Pi de Darren Aronofsky
(1998)
Un premier film plutôt exemplaire de la part d’Aronofsky : il y avait déjà toute une partie de son cinéma avec des moyens dérisoires (60 000 dollars), et même encore aujourd’hui ça continue à se regarder avec beaucoup d’intérêt. Globalement c’est un film assez proche du
Following de Nolan sur plusieurs aspects : utilisation du noir et blanc, ambiance paranoïaque, beaucoup de détails formels et thématiques qui reviendront dans les films suivants des auteurs, mais pour le coup
Pi a vraiment une approche expérimentale qui doit beaucoup à ces influences. Car bon, quand je l’avais découvert, je rapprochais son montage ultra-cut uniquement à son film suivant,
Requiem for a dream, mais j’ai depuis vu
Tetsuo, et il y a clairement l’ombre de Tsukamoto sur l’ensemble du premier essai d’Aronofsky (dans le montage, mais aussi dans l’utilisation du noir et blanc très contrastée et certains décors comme l’appartement).
Dès le premier film, Aronofsky s’imposait avec beaucoup d’évidence comme quelqu’un de parfaitement capable pour poser des ambiances (la première BO de Mansell et la photo de Libatique aidant beaucoup), diriger un casting et trouver un juste milieu et l’expérimental et un récit paranoïaque classique. Alors forcément, ça a les limites du premier film habituel, et au final ça ressemble plus à un exercice de style qu’autre chose, mais ça s’avère néanmoins réussi, et ça annonçait clairement ce qui allait suivre, des inserts de
Requiem for a dream jusqu’à la caméra portée de
The Wrestler en passant par la dimension religieuse de la totalité des films du réalisateur. Si on me demandait de conseiller des premiers films où on fait beaucoup avec pas grand chose,
Pi en ferait clairement partie.
7/10