[Jed_Trigado] Mes daubes de 2019

[Mark Chopper]

la réalisatrice écrit des bouquins, vu son "talent" de scénariste, j'imagine que ses livres doivent s'apparenter a des listes de courses

Ce n'est pas glorieux effectivement (et là je fais dans l'euphémisme).

A noter que Mme la rebelle fait à présent partie du jury du Goncourt.

[pabelbaba]

A ce compte-là, j'aurais pu le faire aussi pour Ian Scott.

Enfin lui c'est un acteur.

[Jed_Trigado]

La Mort a pondu un Oeuf - Giulio Questi (1968)

La carrière de Giulio Questi est très semblable a celle de son compatriote Luigi Bazzoni, les deux hommes ont œuvré tous deux a la même époque, sont peu prolifiques et surtout ils partagent cette capacité a détourner les genres a la mode pour créer de véritables OFNI. Vendu comme un giallo, La Mort a pondu un Oeuf est bien loin d'Argento et consorts, puisqu'on est davantage dans un trip politico-psychédelique-anti-consumériste (oui, ça fait beaucoup je sais), il a beau commencer avec un Trintignant tout en mains gantées s'en allant buter de la catin, Questi s'interesse surtout au devenir de son pays qui semble céder au bon vieux capitalisme a la ricaine avec ce poulailler surréaliste où la main d'oeuvre humaine a laissé place aux machines et pire, ose défier la génétique en créant des poulets sans tête, ni ailes pour engranger plus de bénéfices !

Il est évident que la subtilité sera a ranger au placard, ne serait-ce que dans la façon de creuser l'écart entre la classe bourgeoise et ouvrière, d'autant plus que les choix opérés dans l'écriture et la réalisation accusent une inégalité constante, a trop aller dans l'expérimentation et le mélange des genres, le film accuse un sévère coup de mou dans sa seconde moitié essayant de revenir assez maladroitement a son pseudo-argument policier de départ. Mais ne serait-ce que pour sa bizarrerie permanente et son trio d'acteurs principaux, je n'ai pas passé un moment si désagréable, mais c'est évident que ce n'est pas a conseiller a n'importe qui.

Sinon, un dernier petit mot sur l'OST qui est l'une des plus insupportables que j'ai pu entendre, imaginez vous un gars qui tape comme un malade sur les touches de son piano en faisant n'importe quoi, du grand art.

6/10

[Alegas]

Un Condé - Yves Boisset (1970)

Du vrai bon polar franchouille crasseux et moralement sans complèxes comme on voudrait en voir plus souvent, pourtant Boisset n'est pas avare en réussites dans le domaine mais ce Condé a un fumet de film de genre plus assumé que la moyenne chez lui, ici le fond fait complètement sens avec le récit et la forme.

Partir d'un schéma de revenge movie classique dans le monde du crime avant de basculer dans une autopsie froide et sans concessions d'un état policier fascisant auquel on donne les pleins pouvoirs (ici, les criminels sont tous fichés et s'avèrent facilement localisables), faut avouer que j'ai pas vu souvent ça ailleurs et ça marche grave, car on est déboussolé jusqu'au bout avec un jeu de ping-pong empathique entre Gianni Garko et Michel Bouquet, qui vont au service d'une cause noble utiliser le système a leur avantage avant d'eux même se faire bouffer. C'est froid, sinistre, même terrifiant (Bouquet parait improbable et pourtant son allure d'agent de la Gestapo vengeur ne s'oublie pas de sitôt), les rares instants d'humanité entre les persos sont immédiatement étouffés par la violence ambiante et là dessus, ça va pas de main morte : tabassages, meurtres ultra-violents (celui dans l'ascenseur est intense dans son genre) et manipulations psychologiques. Boisset était encore un quasi-débutant a l'époque, mais on sent qu'il a été bonne école, soignant son montage et ses cadres a la perfection pour appuyer son propos (et non le marteler, chose qui sera son défaut par la suite), en plus, il se paye un cast archi-maousse avec Bernard Fresson en flic idéaliste et même Michel Constantin qui fait un peu plus d'efforts que d'habitude en gangster melvillien (sa dernière scène, elle aurait pu sortir tout droit d'un de ses films pour sur) entre autres.

Avec Le Juge Fayard et Dupont Lajoie, c'est de loin le haut du panier de ce que j'ai vu chez ce réal.

8,5/10

[Alegas]

Quand j'aurais assez avancé dans ma rétro Corneau, il va falloir que je me penche un peu plus sur Boisset.

[pabelbaba]

Grosse surprise celui-là. Surtout avec Bouquet dans un tel rôle!

[Jed_Trigado]

Quand j'aurais assez avancé dans ma rétro Corneau, il va falloir que je me penche un peu plus sur Boisset.

Sois séléctif avec lui, il y a quand même un bon paquet de trucs dispensables.

[Alegas]

Tu parles de Corneau ou Boisset ?

[Jed_Trigado]

Le second.

Corneau, j'aime quasiment tout. Quoique que j'aurais pu faire une critique des Mots Bleus que j'ai découvert ce week-end, j'aurais bien pu le massacrer celui-là.

[Alegas]

Corneau je vais pas tout mater, et je vais notamment éviter sa fin de carrière, encore que son remake du Melville titille ma curiosité.

Pour Boisset, je vais essayer de me procurer Un Condé et les deux autres que tu cites à la fin de ta critique.

[Mark Chopper]

Je l'ai subi Un Condé... Michel Bouquet, il doit être dans le top 10 des acteurs que je ne supporte pas.

En fait, de Boisset, je n'aime vraiment que Dupont Lajoie.

[pabelbaba]

Canicule est marrant pourtant

[Jed_Trigado]

Bloody Bird - Michele Soavi (1987)

J'avais déjà parlé des deux films suivants de Soavi il y a quelques mois, du coup l'envie de revoir son tout premier essai me titillait. Après avoir longuement bossé pour Fulci et Argento, le petit Soavi se voit enfin aux commandes de son propre film, mais fait amusant, ce ne sera pas sous l'égide de ses mentors mais sous celui de l'ultra-déviant Joe D'Amato qui venait d'entamer fraichement une carrière de producteur en parallèle. Il lui offre les services d'un George Eastman au script qui va lui proposer un habile mélange entre le giallo et le slasher où le jeune réalisateur pourra aisément diffuser ses diverses influences (on pense a Halloween pour l'origine du tueur et évidemment la doublette Bava/Argento) tout en préservant une logique économe (deux décors en tout et pour tout, ainsi qu'une tendance au hors-champ pour le coup bien sentie).

L'ensemble s'avère franchement direct, appliqué, pas forcément novateur/surprenant en soi

(excepté une scène de meurtre pendant une répétition où les gens se rendent compte trop tard qu'il s'agit du tueur)

, chose qui donne une certaine singularité a Bloody Bird dans la filmo de Soavi, néanmoins a comparer la concurrence qui rôdait a l'époque (je pense notamment au pitoyable Body Count de Ruggero Deodato), le résultat émerge de la masse parce que les effets sont correctement employés, le budget est optimisé comme il faut, les acteurs ma foi assez décents et que le rythme ne débande quasi-jamais. On pourra tout au plus reprocher au film de ne pas être aussi "graphique" que les travaux futurs de son auteur, mais c'est un mal pour un bien, qui privilégie avant tout l’efficacité narrative, ainsi que la bo signée Simon Boswell, qui malgré l'immense indulgence que j'ai pour les sons 80's, m'a paru vraiment pénible a écouter.

Un solide slasher en somme.

7,5/10

[Alegas]

Le poster n'apparaît pas : blocage de liens habituel chez notrecinema.com

EDIT : ah bah t'as réglé tout seul.

[Jed_Trigado]

The Last Movie - Dennis Hopper (1971)

Ben j'ai pas aimé du tout.

Mais je m'en doutais tant ça sentait le projet qui vaut plus pour la légende entourant son tournage épique, sa réception critique et publique a sa sortie déplorable sans parler d'une quasi-invisibité pendant des décennies laissant les rares péquins ayant eu la chance de le découvrir d'en rajouter dans le survendage. Encore plus que Easy Rider, Hopper pousse le délire hippie a son paroxysme en proposant un récit souvent déconstruit, inégal techniquement, qui a des idées mais qui ne sait jamais quoi en faire (notamment sur le dernier acte qui tente de faire écho au premier). Bref, ça pue constamment l'impro (surtout dans la partie centrale, de très loin la plus pénible) et j'ai plus l'impression de voir des gens se pinter la gueule devant l'écran qu'a faire un film.

Pourtant s'il était tenu a une version western de La Nuit Américaine et que Tomas Milian ou Samuel Fuller avaient eu plus de présence a l'écran, le résultat m'aurait davantage plu. Après difficile d'en dire plus, tant le résultat est cryptique au possible.

3/10