GREEN BOOK de Peter Farrelly

L'actualité cinéma

Modérateur: Alegas

GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 17 Sep 2018, 12:15

Titre: Green Book
Réalisation: Peter Farrelly
Distribution: Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini...
Genre: Road movie
Origine: Etats-Unis

Sortie: 21 novembre 2018 (Etats-Unis) ; 16 janvier 2019 (France)

En 1962, un vigile italo-américain nommé Tony Lip est engagé comme chauffeur pour le Dr. Don Shirley, un célèbre pianiste de jazz qui part en tournée dans le sud conservateur des Etats-Unis...




Film signé par un des frères Farrelly qui travaille pour la première fois en solo...
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Alegas » Lun 17 Sep 2018, 13:21

J'ai failli créer un topic il y a quelques jours. C'est intriguant comme projet, déjà pour les deux têtes d'affiche, mais aussi effectivement pour le Farrelly en solo qui s'éloigne de sa zone de confort.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar pabelbaba » Lun 17 Sep 2018, 13:26

Visuellement, c'est pas hyper bandant et cette version ultra clinquante des 60s fait quand même super faux, à l'image des Figures de l'Ombre.
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 17 Sep 2018, 13:29

Tu viens de te trahir : tu as donc connu les années 60.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar pabelbaba » Lun 17 Sep 2018, 13:33

Démasqué... :chut: :mrgreen:
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 08 Avr 2019, 08:31

Un film qui commence avec un carton « Inspiré d’une histoire vraie », déjà, ça part mal (cette expression, qui semble vouloir rendre certains choix dramaturgiques imperméables à la critique, en se servant de la réalité comme excuse, est affligeante)…

Un road movie qui :
1) prend 30 minutes avant de lancer ses personnages sur la route ;
2) ne leur fait jamais rencontrer le moindre personnage substantiel ;
3) ne filme jamais les paysages traversés (je ne peux pas dire qu’il ne le met pas en valeur : non, ils ne sont tout simplement jamais filmés) ;

ça me consterne (mais bon, c'est vrai que c'est chiant les codes du road movie, ils existent sûrement pour une bonne raison, mais c'est une putain de contrainte, faut écrire un film qui tient la route après ça, c'est chiant…)

Je pourrais parler de la mise en scène insignifiante et de l’interprétation caricaturale (Viggo Mortensen qui se croit dans une parodie SNL des Soprano, Mahershala Ali qui s’est enfoncé trois balais dans le cul)…

Mais le vrai problème, et c’est dur de l’avouer, c’est que Spike Lee avait raison :chut:

Nous sommes bien face au produit dégénéré de #OscarsSoWhite : un film où on nous fait comprendre du début à la fin que le blanc n’a pas besoin du noir (on lui propose sans arrêt d’autres boulots et sa femme n’est pas dupe : elle sait qu’il n’écrit pas vraiment les lettres qu’elle reçoit… De toute façon, à la fin, il se débrouille tout seul), mais que le noir, lui, a sans arrêt besoin du blanc… Un blanc nourricier (tiens, mange ton poulet avec tes doigts), un blanc protecteur, un blanc sauveur : tout au long du film, il vient à la rescousse du noir, qui ne peut plus se passer de lui.

Et à la fin, le noir glisse finalement derrière le volant pour conduire le blanc fatigué : faut pas déconner, c'est sa place (tout un symbole).

Un film sur le racisme aux Etats-Unis devrait gêner, déranger, laisser le spectateur avec une impression de malaise… Mais non, ici, on vise l’Oscar, faut rester familial et léger : du coup, on termine le film comme tous ces téléfilms multirediffusés sur M6 entre novembre et janvier. On le termine autour d’une table, à Noël, et on partage un bon repas avec des éclats de rire (heureusement que le blanc est là pour inviter le noir, sinon ce dernier serait tout seul comme un con sur son trône).

Le racisme, ça se règle avec du poulet et des rires (fallait y penser).

La réception de ce machin formaté et fondamentalement puant, ici ou ailleurs, me laisse dubitatif…
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Val » Lun 08 Avr 2019, 08:45

J'ai beaucoup aimé ce film qui m'a beaucoup touché mais, force est de constater que je trouve ta lecture tout a fait pertinente. :eheh:
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 08 Avr 2019, 08:49

Tu as le droit d'aimer le poulet.

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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Val » Lun 08 Avr 2019, 08:56

Je pense avoir surtout été touché par l'amitié naissante entre ces deux personnages. Je n'ai pas forcément analysé "politiquement" le film et leur relation. Il m'a semblé que les personnages étaient justement plus complexes que les simples caricatures "Blanc" vs. "Noir". Et on ne peut pas dire que Mortensen n'évolue pas au contact d'Ali, ce n'est pas uniquement le Blanc qui vient à la rescousse du Noir, ils cheminent tous les deux personnellement au cours de ce voyage.

Mais il est vrai que l'écriture de cette relation est assez malheureuse comme tu le démontres.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 08 Avr 2019, 09:00

Et on ne peut pas dire que Mortensen n'évolue pas au contact d'Ali,


Oh si, on peut.

Au début, il ne veut pas boire dans le même verre qu'un noir... Mais à quel moment le sent-on dérangé par la couleur de peau d'Ali ? Jamais... Ce qui lui pose problème, c'est le côté un peu péteux d'Ali, rien d'autre.

En fait, on ne croit pas à son racisme au début : fondamentalement, c'est un bon gars, plutôt tolérant (l'homosexualité ne le dérange pas par exemple).

Ce n'est pas aussi nul qu'American History X (le film où un nazi cesse d'être raciste parce qu'il rencontre un noir qui fait des blagues), mais on n'en est pas loin.

La seule évolution de Mortensen est épistolaire : il améliore son style au contact d'un Cyrano. C'est quand même léger.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar lvri » Lun 08 Avr 2019, 09:31

Ça reste ta lecture du film. Perso, ce n'est pas du tout ce que j'en retiens.
Le film n'a pas pour but de nous faire voyager dans les grands espaces Américain comme un Road Movie pourrait le faire. Bien au contraire, il passe son temps à enfermer les personnages dans des chambres de motel, des maisons, des scènes de théâtre et une voiture. C'est ce qui se passe dans ces endroits qui a un intérêt, pas l'extérieur. Les rares fois où l'on voit les paysages alentours, le véhicule est soit perdu au milieu du pont de Brooklyn, soit arrêté face à un champs rempli d'esclaves noirs.

Pour le reste, Mortensen joue un Italo Américain. Ouais, il en fait des tonnes. Mais sérieux, des Italiens qui en font des tonnes, ça n'existe pas ? Pour Mahershala Ali, j'ai eu un peu plus de mal avec son interprétation à certains moments, mais au final, ça le fait.

Mark Chopper a écrit:un film où on nous fait comprendre du début à la fin que le blanc n’a pas besoin du noir (on lui propose sans arrêt d’autres boulots


Tout comme il refuse des jobs venant d'Italo Américain. Le noir est le premier à lui offrir un job honnête surtout, job qu'il n'abandonnera pas alors qu'un autre mieux payé lui tend les bras.

Mark Chopper a écrit:et sa femme n’est pas dupe : elle sait qu’il n’écrit pas vraiment les lettres qu’elle reçoit…


Parce qu'une femme est censée est idiote ? Évidemment qu'elle le sait. Du jour au lendemain, les lettres changent du tout au tout. N'empêche qu'au contact de Mahershala, il apprend à écrire différemment.

Mark Chopper a écrit:Un blanc nourricier (tiens, mange ton poulet avec tes doigts), un blanc protecteur, un blanc sauveur : tout au long du film, il vient à la rescousse du noir, qui ne peut plus se passer de lui.


Au delà du blanc nourissier (deux mondes au delà d'une couleur de peau.... Mahershala lui fera faire demi-tour pour récupérer les déchets qu'il jette par la fenêtre... Spike Lee y a sûrement vu l'habitude d'embaucher des noirs pour le ramassage des ordures...), il est clairement établi que son rôle de protecteur fait intégralement parti de son job. Donc, dès les premières minutes, on sait que Mortensen devra protéger Mahershala... Si le noir avait directement tapé le blanc, qu'aurait-on dit !! Mahershala va surtout faire comprendre à Mortensen que la violence physique n'est pas toujours la solution. Une autre chose qu'il apprend à Mortensen....

Le personnage de Mahershala apporte beaucoup à celui de Mortensen. Sur la violence, le vol, l'honnêteté, (le genre de chose qui est plutôt inversé en général....). Dire que le noir n'apprend que du blanc dans ce film me semble très exagéré.... façon Spike Lee.

Perso, je vois surtout deux personnalités qui ont évolués durant ce film. Deux personnes qui font face aux racismes de différentes manières. Mais c'est surtout que, pour une fois, on a affaire à un noir riche, et non à celui caricaturale ayant grandi dans le bronx. Un noir donneur de leçon en début de film, face à un Italo Américain branleur qui gagne sa vie de façon malhonnête. Au final, les deux personnages s'aident mutuellement durant tout le film.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Mark Chopper » Lun 08 Avr 2019, 09:42

Le film n'a pas pour but de nous faire voyager dans les grands espaces Américain comme un Road Movie pourrait le faire.


Et pourtant les personnages répètent à plusieurs reprises qu'ils voient des beaux paysages... Nous non, mais eux oui. Tu trouves une excuse à l'incompétence de la mise en scène en donnant du sens à une lacune (si les paysages de l'Amérique du sud n'avaient pas d'importance, les personnages ne devraient pas en parler non plus).

Tout comme il refuse des jobs venant d'Italo Américain. Le noir est le premier à lui offrir un job honnête surtout, job qu'il n'abandonnera pas alors qu'un autre mieux payé lui tend les bras.


Le mec est débrouillard. Même sans faire des concours de burgers sans arrêt, on nous fait comprendre qu'il peut toujours trouver un job, même honnête.

Parce qu'une femme est censée est idiote ? Évidemment qu'elle le sait. Du jour au lendemain, les lettres changent du tout au tout. N'empêche qu'au contact de Mahershala, il apprend à écrire différemment.


Bah une certaine Roxane était un peu idiote dans ce cas :chut:

Sinon, tu passes à côté de la problématique que je soulève : qu'il écrive bien ou pas, ça ne change rien. Sa femme l'aimerait toujours autant. Par conséquent, ce qu'il apprend est anecdotique. Rien de comparable à ce qu'il apporte lui : il sauve la vie du mec. Les bénéfices de la relation Mortensen / Ali sont démesurés entre l'un et l'autre.

Mahershala va surtout faire comprendre à Mortensen que la violence physique n'est pas toujours la solution. Une autre chose qu'il apprend à Mortensen....


Bizarre, le fait que Mortensen sorte un flingue à la fin ne semble pas du tout le déranger. Pas terrible comme apprentissage.

Mais c'est surtout que, pour une fois, on a affaire à un noir riche, et non à celui caricaturale ayant grandi dans le bronx.


Tu présentes la situation comme inédite... Quid de Cosby Show, Le Prince de Bel-Air, White Man ?

En fait, le personnage d'Ali est caricatural. On n'est pas loin du "Bounty" (question soulevée dans une scène à peu près potable d'ailleurs). Ce qui passe mieux dans un film de sauveur blanc d'ailleurs.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar caducia » Lun 08 Avr 2019, 09:44

Vous ne parlez pas aussi de l'échange musical qui a aussi une place importante.
Le personnage de Viggo n'était pas du tout réceptif à la musique classique et inversement celui d'Ali a la musique "populaire" à cause de leurs préjugés respectifs. Leurs échanges passent aussi par là, une découverte mutuelle de sons et de musiques qu'ils se refusaient d'écouter avant leur rencontre.
Certains de ces sons qui sont jugés comme "de la soupe" à une époque peuvent devenir des classiques pour la génération suivante.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar osorojo » Lun 08 Avr 2019, 09:44

Mark a pris le film en grippe dès le début, ça se sent dans son avis, j'vais pas lui jeter la pierre, ça m'arrive souvent.

Le truc, c'est qu'on est devant un Buddy / Feel good movie qui effleure la question raciale plutôt qu'un brûlot politique qui remet les pendules à l'heure. Si on se positionne dans une optique de gentille bouffonnade, on passe un bon moment. Perso je l'ai vu en famille, dans un moment pas très marrant il y a une semaine 1/2 (on venait d'enterrer mon oncle) et ça nous a fait rigoler.
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Re: GREEN BOOK de Peter Farrelly

Messagepar Dionycos » Lun 08 Avr 2019, 09:46

Mark Chopper a écrit:Mais à quel moment le sent-on dérangé par la couleur de peau d'Ali ? Jamais..


Il est peut-être pas dérangé par sa couleur de peau, mais il n'en est pas moins condescendant et persuadé de la domination de l'homme blanc. Le genre de mec qui n'a pas de problème à dire "nègre" ou "bougnoule", sans voir que c'est raciste. A la fin, il jette un gros froid en reprenant un mec de sa famille qui emploie ces termes.

Bref, à la lecture de ton analyse, on a envie d'être d'accord avec toi. Mais il suffit de voir le film pour comprendre que tu omets beaucoup trop de choses pour coller à ta vision.

Mark Chopper a écrit:
Les bénéfices de la relation Mortensen / Ali sont démesurés entre l'un et l'autre.


Perso, je trouve que Mortensen ressort bien plus grandi qu'Ali de cette histoire.
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