le début. Il faut le reconnaître...

Balance des conneries de ce genre, Pabel, sinon Alegas ne te lâchera plus.

[pabelbaba]

Nan nan, j'irai au bout.

Pour le vaisseau qui se crashe, il y a le crash, mais aussi le design qui est méga classe.

Et puis c'est intéressant de regarder les défauts des space opéras. On retrouve souvent les mêmes d'ailleurs. Ces fameuses intrigues en trop, qui tuent le rythme et ne servent à rien. On en a 50 dans les Gardiens 2, on a la planète casino dans SW8, la princesse en danger dans Valérian...

D'ailleurs c'est marrant de voir que le gros défaut de SW7 c'est d'oublier que SW est un univers et pas juste l'histoire de 5 persos dans l'univers. Tandis que Valérian c'est l'inverse, on nous présente un univers méga foisonnant et on oublie de nous raconter l'histoire des persos. Le meilleur exemple étant les très nombreux monstres de Valérian et leur absence totale dans SW7 et 8, alors que c'était une grosse réussite de la première trilogie SW.

Mébon, ce qui réunit tout ces films ratés, ce sont les directions artistiques moyennes ou foireuses et ça permet de revoir le premier Gardiens comme une jolie réussite.

[Alegas]

Mark, je ne demande pas de réévaluation hein. Seulement voilà, à mon sens le Besson est bien moins réussi sur tous les points par rapport au film des Wacho. On peut très bien en discuter sans tomber dans des extrêmes.

D'ailleurs c'est marrant de voir que le gros défaut de SW7 c'est d'oublier que SW est un univers et pas juste l'histoire de 5 persos dans l'univers. Tandis que Valérian c'est l'inverse, on nous présente un univers méga foisonnant et on oublie de nous raconter l'histoire des persos. Le meilleur exemple étant les très nombreux monstres de Valérian et leur absence totale dans SW7 et 8, alors que c'était une grosse réussite de la première trilogie SW.

Pour avoir revu récemment la trilogie originale, c'est très vrai. Mais d'un autre côté, ça m'a permis aussi de me rendre compte qu'on accepte parfois dans SW des choses qu'on n'accepte plus forcément dans des nouveaux space-opera.
Genre dans Jupiter, je me souviens que beaucoup ici et ailleurs ont moqué le film sur son bestiaire, composé de beaucoup de mélanges animaux/humains. Alors qu'à côté de ça, il suffit de revoir la scène de la cantina dans Star Wars pour voir que Lucas partait dans des choses bien plus WTF.
Et je pense même pas que ce soit les films qui doivent être remis en question sur ce point, mais plutôt le public. Comme tu dis, il suffit d'ailleurs de revoir les nouveaux Star Wars pour s'en rendre compte, puisqu'ils ont beaucoup moins de prises de risque en général dans les designs. Le Star Wars original sortirait aujourd'hui, certaines choses ne passerait plus, et même Lucas s'en est rendu compte puisqu'il a viré des aliens un peu trop autres de la scène de la cantina dans ses versions de 97.

[pabelbaba]

Si ce n'est que dans la première trilogie SW, ces scènes sont relativement rares alors que dans Jupiter elles sont plus présentes.

Mais quand je parle de monstre je pense surtout aux non humanoïdes qui créent du danger comme celui du vide ordure ou celui de l'astéroïde qui va bouffer le Faucon dans SW.