Jo Pil-ho : Souffle de Rage - Lee Jeong-beom - 2019
Décidément, c'est un un bon gars ce Lee Jeong-beom. J'avais vraiment aimé The Man from Nowhere et No Tears for the Dead. Son dernier bébé passe directement par la case Netflix et ne trahit pas la griffe de son auteur. Non pas que le réalisateur ait un style qui le démarque du lot, mais on ne peut guère lui reprocher d'être un mauvais technicien ou un mec qui ne sait pas rythmer ses bobines. Moins orienté polar hard boiled que ses deux précédents films, Jo Pil-ho bastonne moins mais reste un divertissement tout à fait plaisant, à condition de ne pas être irrité par certains traits inhérents du cinéma sud coréen, comme son goût prononcé pour les ruptures de ton (les claques sur la tête des personnages me diront certains, il y en avait déjà à foison dans le chef d'oeuvre Memories of Murder et ça ne gâchait pas le plaisir pour autant).
L'intrigue est certes fonctionnelle - un flic ripou se retrouve embarqué dans des emmerdes qui le dépassent - mais on se prend facilement au jeu. La bonne prestation de Lee Sun-kyun (A Hard Day et le prochain Bong Joon-ho) y étant pour beaucoup avec son côté je m'en foutiste et borderline (je dirais même plutôt bordel-line tant ses réactions sont celles d'un parfait branleur qui ne pense qu'à sa gueule). Je me suis bien poilé à plusieurs reprises. Comme dans The Man from Nowhere, il y a une gamine dans l'histoire mais elle est bien moins casse-couilles. Sa relation avec le flic est en tout cas plutôt bien gérée. Il est cependant dommage que le film chausse de manière assez incompréhensible les gros sabots le temps d'une quinzaine de minutes, juste après une scène assez surprenante en terme de narration et avant un règlement de comptes final réussi. Jusque là, on avait le droit à un pathos pas trop envahissant, et on se retrouve avec quelques scènes de flashback bien craignos... On retombe un peu dans les travers de The Man from Nowhere, qui pour le coup y allait encore plus fort dans les pleurnicheries mais compensait avec une action over the top.
Du coup, la dernière partie est sur courant alternatif alors qu'il aurait suffi de ramener la durée du film à 1h45 pour lui faire gagner en efficacité. Mais on a vu un nombre incalculable de films bien plus lourdingues, depuis que la Corée du Sud s'est placée sur l'échiquier international du cinéma et la découverte des films de Bong Joon-ho, Na Hong-jin et autres consorts. Manque pas grand chose pour que ce soit encore mieux. Du bon polar en provenance du pays du matin calme, moins vénère que les deux précédents du réalisateur mais foutrement divertissant (et drôle, sans être une comédie gogole pour autant, ou alors faut revoir la définition de la comédie).
7/10