L'Empereur du Nord - Robert Aldrich (1973)
Ça faisait un moment que je m'étais pas fait un petit Aldrich, c'est pas faute d'en avoir encore un paquet en stock a découvrir, mais celui-là me faisait de l’œil depuis très longtemps, ne serait-ce que par sa base, son casting et surtout qu'il est une authentique oeuvre de cassure, puisqu'il enchainera sur
Plein la Gueule qui va amorcer une ère plus légère et comique (même si restant assez cohérente avec ses idéaux politiques).
Je m'attendais a un pur rollercoaster façon
Runaway Train où Marvin et Borgnine (qui n'a pas fait souvent le bad guy et pourtant dieu qu'il est bon dans ce registre !) se tirent la bourre tout le long du film, mais ce côté "Bip-bip & Le Coyote" est amoindri par le contexte social qui prend une large partie du temps de projo, ici la Grande Dépression avec ses vagabonds qui vont de ville en ville sans le moindre sou, alors que font ils ? Vivre de chapardages et de fraudes, tout en appréciant leur liberté. Le film nous les montre comme une communauté solidaire, jamais dans la complainte et surtout ne se prenant jamais pour des criminels, j'adore notamment le fait que Marvin soit traité comme une légende vivante, reconnu partout où il va et faisant carrément de l'activité de resquillage un défi en soi, n'hésitant jamais a provoquer Borgnine (et c'est très jouissif faut le dire
). Mais derrière ce portrait compatissant envers une certaine classe sociale, Aldrich se permet une alternative saugrenue avec le troisième perso "important" de l'histoire, celui de Keith Carradine, infect en prolo opportuniste qui se rêve en légende vivante, cassant de fait le soupçon de manichéisme que l'on aurait pu avoir. Un bon point pour le coup.
Comme je le disais plus haut,
L'Empereur du Nord est une œuvre de transition dans le sens entier du terme, a la base de la scène d'intro qui est quand même très violente mais des nombreux contrepoints légers sont infusés tout au long, par la configuration de l'action qui est similaire a un Marx Brothers (ou n'importe quel cartoon), un humour de situation assez fendard (la scène du flic qui se fait humilier
) et aussi un score très guilleret, ce qui lui donne un fumet assez a part dans la filmo du bonhomme. Une réussite intéressante donc.
8/10