Vu sur Netflix par curiosité malsaine, à chaque fois j’arrive à me dire que Besson a peut-être la possibilité de livrer de l’honnête grand spectacle français, et à chaque fois je vois du potentiel gâché par la constante habitude du bonhomme à répéter ses tics d’écriture et de mise en scène. Pour le coup, je partais pas négativement sur ce film : je n’ai jamais lu la BD, la BA était pas dégueulasse de mémoire, et côté direction artistique ça avait l’air d’en jeter. Franchement, pendant les vingt premières minutes, malgré quelques défauts, j’étais presque prêt à y croire, mais dès qu’Adèle retourne à Paris le film s’effondre de minute en minute. Alors déjà, j’ai cru comprendre que la BD se voulait par moment assez dark dans le ton ou quelques éléments violents. Dans le film, rien de cela : Besson livre un film purement familial dans le mauvais sens du terme. Non seulement on simplifie les personnages au maximum, mais on fait aussi de même pour les storylines qui se lient entre elles de façon bien poussives. Et puis Besson se sent obligé de faire plus une comédie qu’un film d’aventure, et il en résulte un truc complètement vain où on tente de faire rigoler soit par des postiches (Gilles Lellouche avec des grandes oreilles, ou Mathieu Amalric impossible à reconnaître sous ses prothèses) soit par des répliques d’un Besson persuadé d’être le roi du jeu de mots, ce qui donne lieu à de grands moments de solitude (
“- Ce qu’il vous faut, ce n’est pas un expert du crétacé, mais du jurassique. - Vous m’excuserez, mais je n’ai pas le temps d’aller dans le Jura.” Et ça, c’est un exemple parmi tant d’autres
).
Le pire, c’est que les acteurs ont l’air quand même bien conscients de la pauvreté des répliques et du script en général, et du coup quasiment personne n’a l’air d’y croire. Lellouche, c’est bien simple, quand la seule caractéristique de ton personnage est de vouloir toujours manger, ça pose le niveau, Jean-Paul Rouve sort son numéro habituel faute de pouvoir faire mieux avec son rôle de chasseur plus clown qu’autre chose. Au final, seul Nahon s’en sort correctement, lui qui apparaît cinq minutes à l’écran, quand à Louise Bourgoin c’est un peu la catastrophe ambulante : autant je pense qu’elle est capable de bien jouer (il suffit de voir comment elle s’en sort dans le Bezançon sorti l’année suivante) autant quand elle est dirigée par Besson c’est la foire au surjeu, ce qui rend ses quelques scènes dramatiques particulièrement drôles
(faut dire que le coup de la soeur paralysée à cause d'une épingle pendant une partie de tennis, ça aide pas
). Et puis côté rythme, c’est quand même bien radin, très avare en séquence d’aventure. Pour le coup, le début en Egypte n’est pas du tout représentatif du reste du métrage. Globalement, c’est tout le film qui a un gros souci d’écriture, en témoigne le final, qui ne prend même pas la peine de boucler l’histoire et qui se termine sur le bad guy, apparu pendant dix minutes au début puis qui réapparaît au dernier plan du film, pour dire un truc du style “mon plan se déroule comme prévu” puis fin.
T’es sérieux gros Luc ?!
Tu peux pas au moins finir correctement ton histoire au lieu d’en teaser la suite ?! Heureusement, on a une scène post-générique pour apprendre que Rouve finit coincé dans un enclos à gorilles, c’est vrai que c’était vachement nécessaire niveau narration
.
Et puis vient un autre point noir : les effets visuels. De la part d’un nobody sur un budget modeste, j’aurais été indulgent, mais là de la part d’un mec qui a les moyens pour faire quelque chose de correct, c’est quand même assez honteux. Le ptérodactyle, c’est visuellement une grosse blague, le passage où Bourgoin l’apprivoise on se croirait réellement dans une prod Asylum
. Le délire autour des momies est un peu mieux réussi, mais l’intégration dans les décors du Louvre, c’est clairement pas ça. Entre ça et
Valérian, Besson prouve qu’il faut qu’il se tienne à distance des adaptations de BD, c’est clairement pas son truc (mais bon, si j’étais méchant je pourrais dire que le cinéma aussi depuis une vingtaine d’années
).