Typiquement le genre de film que j'avais très peur de revoir. Et bien finalement, hormis un score vraiment à chier (pourtant, j'aime beaucoup les BO typées 80's mais là c'est vraiment pas possible, le compositeur travaille sur du Fisher Price et du Bontempi...
) et quelques séquences nocturnes pas très lisibles (étrangement, ce sont les scènes qui se passent sur le plancher des vaches, celles en hélico passent crème), j'ai passé un bon moment. Avant Supercopter et toutes les déclinaisons motorisées du petit écran, John Badham (réalisateur très inégal pour rester poli), troussait cette chouette série B. La réussite de Blue Thunder tient dans son ton qui fait le pont entre 2 décennies, une partie polar très 70's dans l'esprit (avec en filigrane un questionnement sur les libertés individuelles) et un actionner bien plus en phase avec son temps (1983 en l’occurrence) dès que le script prend de l'altitude.
Roy Scheider incarne un flic de l'air expérimenté, vétéran du Vietnam, qui va se retrouver comme pilote d'essai d'un hélicoptère hightech, armé lourdement, et doté de toutes les dernières technologies (caméra, détecteur thermique, base de données informatisée et j'en passe). Sous couvert de tester la bête en prévision de son utilisation préventive lors des futurs JO de Los Angeles, il comprend rapidement que l'engin est destiné à foutre la merde dans les quartiers chauds histoire de décrédibiliser la politique urbaine d'une élue engagée. Derrière le film d'action en apparence très con, on retrouve un peu le sel de nombre de productions de la décennie précédente, chose qui deviendra de plus en plus rare, tout au long de la présidence Reagan.
Face à Scheider, impeccable en vieux briscard (son trauma n'est pas trop envahissant, c'est expédié en 3/4 micro flashbacks), on retrouve une belle brochette d'enfoirés et notamment un Malcom MacDowell qui en fait des caisses ("Catch you later!
), mais au moins, il donne envie d'être détesté et on a envie de le voir crever. J'aime beaucoup toute la première partie du film dans laquelle Scheider est accompagné d'un bleu-bite interprété par Daniel Stern. Ils passent plus de temps à reluquer une yogi qui pratique à oilpé (quelle souplesse!
), à écouter les couples qui baisent ou à plonger littéralement dans le décolleté des passantes qu'à traquer les délits
Et 35 ans après, les scènes de vol tiennent encore très bien la route (hormis la séquence avec les F16, dont les incrustes font leur âge). Le long climax final est très efficace, bien shooté (merci le scope) et permet à Blue Thunder de justifier sa petite réputation. C'est d'ailleurs un peu le seul film du genre, 100% focus sur les hélicos. En tout cas, c'est un bon divertissement, qui conserve son capital sympathie pour son côté original.