Le Saint-George, bateau-espion britannique, sombre dans les eaux albanaises après avoir heurté une mine, engloutissant avec lui l'ATAC, système top secret de lancement de missiles. Les services secrets britanniques déclenchent une opération sous-marine discrète pour récupérer l'appareil. L'opération est conduite par un couple d'archéologues marins, Timothy et Iona Havelock. Mais le tueur cubain Hector Gonzales interrompt brutalement les recherches en assassinant le couple sous les yeux de sa fille Melina. James Bond entre alors en scène et s'en va enquêter.Après une purge sans nom (
Moonraker) retour sur terre avec un film plus... terre à terre. On a ici affaire à l'épisode le plus sérieux de la période Moore, et par voie de conséquence le meilleur.
L'intro nous donne justement le ton : Bond se recueille, l'air grave, sur la tombe de sa défunte femme Teresa (assassinée dans
Au Service Secret de sa Majesté). L'occasion aussi de se défaire enfin de Bofeld, jamais nommé, une bonne fois pour toute et de repartir sur des bases saines et solides.
Le reste du film sera dans cette veine. Exit donc l'humour gogol qui parasitait la saga jusqu'ici, place à plus de sobriété. Le grand méchant du film n'est donc pas un grand mégalo qui veut la destruction de l'humanité, juste une personne qui agit dans son propre intérêt. On sera d'ailleurs comme Bond à son propos : ignare quant à son identité plus de la moitié du film, le méchant n'étant pas forcément celui auquel on pense... De quoi donner du rythme et de l’intérêt au film avec des rebondissements inattendus.
Qui dit plus de sobriété dit aussi moins de gadget... Et ici, pas un seul! Grand changement car on sent Bond plus en danger que jamais. Plus en danger, mais également plus froid, grâce à une prestation de Roger Moore plus en retenue qui tranche avec les films précédents. Bond n'hésitera pas à tuer ici de sang froid (il suffit de voir son regard lorsqu'il pousse une voiture dans le vide avec à son bord un tueur à ses trousses pour s'en convaincre).
Notre héros, d'habitude au sang chaud lorsqu'il s'agit de femmes, ne cédera que très peu à la tentation. Il n'aura de relation avec la Bond Girl (une charmante et débutante Carole Bouquet, superbe en jeune femme avide de vengeance) qu'une fois sa mission accomplie. Il ira jusqu'a repousser les avances d'une femme qu'il jugera trop jeune pour lui, c'est dire.
Les décors naturels sont superbement mis en valeur dans une aventure qui nous fait voyager autour de la méditerranée jusqu'a un atypique monastère perché en hauteur qui tranche avec les bases secrètes vues jusqu'ici.
Niveau action, là encore on est plutôt bien servis, mention spéciale pour l'efficace poursuite à ski. La scène sous marine est par contre peu convaincante car trop lente et trop statique (elles étaient bien plus réussies dans
Opération Tonnerre et
L'espion qui m'aimait). Il en va de même avec les courses poursuites en voitures qui manquent un peu de punch, même si la 4L fait son petit effet.
Bref, la première incursion de John Glen aux commandes est plutôt une réussite. Il nous livre un Bond de bonne facture qui restera sans doute comme le meilleur Moore. Je surnote sans doute un poil mais après une décennie de disette, il est difficile de faire autrement. Dommage que la suite de soit pas de la même facture...