Cujo - Lewis Teague - 1983
La lecture du livre de Stephen King remonte à très, très loin mais je n'avais jamais vu son adaptation au ciné. C'est plutôt pas mal et le film, même s'il fait évidemment son âge, se tient plutôt bien 35 ans après sa sortie. Bon, on est parfois à la limite du téléfilm, notamment dans une première partie assez longue, et qui brosse sans génie le portrait de cette petite famille américaine dans laquelle papa travaille, maman le fait cocu et le fiston passe son temps à brailler (il faut avoir les nerfs solides pour ne pas avoir envie de défenestrer sa télé par moment...), mais l'esthétique des années 80 n'est pas trop marquée (comprendre que les personnages ne passent pas leur temps à déambuler en leggings fluo). Je dis ça pour les réfractaires aux 80's, j'estime qu'on a pas le droit de se moquer quand on a vécu cette fameuse décennie bénie du Dieu des pin's et des synthétiseurs Casio
Passé cette introduction un peu plan plan, Cujo livre la marchandise dans son second acte, bien aidé par la screamin' queen Dee Wallace, qui porte le film sur ses épaules et sur notre bon Saint-Bernard qui joue mieux que la quasi totalité du cast (ça m'a fait marrer de découvrir pas plus tard que ce matin que l'interprète du daron, Daniel Hugh Kelly, jouait dans un blockbuster chinois qui a cartonné au BO cette année
). C'est évidemment tout l'intérêt du film, et il est vrai que le boulot de dressage est franchement réussi. Pour avoir eu un gros nounours de la même race dans la famille, ce n'était pas gagné d'avance de le rendre effrayant à l'écran. A l'heure où le moindre piaf est animé en CGI, le boulot abattu impose le respect. Même si la réalisation n'a rien d'extraordinaire (le réal est celui du Diamant du Nil et de Navy Seals), malgré quelques jolis plans de la bête assoiffée de sang, il y a un coté très "carpenterien" dans l'approche de cette seconde partie. La composition de Charles Bernstein n'est d'ailleurs pas sans rappeler les accords synthétiques de Big John.
Mi huis-clos, mi survival, Cujo fait le taf, même si la peur est distillée de manière plutôt psychologique que picturale. Je n'ai plus un très grand souvenir du bouquin, mais de mémoire, le traitement des personnages était bien plus poussé, comme souvent chez King. Dommage que le film prenne autant de temps pour les brosser de manière trop simpliste alors même qu'il ne dure que 90 minutes. L'esprit général du livre est cependant respecté et il en résulte une petite série B relativement efficace.
6/10