Once upon a time... in Hollywood de Quentin Tarantino - 2019
Je suis toujours aussi perplexe quant au contenu de cette critique, alors ce sera peut être décousu, mais surtout plein de spoilers.
Tarantino a clairement réussi un gros coup, nous faire plonger dans la fin des sixties et nous donner envie d'y rester. Pourtant ce n'était pas gagné, dans la mesure où ses précédentes reconstitutions m'avaient un peu laissé sur le carreau. D'ailleurs on note quelques sorties de route, comme l'utilisation un peu trop appuyée de vrais figures, comme McQueen ou Bruce Lee, relativement bien singées, mais qui font un peu sortir de l'ambiance malgré tout. Un peu à l'image de son Polanski en mode Austin Powers avant de sortir au manoir Hefner.
Enfin cela reste des détails, parce qu'autrement ça fleure bon l'insouciance et la vie facile de façade. Les nombreuses balades en bagnole dans un LA qui ne connaît pas les embouteillages, avec la sono à fond sur des radios qui passent de la bonne musique, ça grise, tout simplement. Et l'effet de répétition agit plutôt bien, au contraire d'un King Hu qui multiplie les balades en forêt un peu chiante dans ses films.
C'est pareil pour la partie avec Margot Robbie, starlette qui peut se balader seule, prendre une auto-stoppeuse, donner le nom de son mari à un commerçant, aller au ciné en disant qu'elle joue dans le film qui passe, sans qu'aucun désagrément n'intervienne. Ce sont les 60s telles qu'on les fantasme.
En miroir déformant de cela, il y a la carrière de Di Caprio, qui doit se confronter à la réalité du star system qui s'éloigne de lui et le plonge dans la crise. Ca donne de superbes scènes avec un acteur qui joue l'acteur à merveille. On a parlé du tournage du western et de la discussion avec la fillette, mais la caravane ou le réconfort trouvé auprès de Pitt, c'est tout aussi intense. Les deux loulous sont à fond et Tarantino se sert à merveille de la mise en abîme pour nous surprendre (la prise coupée, c'était top), sans pour autant nous sortir de son film.
On aurait pu en rester là, mais la structure du film aurait été bancale puisque Caprio ne fait que tomber, pas de Rise & Fall donc puisque le Rise est antérieur au film. On aura donc logiquement un Fall & Rise... et quel Rise!
Ce sera l'autre pendant flippant des 60s qui servira de détonateur. Pas les sempiternels vétérans du Vietnams, trop raccrochés aux 70s, mais la Manson Family, Hippies dégénérés qui sonnaient la fin de l'insouciance dans la vraie vie. Là-dessus encore, Tarantino se sert intelligemment du médium pour nous embarquer dans un trip unique.
En premier lieu, il nous attire avec une hippie pas farouche et dangereusement sexy (on n'a pas parlé de Margaret Qualley, mais elle défonce l'écran, bien davantage que la louve de Wall Street!), à la fois langoureuse et ingénue, à faire perdre la tête à n'importe quel bonhomme, puis il fait monter la sauce avec un ranch digne d'un film d'horreur où la pression va doucement monter et retomber, avant de rappeler tout de même que le danger est là. Ensuite il n'a plus qu'à dérouler les événements pour nous embarquer dans ce que l'on croit une reconstitution (la voix-off et le rappel du timing de la dernière journée) pour faire à nouveau monter la pression. Tarantino nous a alors logiquement fait monter dans son roller-coaster déglingo et peut lâcher les chevaux!
Catharsis de malade et fou rire quasi garanti avec cette scène que l'on espère si souvent dans les reconstitutions qui finissent tragiquement et que Tarantino se permet avec un sens du grotesque parfait et complètement à propos.
Maintenant, je pense qu'à la question c'est quoi l'humour, on ne répondra plus
'cule un mouton, mais
crame une hippie.
En bonus, le fait de finir sur ce plan de grue irréel et ce titre qui prend alors tout son sens, nous fait immédiatement réfléchir au pouvoir du cinéma, d'Hollywood et même de notre besoin de réécrire l'Histoire. La force d'un grand film.
9/10